L’opposition municipale s’opposait vivement à la réduction des lieux de vote à Toulouse, craignant que celle-ci n’impacte les élections européennes. Pour la majorité, il n’en est rien, chiffres à l’appui.
« Vous n’avez rien anticipé », dénonce Aymeric Deheurles, membre du groupe d’opposition municipale Alternative municipaliste citoyenne (AMC), lors du conseil municipal qui se tient ce mercredi 26 juin. À l’origine de son accusation : la réduction du nombre de lieux de vote à Toulouse. Au mois d’août dernier, la Mairie a effectivement décidé, en concertation avec la préfecture de Haute-Garonne, que ces derniers allaient passer de 68 à 54, en privilégiant les gymnases et les salles polyvalentes, afin de simplifier l’organisation du scrutin. « Cela répond avant tout à un souci logistique. Comme Toulouse est la plus grande circonscription de France, du fait que Paris, Lyon et Marseille sont découpées en arrondissements, certains sites connaissaient une faible affluence et il convenait donc de rationaliser le flux des électeurs », expliquait dans le Journal Toulousain l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut qui avançait par ailleurs l’argument d’une « difficulté à trouver des assesseurs ». Une décision décriée par certains élus d’opposition qui voyaient là une manœuvre politique de la majorité municipale pour éloigner des urnes les électeurs des quartiers qui ne leur sont pas favorables. Selon Pierre Esplugas-Labatut, il s’agit « d’une polémique stérile ».
Et pour preuve, il « note, avec un peu de malice, que cela n’a pas empêché la gauche de faire un bon score à Toulouse ». Dans la Ville rose, c’est en effet la liste du Parti socialiste et de Place publique, menée par Raphaël Glucksmann, qui est arrivée en tête avec 21,38% des voix, suivie par celle de La France Insoumise (LFI), conduite par Manon Aubry avec 19,70% des suffrages. Et de répondre à Agathe Roby, coprésidente du groupe AMC, qui estimait, sur X (ex-Twitter) que la Mairie « organisait l’abstention » : « Le taux de participation est nettement en hausse à Toulouse pour les Européennes ». Et si l’on regarde la participation dans les bureaux déplacés, elle atteint les 57,32%, contre 54,46% aux élections européennes de 2019. Ce qui, selon, le groupe Aimer Toulouse, « contredit le discours tenu par l’opposition d’une manœuvre destinée à décourager les électeurs de se déplacer ».
Au-delà des chiffres, Aymeric Deheurles continue d’affirmer qu’il existe un problème d’accessibilité aux lieux de vote. « Le parking du petit Capitole (situé à Lardenne, NDLR) est dangereux pour les cyclistes et les piétons qui doivent circuler au milieu des voitures. Le fait d’avoir concentré dix bureaux de vote au même endroit permet sans doute de “rationaliser les coûts”, mais est une aberration totale au niveau de l’organisation des déplacements », estime l’élu d’opposition. Il juge également que les transports en commun n’ont pas été pris en compte par la majorité pour le déplacement des électeurs jusqu’à leur lieu de vote, notamment pour ceux des Pradettes. « Vous avez osé dire aux gens : “Ne vous inquiétez pas, tout est prévu, vous pouvez utiliser le tramway ou le bus”. Mais proposer cela, c’est soit prendre les gens pour des perdreaux de l’année, soit n’avoir en aucune façon réfléchi à l’absurdité totale de ce qui est proposé. En effet, le tramway ne passe ni aux Pradettes ni à Lardenne, et il n’y a aucun trajet direct en bus. On doit donc passer par les Arènes, ce qui triple la distance et augmente considérablement le temps de trajet », explique-t-il.
Et pourtant, Sacha Briand, adjoint au maire de Toulouse chargé notamment des élections et du recensement, assurait, dans un mail adressé au groupe Alternative municipaliste citoyenne le mercredi 5 juin dernier, que « les nouveaux lieux de vote ont fait l’objet d’une visite sur site permettant de s’assurer de la faisabilité, de l’accessibilité et des modalités d’accès pratiques (accès réseaux de transport en commun, place de parking etc.) ». Et Aymeric Deheurles de déclarer sur le ton de l’ironie : « Les élections européennes ont depuis eu lieu, et force est de constater que tout s’est parfaitement bien passé, et que nos critiques étaient infondées. Veuillez donc recevoir toutes nos excuses. Voilà la phrase que j’aurais aimée pouvoir dire ». Mais, il n’en sera rien puisque l’élu d’opposition dit avoir reçu de nombreuses plaintes de la part des électeurs.
Si la majorité municipale rejette en bloc les accusations de l’opposition, elle promet toutefois qu’elle va « essayer de faire mieux pour les prochaines élections », comme l’a garanti Nicolas Misiak, conseiller municipal et coprésident d’Aimer Toulouse, lors d’une conférence de presse. Prochaines élections qui auront donc lieu ce dimanche 30 juin avec le premier tour des Législatives anticipées.
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