Face aux récents immeubles en péril, la Ville de Toulouse a décidé de renforcer sa surveillance. Elle va enclencher de nouvelles actions afin d’identifier les immeubles menaçants.
L’effondrement de l’immeuble du 4 rue Saint-Rome à Toulouse, survenu dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 mars, a déclenché une vague d’inquiétudes. « Allô Toulouse a recensé jusqu’à 150 signalements par jour pour des immeubles en péril après l’effondrement », indique Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse. De nombreux appels qui vont indéniablement faire gonfler le nombre de signalements cette année. « Dans le détail, 164 ont été faits en 2021, 118 en 2022 et 156 en 2023 », précise l’élu. Mais ils n’ont donné lieu qu’à 54 procédures.
« Bien évidemment, les propriétaires ou locataires qui nous alertent ne savent pas si telle fissure ou tel craquement est grave ou non. Heureusement, la plupart du temps, ça ne l’est pas. Ce n’est donc que dans une minorité des cas que nous déclenchons une procédure », souligne Jean-Luc Moudenc. Ce qui avait été le cas pour l’immeuble du 4 rue Saint-Rome « pour lequel une enquête est en cours afin de connaître la cause de son effondrement », informe l’élu. Un effondrement qui a conduit à l’évacuation d’un autre bâtiment, celui situé au 1 rue des Puits Clos.
Ce dernier, a effectivement été vidé de ses occupants ce dimanche 10 mars. Sa structure s’est retrouvée fragilisée après l’effondrement de l’immeuble du 4 rue Saint-Rome. « Nous sommes en attente du rapport d’expertise. Pour le moment, nous maintenons le périmètre de sécurité. Et en ce qui concerne les 20 commerces fermés, nous ne sommes pas en capacité de donner de date de réouverture », annonce le maire qui déplore le fait que le bâtiment du 1 rue des Puits Clos, surveillé par la Ville depuis plusieurs années, soit sous le coup « d’une triple peine ». Il explique : « Cela n’a pas été facile pour les prioritaires qui ont dû se mettre d’accord avec les autorités du patrimoine sur le programme des travaux », puis « le syndic, qui leur a été commis d’office; n’a aucun moyen financier », et enfin, « l’état de leur immeuble a été aggravé par l’effet de souffle provoqué par l’effondrement ».
En plus du 4 rue Saint-Rome et du 1 rue des Puits Clos, un troisième bâtiment situé au 2 bis, place Belfort, a été évacué ce samedi 16 mars après qu’une fissure dans une cage d’escalier de la cour intérieure de l’immeuble ait été signalée. « Un rapport d’expertise nous a été transmis. Il préconise la sécurisation de l’escalier qui a causé l’alerte. Le propriétaire est diligent. Il va commander les travaux et les programmer. Nous pensons qu’ils seront terminés à la fin de la semaine. En attendant, nous maintenons le périmètre de sécurité », déclare Jean-Luc Moudenc qui précise que ces trois bâtiments ne faisait pas partie des 301 immeubles en mauvais état ou insalubres recensés à Toulouse.
Le maire espère que « tous ces événements permettront une prise de conscience ». Auquel cas, la Ville de Toulouse saura faire une piqûre de rappel. « En plus d’envoyer des courriers aux gestionnaires de copropriétés et aux syndics pour les inciter à réaliser des diagnostics structurels, je pense qu’il faut aussi renforcer l’information après des notaires, agents immobiliers et locataires pour que tout le monde soit mobilisé », estime le maire qui annonce également l’acquisition d’un logiciel de surveillance par satellite, la création d’un observatoire du bâti toulousain, le renfort des équipes municipales et la formation des agents de voie publique afin d’identifier et de cartographier les immeubles menaçants.
Il attend par ailleurs de pied ferme la promulgation de la loi relative à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé qui va être prochainement examinée. « Elle va nous donner des outils nouveaux, comme un motif d’expropriation pour cause d’utilité publique à l’endroit des propriétaires de logements frappés d’un arrêté de péril ou d’insalubrité. Cette loi nous donnera aussi la possibilité de délimiter des secteurs d’habitat dégradé dans lesquels les propriétaires d’immeubles ayant plus de 15 ans d’âge seraient obligés de réaliser un diagnostic structurel à leurs frais », prévient Jean-Luc Moudenc qui avise d’ailleurs de l’entrée en vigueur en 2025 du Plan de sauvegarde et de mise en valeur, qui s’appliquera sur 256 hectares du cœur historique de la ville et rendra obligatoire l’expertise structurelle en cas de travaux intérieurs ou dans les parties communes.
Commentaires
Thomas le 11/12/2024 à 10:40
Sacrée problématique