Alors que le Toulouse Olympique XIII (TO XIII) est en proie à de grandes difficultés financières et que sa pérennité est remise en cause, la Mairie de Toulouse vient de voter en conseil municipal une subvention exceptionnelle de 110 000 euros pour sauver le club. Mais des élus d’opposition s’inquiètent d’une iniquité entre clubs, entre sports et des conditions d’attribution de cette somme. Ils s’interrogent également sur la provenance de cette aide…
Le club toulousain de rugby à XIII, le Toulouse Olympique XIII, est en proie à de grandes difficultés financières, alors que son président emblématique Bernard Sarrazain s’apprête à passer la main. En effet, les treizistes de la Ville rose s’étaient hissés en Super League en 2022, mais les résultats sportifs ne leur ont pas permis de s’y maintenir. À l’amorce de la saison 2023, le club affichait un déficit de 500 000 €. Dette qui a été réduite à 300 000 € suite à une augmentation de capital réalisée par le nouveau pool de dirigeants. Pour combler le trou restant, le TO XIII a sollicité une aide des collectivités, à savoir la Région, le Département et la Mairie de Toulouse.
Cette dernière a répondu positivement à l’appel de Bernard Sarrazain, en proposant ce vendredi 29 septembre, en conseil municipal, une subvention exceptionnelle de 110 000 €. Et, au vu de l’urgence de la situation, la Mairie dérogera à la règle, en versant cette aide en une seule fois, dès la délibération votée. En temps normal, les financements de plus de 5 000 € étant effectués en deux parties, 80% après le conseil municipal et 20% à la fin de la saison, après vérification de la bonne utilisation des fonds. « Dans ce dossier, la seule condition formulée n’est pourtant que la participation des deux autres collectivités », note Maxime Le Texier, du groupe Alternative Municipaliste Citoyenne (AMC).
L’élu d’opposition s’interroge en effet quant au montant de cette subvention. « D’autant que nous avons déjà beaucoup aidé le club et son école de rugby. Nous avions mis la main à la poche l’année dernière », rappelle-t-il. En effet, lors du conseil municipal du 9 novembre 2022, il avait été voté une subvention annuelle de fonctionnement de 322 500 €, et déjà une prime exceptionnelle de 70 000 €. Aujourd’hui, cette rallonge de 110 000 € fait donc tiquer Maxime Le Texier. « Autant d’argent qui va manquer aux petits clubs amateurs dont les bénévoles sont exemplaires et qui bricolent souvent avec des bouts de ficelle pour que nos enfants puissent faire du sport tous les week-ends. Ils espèrent une centaine d’euros pour acheter des ballons et du matériel. Argent qui manquerait à cause du TO ? » se questionne-t-il.
Affirmation immédiatement rectifiée par Laurence Arribagé, adjointe au maire, en charge des politiques sportives : « Le montant voté ne sera pas déduit de l’enveloppe des subventions aux plus petits clubs ou aux associations sportives. Il s’agit d’un effort supplémentaire sans priver aucune autre structure pour cela. » L’élue de la majorité justifie alors cette enveloppe par des dépenses prévues dans le budget sport, qui n’ont finalement pas été débloquées : « Par exemple, le Toulouse Capitole Perche n’a pas eu lieu cette année, il était pourtant budgétisé. » Une somme qui aurait donc été re-fléchée vers le TO XIII.
Outre la somme importante à verser, Maxime Le Texier dénonce la gestion du TO XIII, « que votre propre majorité a remise en cause », lance-t-il en direction de Laurence Arribagé. Selon lui, la situation financière du club est due à « la perte des droits TV de la Superleague (1,5 million d’euros) suite à sa rétrogradation en Championship, à des choix discutables dans le recrutement à prix d’or de joueurs étrangers, et à des conflits internes qu’il n’a pas su gérer ». Alors, l’élu regrette qu’aucune condition ne soit imposée au club de rugby à XIII pour l’obtention de cette subvention. « Pendant la Covid, le Stade Toulousain avait dû réduire le salaire de ses joueurs pour débloquer une aide des collectivités », se souvient-il.
Pour la majorité, qui s’assurera « de la gestion plus saine des finances du club et du changement de certaines pratiques », l’heure n’est plus aux prérequis mais à la sauvegarde du TO XIII, club historique de Toulouse (création en 1937), qui a la particularité d’évoluer dans les championnats anglais pour rester dans le haut niveau. Une spécificité qui permet à Toulouse de rayonner à l’international et d’accueillir des supporters d’outre-Manche tous les 15 jours, « avec les retombées économiques qui vont avec », précise Laurence Arribagé. D’autant que le club est en demi-finale ce samedi 7 octobre, pour une place en finale, et pourquoi pas la remontée en Super League…
« Et quel est le message envoyé aux autres gros clubs de la ville moins connus comme ceux du basket, du volley ou du hand, qui eux font appel au vivier local de joueurs quand le TO XIII se repose beaucoup, beaucoup, sur un recrutement étranger ? » se demande Maxime Le Texier, qui a l’impression « d’un renvoi d’ascenseur plus qu’à une négociation ». « D’autant plus quand on connaît les relations particulières de la majorité avec le club », laisse-t-il en suspens. Cette dernière allusion écartée, l’adjointe au sport défend la dimension formatrice du club, en citant l’exemple de Justin Sangaré. Désormais licencié à Leeds (Angleterre), cet international français, qui a grandi à Bagatelle, a été formé à Toulouse, au TO, après avoir découvert le rugby à XIII à l’école, lors d’une initiation animée par le Toulouse Olympique. « Une belle histoire de réussite et d’ascension professionnelle qui ne pourra pas se reproduire si le club disparait », commente Laurence Arribagé.
Perspective qui semble s’éloigner puisque la subvention de 110 000 € a été votée par la majorité et une partie de l’opposition. Seul le groupe Alternative Municipaliste Citoyenne s’est abstenu, au regard des réserves émises par Maxime Le Texier.
Commentaires