Le préfet de la Haute-Garonne a présenté, ce vendredi 27 septembre, les résultats de l’étude sur les nuisances sonores générées par l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Quatre scénarios de restrictions des vols nocturnes ont été examinés, mais un seul a été retenu. Alors que les riverains attendent des mesures strictes, l’aéroport craint des répercussions économiques.
Les résultats de l’étude d’impact des nuisances sonores liées à l’aéroport de Toulouse-Blagnac ont été présentés ce vendredi 27 septembre par le préfet de la Haute-Garonne. Très attendue par le collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) et par l’aéroport de Toulouse-Blagnac, elle a révélé les différents défis que représentait la réduction du bruit nocturne et les exigences socio-économiques du territoire. Quatre scénarios de restrictions ont ainsi été examinés, chacun présentant des compromis distincts. Mais un seul a été retenu par la préfecture.
Le scénario 1, le moins restrictif, se concentre sur une programmation limitée des vols nocturnes dans une moindre mesure. Cependant, ses conditions ne pourraient aboutir à une baisse notable des nuisances sonores selon la préfecture. À l’inverse, les scénarii 3 et 4 impliquent des restrictions plus sévères qui permettraient de respecter largement les objectifs acoustiques, mais au prix de conséquences socio-économiques jugées insoutenables. La préfecture souligne : « Les retenir nierait le concept d’approche équilibrée et les exposerait à une censure par les instances européennes ou par le juge au motif d’une réglementation jugée trop restrictive. »
Il reste alors le scénario 2. Ce dernier préconise « l’interdiction de programmation des départs à partir de 23h, puis une interdiction de décollage à partir de minuit et une interdiction de programmation des arrivées après 23h30. » Bien qu’il tente de concilier plusieurs intérêts, il ne garantit pas une maîtrise totale du trafic nocturne, notamment entre minuit et six heures.
C’est pourquoi, le préfet a introduit une variante appelée “scénario 2 sécurisé” qu’il va proposer au gouvernement. Celle-ci ajoute un système de quotas annuels limitant à 400 le nombre de vols autorisés à atterrir à l’aéroport de Toulouse-Blagnac entre minuit et six heures, principalement en cas de retard, des vols dits “débordants”. Ce dispositif vise à « garantir la maîtrise du nombre d’arrivées sur cette période (00h-06h) » tout en permettant une flexibilité pour les compagnies aériennes. En 2023, environ 590 vols débordants ont été enregistrés durant l’été, et 113 sur la période hivernale entre 2023-2024. L’aéroport devra donc travailler encore à diminuer ces exceptions nocturnes.
De son côté, l’aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) a rapidement réagi en exprimant des inquiétudes concernant les conséquences des restrictions envisagées. Philippe Crébassa, président du directoire d’ATB, a déclaré : « Nous aurons besoin de temps pour analyser les impacts tels qu’évalués dans cette étude. Toutefois, nous pouvons déjà dire à ce stade que ce scénario entraînerait inévitablement des conséquences sur les capacités de l’aéroport et donc sur son attractivité pour les compagnies aériennes. »
Il a également assuré travailler sur les nuisances sonores au quotidien et en voit déjà des résultats : « L’engagement de la communauté aérienne fait ses preuves. Entre le début de l’année 2024 et la fin août, le nombre total de vols en cœur de nuit et le nombre de vols basculants ont respectivement diminué de 25% et de 30% (atterrissages et décollages) par rapport à 2023. »
Enfin, mobilisé contre les nuisances sonores, le CCNAAT a, lui aussi, réagi aux résultats de l’étude d’impact. Il a ainsi exprimé sa déception face au scénario retenu : « Il n’y aura pas de plage de repos à la différence de Nantes, Bâle-Mulhouse, Strasbourg, Beauvais, Orly ou Francfort, cruelle déception ! »
Dans tous les cas, avant son entrée en vigueur, l’arrêté interministériel définissant les restrictions devra être soumis à une consultation publique, ainsi qu’à l’avis de la Commission consultative de l’environnement (CCE) et de l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA). Ce processus, prévu sur environ six mois, devrait aboutir à une mise en application des mesures fin 2025. La Commission européenne pourrait également rendre un avis sur cette décision dans un délai de trois mois.
Commentaires