L’A69 se dessine dans le paysage tarnais malgré les contestations, et une locataire faisant de la résistance dans une maison de Verfeil, située sur le tracé de l’autoroute. Le concessionnaire du chantier autoroutier, Atosca, reste concentré sur le respect du calendrier et de la livraison de la liaison entre Toulouse et Castres, pour autant, ce terrain est au cœur des tensions.
Le chantier de l’autoroute A69, reliant Toulouse à Castres, progresse avec l’objectif d’une mise en service prévue pour fin 2025. Toutefois, l’acquisition des terrains nécessaires n’est pas sans heurts, notamment à Verfeil, où une locataire résiste. La société Atosca, en charge du projet, explique avoir déjà acquis le bien immobilier en 2023. Cependant, la locataire refuse de quitter les lieux, malgré plusieurs tentatives de relogement proposées par l’entreprise.
Atosca rappelle d’abord que « les emprises nécessaires pour les travaux [leur] appartiennent ». Le concessionnaire a formulé deux propositions au cours de l’été : 20 000 euros d’indemnités ou un relogement temporaire à Montcabrier, dans « une maison tout à fait convenable, proche de la Nationale, à la campagne, où elle pourra vivre avec ses animaux », le tout « à l’amiable », comme l’assure Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca. Mais l’habitante les a refusées. Atosca prévoit aujourd’hui de lui proposer un « bail sur le long terme ». Le directeur précise : « Même si elle refuse, nous voulons rester dans cet échange à l’amiable. Nous restons ouverts à toutes discussions ».
Le collectif “La Voie est Libre”, opposé au projet de l’autoroute A69, apporte une vision bien différente de la situation. Selon eux, « Alexandra, jeune maman, subit des pressions depuis des mois de la part du concessionnaire Atosca pour quitter sa maison ». Le collectif remet d’ailleurs en question la sincérité des offres : « À notre connaissance, la proposition d’Atosca n’a pas fait l’objet d’un écrit formel ». Les membres de “La Voie est Libre” critiquent également la qualité du logement proposé par le concessionnaire : « Cette maison avait déjà fait l’objet d’une expropriation car elle est “coincée entre la Nationale et l’autoroute” et promettait de “vivre un enfer” selon les dires de son dernier occupant ».
Parallèlement, les opposants au projet autoroutier dénoncent les violences que subit l’habitante de la maison de la part d’un groupuscule masqué, sans pour autant accuser Atosca : « Dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 août, des individus ont enflammé des arbres de son jardin. L’intervention des militants présents et des pompiers a évité le pire. Alexandra a ensuite porté plainte, et la gendarmerie a requalifié les faits de “tentative de meurtre”. »
Ils poursuivent : « Ce dimanche 1er septembre vers 7h, quatre personnes cagoulées se sont introduites dans la propriété, et y ont mis le feu à l’aide de produits incendiaires de toute sorte. Après avoir enflammé la voiture de l’habitante, ils ont tenté de mettre le feu à la maison. » Le collectif termine : « La concomitance de cette action criminelle avec les abattages d’arbres qui ont eu lieu cette nuit à proximité de ce lieu, nous questionne. »
La préfecture de la Haute-Garonne, de son côté, vient confirmer les propos d’Atosca et assure que toutes les procédures légales ont été respectées. Selon les services de l’État, deux propositions de relogement ont été formalisées à la locataire, conformément aux obligations légales. Elles détaillent : « Dès lors, selon les dispositions du code de l’expropriation, l’autorité expropriante (Atosca, dans le cas présent) est tenue de proposer au moins deux offres de logements sociaux à la locataire. Après avoir récolté les éléments nécessaires, la société concessionnaire a transmis une demande de logement social, dans un secteur choisi par la locataire. »
La préfecture rappelle que ces offres ont été officiellement transmises par huissier le jeudi 29 août dernier, et que la locataire a désormais un délai de deux mois pour répondre : « Une non-réponse dans le délai vaut acceptation selon la loi ». En cas de refus, l’affaire sera portée devant le juge de l’expropriation, qui statuera sur la conformité des propositions de relogement.
Commentaires