Chômage élevé, pauvreté structurelle et recours aux minima sociaux : une étude de l’Insee dresse un tableau de la précarité en Occitanie. L’institut pointe des vulnérabilités, particulièrement dans les départements du littoral.
L’Occitanie, troisième région de France en nombre d’habitants, connaît une forte croissance démographique. Toulouse, sa capitale régionale, qui monte sur le podium des villes les plus peuplées du pays, en est l’illustration parfaite. Toutefois, « ce dynamisme s’accompagne d’une précarité marquée dans certains territoires de la région », souligne l’Insee dans son dossier “Une approche de la précarité en Occitanie”, publié en juin dernier.
La région affichait le deuxième taux de chômage le plus élevé en métropole, avec 8,9% de sa population sans activité, contre 7,5% dans le reste du pays. Elle est désormais en première position. Ce déficit d’emplois nourrit directement la pauvreté : 17,5% des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2021 (dernier chiffre publié par l’Insee), ce qui place l’Occitanie au 3ᵉ rang des régions de France métropolitaine les plus pauvres, après la Corse et les Hauts-de-France, selon l’institut.
Les minima sociaux représentent un filet de sécurité essentiel pour les habitants fragilisés. L’Insee note que la part de la population couverte par ces aides est plus élevée que dans le reste de la France métropolitaine. Le revenu de solidarité active (RSA) est le dispositif le plus répandu : 192 000 foyers y recourent fin 2023, couvrant 384 000 personnes, soit 8,2% des moins de 65 ans, un écart de 1,7 point avec la moyenne nationale.
L’allocation aux adultes handicapés (AAH), deuxième dispositif en nombre d’allocataires, profite à 225 000 personnes, en comptant l’ensemble du foyer. Là encore, il y a proportionnellement plus de bénéficiaires en Occitanie que dans le reste du pays. D’ailleurs, le nombre d’allocataires progresse de 5,7% en 2023, une « nette hausse » que l’Insee relie à la « déconjugalisation », supprimant les revenus du conjoint du calcul des droits.
Aussi, 27 000 personnes perçoivent l’allocation de solidarité spécifique (ASS), destinée aux chômeurs en fin de droits. Enfin, le minimum vieillesse concerne 84 000 personnes, soit 5,8% des 65 ans et plus. Les bénéficiaires sont majoritairement des femmes, en raison de pensions de retraite plus faibles et d’une espérance de vie plus longue.
Pour 497 000 foyers, les aides sociales ne suffisent pas à dépasser le seuil de bas revenus. Selon l’Insee, cela concerne 22,6% des moins de 65 ans en Occitanie. Cette précarité financière est particulièrement présente dans l’arrière-pays méditerranéen, où la dépendance aux prestations atteint des niveaux élevés.
Pour les travailleurs aux revenus modestes, il existe la prime d’activité. Elle est perçue par 488 000 personnes, couvrant ainsi 19,4% des moins de 65 ans. Malgré une légère baisse du nombre de bénéficiaires en 2023, elle reste un soutien essentiel pour les travailleurs précaires, notamment les femmes, souvent à temps partiel.
Certains habitants ont recours à des aides ciblées pour pallier leurs difficultés. L’Occitanie compte ainsi 638 000 ménages bénéficiaires d’aides au logement. Il profite à 1,2 million de personnes, soit 19% de la population. Ces aides sont particulièrement sollicitées en milieu urbain, où la proportion de locataires est plus importante.
Aussi, la complémentaire santé solidaire (ex-CMU) couvre près de 755 000 habitants fin 2023, soit 12,9% de la population ayant reçu un remboursement de soin. Cette aide facilite l’accès aux soins sans reste à charge et illustre la fragilité de nombreux ménages face aux dépenses de santé.
Le dossier publié par l’Insee révèle aussi une pression accrue sur l’hébergement d’urgence. En 2023, 37 000 personnes ont sollicité le 115, service d’appel d’urgence pour les sans-abri ou personnes en habitat précaire. « Presque deux tiers des personnes sollicitant le 115 déclarent avoir dormi dans la rue la veille de leur premier appel », indique l’Insee.
Les ménages avec enfants sont particulièrement nombreux à solliciter ce service en Haute-Garonne et dans l’Hérault. Mais ce dispositif concerne principalement de jeunes adultes et des hommes, souvent sans solution de logement stable.
La précarité n’est pas uniformément répartie en Occitanie. Les départements du pourtour méditerranéen, comme l’Hérault, le Gard ou les Pyrénées-Orientales, concentrent une part importante des allocataires de minima sociaux et des bénéficiaires de la prime d’activité. Ces zones affichent également des taux de chômage parmi les plus élevés de France.
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