Traditions anciennes ou inventions de toutes pièces, les villages d’Occitanie font parfois preuve d’inventivité pour attirer les visiteurs. À Limoux, dans l’Aude, un carnaval unique en son genre anime la ville pendant plus de deux mois.
De janvier à début avril, chaque samedi, chaque dimanche, et bien sûr le mardi gras, les rues de Limoux, commune de 10 000 habitants, s’animent au rythme d’un carnaval aussi singulier que méconnu. Sous les arcades médiévales de la place de la République, musiciens et personnages masqués donnent vie à un spectacle vivant, coloré et atypique.
Ce carnaval, dont les origines remontent au début du XVIIᵉ siècle, se distingue par sa durée exceptionnelle : plus de deux mois de festivités rythmées par des sorties chaque week-end.
Le carnaval de Limoux a son propre lexique et ses personnages emblématiques. Au cœur de la tradition se trouvent les “Fécos”, membres des bandes, ces groupes organisés qui assurent des prestations costumées selon un planning bien établi. Cette année, 32 bandes se sont relayées, chacune sortant trois fois par jour : à 11 heures, 16h30 et 22 heures.
Lors de ces sorties, les carnavaliers revêtent l’habit traditionnel du “pierrot limouxin” : une ample tunique brodée, souvent pastel ou vivement colorée, surmontée d’un masque blanc énigmatique. Chaque détail compte dans cette mise en scène millimétrée, entre élégance, facétie et rituel.
Mais au milieu de cette chorégraphie codifiée apparaissent les “Goudils” : silhouettes masquées et débridées, déguisées en tout et n’importe quoi. Nobles grotesques, policiers burlesques, animaux farfelus ou caricatures de l’actualité, ces figures déambulent en toute liberté, improvisent, interpellent et provoquent le rire ou la surprise.
Face à eux, les “Badauds”, des passants curieux, visiteurs ou habitués, ne restent jamais des spectateurs passifs. Taquinés, moqués avec bienveillance, ils deviennent malgré eux acteurs de cette grande comédie populaire.
Ici, le carnaval ne se regarde pas, il se vit. Les cafés de la place deviennent les coulisses du spectacle. Les musiciens jouent à quelques mètres du public, et les échanges sont empreints de spontanéité. Loin du folklore figé, la ville perpétue un art vivant, enraciné et libre.
Au carnaval de Limoux, il n’y a pas de chars géants ni de feux d’artifice. Ici, tout repose sur la musique, les scènes improvisées et l’humour des différentes situations. D’ailleurs, chaque bande a ses rituels et ses codes. La tradition se transmet oralement, de génération en génération.
Fort de ses quatre siècles d’existence, de son originalité et de son enracinement local, le carnaval limouxin pourrait bientôt viser une reconnaissance internationale. Le comité organisateur envisage des démarches pour inscrire cette tradition au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Emma Guillaume
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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