« Marions-les, marions-les, je crois qu’ils se ressemblent/ Marions-les, marions-les, ils seront très heureux ensemble… » Sylvain Bergonhe connaît-il la chanson de Juliette Gréco? Elle s’applique parfaitement à l’établissement dans lequel il officie à Collioure. Chez Syl Vins, l’art et le vin font le meilleur des ménages.
Le premier peut se consommer sans modération. Le deuxième exige une certaine tempérance. Mais l’art et le vin se ressemblent comme des frères : fruits du meilleur de l’homme, ils offrent des plaisirs divins. Sylvain Bergonhe a eu la bonne idée de les rassembler dans sa cave et bar à vin où de nombreuses œuvres artistiques côtoient d’alléchantes bouteilles : « Je voulais faire des études supérieures dans l’art mais ma mère préférait un domaine plus sûr professionnellement. J’ai mis cette passion de côté et je me suis dirigé vers la restauration. » Sylvain Bergonhe ne fait rien à moitié. Muni d’un BTS mention sommellerie, il enchaîne les stages puis les emplois dans des maisons aussi prestigieuses que celles de Michel Bras, de Marc Veyrat ou encore de Gilles Goujon. « Cela a duré une dizaine d’années. En tant que chef sommelier trois étoiles, je ne pouvais pas aller plus loin et j’ai eu envie de marier le vin à l’art, mon autre passion », relate-t-il.
Direction Collioure, découvert grâce à une amie. « Je suis aussitôt tombé sous le charme. Le village est un concentré d’artistes qui ne se contentent pas de venir exposer : tout se crée ici. » Sa création à lui s’intitule Chez Syl Vins. Tout à la fois cave, bar à vin et galerie, ce petit paradis propose, pour le plaisir des papilles, 500 références d’un éclectisme revendiqué : « Mon idée de base était de satisfaire tous les goûts à tous les prix, en préservant évidemment la qualité. On trouvera chez moi un cubi à 30 euros les dix litres mais on peut aussi me commander un Petrus de 1920. »
« Mon idée de base était de satisfaire tous les goûts à tous les prix »
Pour se décider, autant faire confiance au professionnel. « Je conseille en ce moment ce que je considère comme le romanée-conti de Collioure : le Divay de Léah Anglès, un 100 % grenache noir de Cosprons. Ou encore le saint-chinian du domaine Les Éminades, cuvée “Vieilles Canailles”. » Le choix sera tout aussi cornélien face aux œuvres de la vingtaine d’artistes exposés. Tableaux de Vilacèque, de Ben Aslam, de Pitu, de Caroline Cavalier… Clochers de Collioure en métal de Guillaume Andreu… Sacs et cartes postales de la styliste Axelle Teixeira… La plupart de ces œuvres traitent, comment s’en étonner, du thème du vin. Aristote lui-même aurait beaucoup apprécié. « L’art et le vin sont les joies supérieures des hommes libres », affirmait le philosophe. Un précurseur de Sylvain Bergonhe?
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