À Toulouse, l’École d’ingénieurs de Purpan, qui forme déjà à plus de 400 métiers des secteurs agricole et agroalimentaire, s’apprête à lancer un master spécialisé entièrement consacré au luxe durable. Rencontre avec la porteuse de ce nouveau cursus, Éléonore Verfaillie.
Quel postulat de départ vous a conduit à la création du master spécialisé Future French Luxury, dédié au luxe responsable dans le monde agricole et agroalimentaire ?
De nombreuses formations autour du luxe existent, mais elles sont essentiellement dirigées vers le service ou vers les managers diplômés d’écoles de commerce. Dans une perspective de développement durable, il faut aller vers l’amont. C’est de là que le changement démarre. Ensuite seulement, on communique avec l’aval. C’est ainsi que l’on évite le greenwashing. Prendre en compte les filières de A à Z a toujours été dans l’ADN de l’École d’ingénieurs de Purpan.
Comment se déroule le cursus ?
Ce master spécialisé, en cours d’accréditation par la Conférence des grandes écoles, est accessible à tous les diplômés d’un niveau bac+5 ou au titulaires d’un bac+3 justifiant d’au moins trois ans d’expérience professionnelle. Il se déroule en six mois de cours intensifs, partagés entre technique et marketing, et axés autour de quatre grands axes : le développement durable, la compréhension de l’amont de la production et du luxe, la conduite du changement, et les nouvelles filières. Cet enseignement est découpé en une série de modules thématiques, dans lesquels chaque étudiant viendra puiser les ressources dont il a besoin. Cette partie théorique est complétée par des masterclass dispensées par des professionnels et des voyages d’études, par exemple dans les boutiques de luxe parisiennes ou dans les chais bordelais. S’en suivent six mois de stage et six mois de mentorat. Avec pour objectif d’atteindre un taux d’employabilité de 100 %, comme dans nos autres cursus.
Qu’est ce que le luxe selon vous ?
Le luxe vient de la consommation ostentatoire issue de la cour de Louis XIV. Mais le terme freine car il a été dévoyé. On pense aux paillettes avant de penser à l’excellence. Pourtant, le luxe est avant tout une expérience d’exception. Cette valeur supplémentaire que certaines entreprises arrivent à créer est une histoire de perception. Pour nous, le Roquefort n’est pas un produit de luxe. Ailleurs dans le monde, il l’est du fait de sa rareté. À ce propos, il est d’ailleurs intéressant de noter que le luxe “authentique”, qui offre une véritable valeur sociétale, culturelle et patrimoniale, a encore mieux traversé la crise que le luxe traditionnel. L’une des explications vient de la clientèle. Il existera toujours une certaine barrière du prix, mais même les plus petits portefeuilles font aujourd’hui évoluer leurs modes de consommation en préférant des achats plus occasionnels mais choisis.
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