Rattachée à la commune de Prévenchères, au sud de la Lozère, La Garde-Guérin n’a pas son pareil. Ce plus beau village de France est un ancien castrum tenu par des chevaliers dont le devoir était de protéger les convois qui empruntaient le chemin de Régordane.
La Garde-Guérin envoûte. Fouler ses ruelles pavées, longer ses façades à l’architecture toute regordienne et contempler les fenêtres à meneau renvoie en plein Moyen-Âge. L’église Saint-Michel et la majorité des maisons de ce village, élu parmi les plus beaux de France, sont désormais classés au titre des Monuments historiques. De même que les imposants murs de l’ancien château et la tour de guet qui surveille toujours les profondes gorges du Chassezac. Un point de vue stratégique à 900 mètres d’altitude, au cœur du Gévaudan.
Ce castrum fut construit là au XIIe siècle, au sud de la Lozère, pour une raison bien précise : protéger les convois cheminant sur la Régordane, voie historique de plus de 200 kilomètres reliant le Massif central à la Méditerranée. À l’origine draille de transhumance, elle fut empruntée à travers les siècles par les commerçants, les pèlerins et les croisés.
À la porte Nord, le guide de l’association Garde, qui protège le patrimoine local, demande d’imaginer, au milieu d’un champ, l’ancienne place où se tenaient les foires mais aussi des fossés et des fortifications. Ici vivait la communauté des seigneurs pariers de La Garde-Guérin en Gévaudan. Du latin pares (semblables), car ils étaient égaux en droit et en devoir. Chacun possédait une maison, souvent avec un puits et un jardin. Ce qui leur permettait de tenir un siège.
En échange de sa protection, la coseigneurie prélevait moult taxes. Des plus classiques, comme le péage et le cartelage (pesée et mesure des denrées), aux plus surprenantes, dont le droit de pulvérage pour la gêne provoquée par la poussière soulevée par les charrettes. Sans oublier la taxe de guidage, car le rôle des chevaliers était d’accompagner voyageurs, animaux et marchandises sur le tronçon qui leur appartenait entre Villefort et La Bastide. Soit vingt-quatre kilomètres «réputés difficiles désolés et dangereux », rappelle l’association Garde. Dans la deuxième partie du XVIe, la famille Molette de Morangiès racheta l’ensemble des paréries. La Guerre de Cent ans et les guerres de Religion auront raison du village. Le château servit un temps de carrière, avant une restauration entamée dans les années 1930.
L’ancienne place forte est désormais un lieu touristique. Avec, comme point de ralliement, le Comptoir de la Régordane, coopérative proposant des produits du terroir et des créations artisanales locales. Une bonne adresse pour déjeuner au soleil au pied de la muraille du château. Ne pas hésiter non plus à pousser la porte de l’Auberge de la Régordane, demeure seigneuriale du XVIe siècle, transformée en un hôtel de charme. Le lieu fut un temps l’épicerie et le café du village. Les repas sont pris devant l’immense cheminée et les chambres desservies par un superbe escalier de pierre qui s’enroule dans une tour.
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