Pour aller plus loin, la rédaction met en lumière des initiatives sur le thème de la semaine. Médecine, énergie, écologie… Découvrez les super-pouvoirs des excréments.
Pour la deuxième fois de son histoire, le CHU de Toulouse a été le théâtre d’une greffe très particulière : la transplantation de microbiote fécal. Son équipe médicale, constituée notamment de la gastroentérologue Alice Rondou, du professeur Laurent Alric, chef du service de médecine interne-pôle digestif, et de la pharmacienne Véronique Duhalde, est une des rares en France à pratiquer cette opération.
Le microbiote fécal regroupe tous les micro-organismes qui se trouvent dans le tube digestif. Malsain, il est impliqué dans certaines maladies du foie, des pathologies métaboliques telle l’obésité, ou des déséquilibres intestinaux plus ou moins graves. Selon l’Inserm, il joue un rôle dans les fonctions digestives bien sûr, mais aussi métaboliques, immunitaires et neurologiques.
À Toulouse, deux patients ont été admis à l’hôpital suite à une infection digestive appelée “Clostridium difficile”. Pour en venir à bout, « des antibiotiques ont été administrés, mais ces derniers ont entretenu le dérèglement de la flore intestinale et provoqué de nouvelles infections », constate le Pr Alric. La greffe de microbiote fécal évite cet enchaînement de complications et éradique l’infection dans 80 % des cas.
Une avancée de la médecine qui même si elle est peu ragoutante, représente un espoir pour certains malades. Car, comme le rappellent les médecins, « tout le corps est impacté lors d’un dérèglement du microbiote. »
Qu’il s’agisse de concerts, de festivals, de salons, d’événements publics ou de soirées privées, la présence de commodités est obligatoire. Mais souvent, leur installation et surtout leur système d’évacuation posent problème. Les toilettes sèches sont une solution, écologique qui plus est. De plus en plus d’organisateurs de manifestations culturelles de la région font désormais appel aux services d’entreprises spécialisées dans la location de ces WC nouvelle génération. Parmi elles, Ecopons dont les produits sont présents sur le Festival Conviviencia et durant le Week-end des curiosités, ou Lécopot qui propose des cabines adaptées aux personnes à mobilité réduite.
Les déjections humaines pour remplacer l’essence ? L’entreprise britannique GENeco a relevé le défi en lançant en 2010 des voitures fonctionnant à l’excrément humain. Une étape supplémentaire est désormais franchie : des Bio-bus ont été mis en circulation en 2015, notamment entre l’aéroport de Bristol et la ville de Bath. Les excréments d’une seule personne pendant une année garantissent 60 km d’autonomie. Un plein, obtenu après transformation par méthanisation, permet de rouler près de 300 km.
D’autres ont suivi, comme l’Allemagne et la Norvège mais la France peine à saisir cette opportunité. Seule la ville de Lille semble intéressée par ce type de bus.
Générer du biogaz pour alimenter une cuisinière ou un groupe électrogène, ou encore fabriquer un fertilisant pour son potager. C’est ce que propose d’initier l’association toulousaine Picojoule en développant de petites unités de méthanisation capables de produire à l’échelle individuelle. La dizaine de membres se réunit tous les samedis, à la Maison de l’économie solidaire de Ramonville-Saint-Agne, pour animer des ateliers de construction participatifs afin que chacun puisse apprendre à fabriquer son propre méthaniseur. «Cela permet aux particuliers de recycler leurs déchets organiques (toilettes sèches, restes de repas, tonte…), via une culture bactérienne, en biogaz (300 litres de méthane par kilogramme) et en engrais naturel (40% plus riche en azote que le compost)», explique Pierre Delrez, membre de Picojoule.
Mais attention, comme le rappelle cet ingénieur en génie de procédés, le fertilisant issu de ces méthaniseurs, s’il est alimenté par le contenu des toilettes sèches, n’est pas à répandre directement sur les produits comestibles car des bactéries impropres à la consommation n’ont pas pu être détruites : «A l’échelle d’une petite unité de méthanisation, nous n’avons pas encore fait de choix techniques pour tuer les pathogènes (par exemple à 70°C) sans consommer trop d’énergie. Mais, à l’association, nous travaillons sur un prototype.» Un futur développement qui laisse présager d’une possible économie énergétique, voire même d’une totale autonomie.
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