Depuis le mois d’avril et les premiers fauchages municipaux, les chiens et chats de la région de Toulouse sont confrontés aux épillets, ces petits fragments d’herbes sèches autrement appelés espigaous ou herbes folles.
©DRLes épillets sont des graines sèches et dures, à la forme profilée et pointue, de deux à cinq centimètres. Complétée par des bardes agrippantes, ces fragments végétaux deviennent de véritables missiles qui se fixent aux poils en quelques mouvements, et migrent vers les cavités naturelles de l’organisme comme les oreilles, les yeux, les narines. Encore plus étonnant, il arrive que les épillets se créent leur propre chemin sous la peau, après l’avoir perforée à l’aide de leur pointe terminale.
La dureté de la graine explique les énormes dégâts potentiels créés sur son passage. Les complications les plus fréquemment constatées aux urgences vétérinaires sont la perforation d’un tympan, l’ulcère de la cornée, la fistule entre les doigts… Mais il est possible de retrouver des épillets beaucoup plus profondément ancrés : il arrive que l’herbe se retrouve dans les poumons ou le foie de l’animal. Il est donc primordial de retirer ce corps étranger dès que vous en suspectez la présence. Statistiquement, l’organe le plus souvent touché est l’oreille.
Au retour de promenade, votre chien ressent brutalement une gêne au niveau du pavillon auriculaire, se traduisant par des secouements de la tête, une ‘’oreille basse’’, un port de tête incliné, et surtout, des plaintes à la manipulation de l’oreille. Il est alors très probable qu’il ait contracté un épillet auriculaire.
Certaines races sont prédisposées à cet accident. Les chiens aux poils longs et aux oreilles tombantes sont les cibles favorites des épillets. Ainsi les Cockers, les Bergers Australiens, les Bichons et autres Shi Tzu sont les patients fréquents dans notre service d’urgences.
Lorsque vous suspectez la présence d’un épillet dans l’oreille, surtout n’appliquez aucun produit… Cela accélérerait la migration de la graine vers le fond de l’oreille et le tympan. Évitez de manipuler le pavillon auriculaire, pour limiter la douleur. Seul un examen par le vétérinaire pourra confirmer la présence d’un ou plusieurs épillets, et procéder à son retrait. La douleur est telle qu’il est fréquent de recourir à l’anesthésie de l’animal pour accéder au conduit auriculaire.
Le soleil, le vent et le fauchage forment le cocktail idéal à la dispersion des épillets dans tous les coins des villes et villages. Le centre-ville de Toulouse n’est pas épargné. Aucune promenade n’est sans risque sur la région. Voici donc quelques conseils pour éviter l’accident.
Pour limiter la fixation des épillets, pensez à toiletter (ou faire toiletter) votre chien ou chat régulièrement. Demandez au toiletteur d’insister sur le pourtour des oreilles et sur les poils présents à l’intérieur du pavillon, et à l’entrée du conduit auriculaire. Les espaces entre les doigts devront aussi être tondus.
Au retour de chaque promenade, inspectez votre animal sur toutes les zones sensibles : oreilles, yeux, narines, entre les doigts, aines et aisselles, fourreau du pénis pour les mâles et vulves pour les femelles. Retirez alors tout fragment d’herbe suspect.
Enfin, en cas de symptômes avérés, consulter rapidement. Si votre vétérinaire est fermé, contactez les urgences. Les complications peuvent intervenir rapidement. Plus tôt l’épillet sera retiré, meilleure sera la convalescence de votre compagnon.
Le Dr. Sylvain Ranson exerce depuis 20 ans dans les urgences vétérinaires, et intervient dans un service d’Urgences vétérinaires à Toulouse depuis 2016, et gère la régulation vétérinaire de plus de 30000 appels d’urgence par an.
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