L’Occitanie regorge de sites méconnus qui témoignent pourtant de la richesse patrimoniale locale. Le Journal Toulousain vous emmène, hors des sentiers battus, à la découverte d’endroits caractéristiques de la région, qui figurent rarement dans les guides touristiques. Aujourd’hui, rendez-vous dans les Pyrénées-Orientales pour découvrir le Conjurador de Serralongue.
Isolé sur sa butte, le Conjurador domine le petit village de Serralongue. Le petit édifice carré à toit pointu est orienté sur les quatre points cardinaux. Son entrée se trouvant côté Sud. Trois ouvertures, en arcades, sur chacune des autres faces offrent aux promeneurs un magnifique panorama sur la campagne du Vallespir. A l’intérieur, dans quatre niches surplombant les ouvertures, se trouvent les statues de quatre évangélistes.
« Il s’agit du dernier conjurador de France », explique Eve Roig, adjointe à la culture à la mairie de Serralongue. Certains sont encore debout de l’autre côté des Pyrénées, en Espagne, mais celui de Serralongue est donc unique dans l’Hexagone. Initialement construit au XIVe siècle, l’édifice a été rebâti au XVIIIe siècle. Classé au titre des Monuments historiques depuis 1987, cet édifice est un témoignage précieux des rites religieux qui marquaient la vie rurale dans les Pyrénées.
« Les gens venaient ici pour conjurer un mauvais sort mais surtout pour demander la fin du mauvais temps », raconte Eve Roig. Une prière en catalan était prononcée par le prêtre de Serralongue. Le professeur espagnol de littérature Felix Carinanos San Millàn, auteur de plusieurs articles sur le sujet, nous en livre un exemple. Appelé “Tentenublo”, du nom du son produit par les cloches que l’on faisait sonner pour faire déguerpir les nuages de grêle lors de la maturation des raisins, cette courte prière est traduite en français :
« Nuage, reste accroché, ne tombe pas
Épargne le pain, épargne le vin
Épargne les champs en fleurs »
Aujourd’hui plus grand monde ne monte jusqu’à Serralongue pour conjurer le mauvais sort. Mais chaque année, le Conjurador retrouve son rôle lors de la foire de la Saint-Jean pour la bénédiction des mulets. « Un prêtre vient prononcer une bénédiction. On amène des chevaux et des mulets et les enfants viennent habillés en catalan traditionnel », explique Eve Roig. Si vous voulez éloigner le mauvais œil ou simplement observer le paysage de la vallée du Vallespir, le Conjurador de Serralongue est l’endroit qu’il vous faut visiter.
Tom Letreulle
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires