Avez-vous déjà remarqué ce boulet de canon encastré au-dessus d’une porte d’une maison de la rue des étuves à Montpellier ? C’est un vestige du passé qui reste figé dans le mur du numéro 30 et qui intrigue certains promeneurs. Mais d’où vient-il ? Comment est-il arrivé là ? Le Journal Toulousain a enquêté.
Comme est-il arrivé là ? D’où vient-il ? Vous l’aviez déjà remarqué ? À Montpellier, au 30 rue des Étuves, un curieux détail architectural attire l’attention des passants : un boulet de canon est incrusté dans la façade de la maison, juste au-dessus de la porte d’entrée. Un élément, qui en dehors de son caractère insolite, interpelle à plusieurs égards. Comment se fait-il que l’objet soit autant centré par rapport à la porte ? Et pourquoi ne voit-on pas de fissures autour ? Difficile pour certains de penser que ce boulet est le résultat d’un tir. À croire qu’il a été ajouté à la façade au moment de la construction du bâtiment. Si les archives de la Ville ne « disposent pas d’éléments précis sur l’historique de cette maison », elles assurent toutefois que l’objet pourrait dater du siège de Montpellier en 1622, puisque des boulets similaires ont été retrouvés lors de travaux en 1952 place Édouard-Adam.
Pour la petite histoire, ce siège est un moment marquant pour l’histoire de la ville. En effet, dès le 30 août 1622, Montpellier est encerclée par les troupes royales de Louis XIII. La place-forte protestante résistait alors aux forces catholiques.
Pendant plus de 50 jours, les troupes du roi s’acharnent sur les Montpelliérains. Les archives détaillent la résistance de ces derniers à l’occasion d’une exposition pour les 400 ans du siège : « Durant un mois, les Montpelliérains vivent au rythme des coups de canons. Enfermés derrière une extraordinaire succession de murs et de fossés qui provoque “l’étonnement” des assiégeants, ils n’ont rien à craindre des quelque 10 000 boulets tirés par les batteries royales, dont notre chroniqueur anonyme fait le décompte journalier. […] Toute l’attention, l’énergie de la population de Montpellier sont alors portées en direction des fortifications. »
La vie à Montpellier durant le siège était difficile. Les habitants, soldats et civils, étaient mobilisés pour la défense de la ville. La ferveur religieuse jouait un rôle crucial, chaque jour était une lutte pour la survie et la préservation de leur foi protestante. De leur côté, les troupes royales ont concentré leurs attaques principalement sur les fortifications Nord, notamment autour du Verdanson et du bastion des Tuileries.
Les assiégés devaient faire face à des conditions de vie extrêmement précaires. Les canonnades incessantes provoquaient des destructions et de nombreuses pertes humaines, accélérées par les maladies qui sévissaient dans la ville en plus des combats.
Après plus d’un mois de siège, le duc de Rohan, chef des armées protestantes, est arrivé à Montpellier, afin de négocier la paix avec le roi Louis XIII. Les archives racontent : « Le 12 octobre, après 40 jours de pilonnage incessant, les canons se taisent. Une trêve est conclue dans la journée entre le duc de Rohan et les représentants du roi. […] Le 18 octobre, les articles de paix sont acceptés par les huguenots, et Rohan vient en personne demander pardon au roi dans sa tente. »
La fin du siège est alors prononcée le jeudi 20 octobre 1622, « vers 4h de l’après-midi », alors que Louis XIII entre dans Montpellier par la porte de Lattes (actuelle place de la Comédie).
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