Un collectif de citoyens, personnel médical et élus, lutte depuis le mois de septembre pour le maintien de la maternité de la clinique Saint-Louis à Ganges, qui doit fermer ses portes le 20 décembre prochain suite au départ de deux gynécologues-obstétriciens du service, qui peinent à être remplacés.
“Liberté, égalité, maternité”, scandent en chœur les membres du collectif de citoyens, soignants et élus en lutte depuis septembre pour le maintien de la maternité installée au sein de la clinique Saint-Louis à Ganges, dans l’Hérault. En effet, cette dernière fermera ses portes le 20 décembre prochain suite aux départs de deux gynécologues-obstétriciens. « Il reste un professionnel qui assure seulement cinq gardes par mois et nous n’avons aucun autre candidat pour remplacer ceux qui sont partis », assure Lamine Gharbi, président du groupe privé Cap Santé qui détient la clinique Saint-Louis, et une vingtaine d’autres établissements de soins dans l’Hérault, le Gard et l’Aude. Trois anesthésistes et trois pédiatres manquent également à l’appel.
Le collectif de citoyens s’est réuni ce mercredi 23 novembre devant les portes de l’Agence régionale de santé (ARS) de Montpellier pour exiger un rendez-vous, afin d’alerter la direction sur les conséquences de la fermeture de la maternité, « qui assure environ 250 accouchements par an et bénéficie à plus de 20 000 femmes originaires de quatre communautés de communes alentour, à savoir les Cévennes gangeoises et suménoises, le Pays Viganais, les Causses Aigoual Cévennes et le Piémont cévenol », explique Anne Sarmeo, l’une des membres du collectif, ancienne médecin généraliste à Ganges, aujourd’hui à la retraite.
Le collectif de citoyens avait déjà organisé deux premières manifestations les 6 octobre et 10 novembre derniers devant les portes de la maternité, alors que le sort du service n’était pas encore scellé. Ces rassemblements ont réuni plusieurs centaines d’habitants, des élus et des personnels soignants, dont le président de Cap Santé, Lamine Gharbi.
🔴 Très belle mobilisation ce soir devant la clinique de #Ganges pour dire non à la fermeture de la maternité.
Nous ne laisserons pas notre territoire être transformé un peu plus en désert médical ! pic.twitter.com/bRj1eHL5W2
— Michel Sala (@AvecMichelSala) November 10, 2022
« Monsieur Gharbi a pris la parole durant la première mobilisation pour expliquer qu’il ne souhaitait pas continuer de payer si cher des gynécologues-obstétriciens intérimaires. Et qu’en plus, ces remplacements, par des professionnels parfois incompétents, pouvaient s’avérer dangereux pour les patientes », expose Bruno Canard, l’ancien directeur de la médiathèque de Ganges, également membre du collectif. Selon Anne Sarmeo, « M.Gharbi n’a en réalité pas l’intention d’embaucher de nouveaux gynécologues-obstétriciens. Les deux anciens étaient en effet des libéraux, donc géraient seuls leurs rémunérations. Le directeur n’avait pas à intervenir financièrement, ce qui lui allait très bien », constate Anne Sarmeo. Une version toutefois contestée par le président du groupe, qui « ne trouve tout simplement aucun gynécologues-obstétriciens disponibles pour venir exercer à Ganges ».
« La fermeture de la maternité de Ganges va mettre des vies en danger », insiste Bruno Canard : « Nous voulons bien comprendre que l’embauche d’intérimaires est un système trop peu stable, mais supprimer le service expose les patientes à de trop nombreux risques ».
« Les femmes vont devoir parcourir 45 kilomètres chaque mois pour aller jusqu’à Montpellier afin de bénéficier d’un suivi obstétrical. Pareil pour l’accouchement, lorsque les contractions se déclenchent, elles devront faire plus de 50 minutes de route – sans compter les embouteillages – avant d’être prises en charge. Ce n’est pas viable », regrette à son tour Anne Sarmeo : « Et elles ne peuvent même pas se tourner vers l’accouchement à domicile. Puisque les sages-femmes ne peuvent procéder à un accouchement à domicile s’il n’y a pas de maternité à moins de 30 minutes de trajet, pour des raisons de sécurité en cas d’urgence ».
En remplacement de la fermeture de la maternité de la clinique Saint-Louis, le président de Cap Santé proposait une solution : la création d’un Centre périnatal de proximité (CPP) à Ganges. Mais selon Bruno Canard, cette option est loin d’être suffisante, car « les CPP ne procèdent ni à des accouchements, ni à des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Donc tout ce qu’offre la maternité aujourd’hui serait quand même supprimé. C’est inacceptable ».
De son côté, le collectif plaide plutôt pour que la maternité soit reprise par le service public, que ce soit par l’Agence régionale de santé (ARS), par le CHU de Montpellier ou celui de Nîmes. Mais une réunion s’est déroulée dans la matinée de ce vendredi 25 novembre, durant laquelle « les CHU comme l’ARS ont confirmé qu’ils n’étaient pas en capacité de reprendre les reines de la maternité. Ils n’ont ni gynécologues ni anesthésistes ni pédiatres disponibles. Les hôpitaux publics sont encore plus en difficultés, notamment au niveau des effectifs, que les établissements privés ! » regrette Lamine Gharbi. Si la maternité réussit un jour à embaucher le personnel nécessaire, elle pourra alors rouvrir ses portes. En attendant, les recherches se poursuivent, mais son activité sera suspendue dès le 20 décembre, date à laquelle la maternité de Ganges fermera.
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