A près d’un an des prochaines Municipales, les prétendants à la Mairie de Tarbes commencent à placer leurs pions. Si l’édile actuel a d’ores et déjà annoncé qu’il ne serait pas tête de liste, il a adoubé son dauphin en la personne de son chef de cabinet Michel Garnier. L’ancien premier adjoint, Pascal Claverie (destitué en juin dernier), se présentera face à la liste du maire sortant. Il revient sur les différends qui l’oppose à Gérard Trémège et dessine les premiers contours de sa candidature. Interview.
Pascal Claverie, le maire sortant de Tarbes ne se représentera pas pour les Municipales 2026, mais il a désigné son dauphin… et ce n’est pas vous, son premier adjoint (jusqu’à juin dernier). Vous vous attendiez à cette décision ?
D’abord, précisons que Gérard Trémège ne se représente pas en tant que tête de liste, mais il sera troisième sur la liste de Michel Garnier, ce qui lui permet de tirer les ficelles et de garder l’agglomération. Ensuite, concernant le choix de désigner ce dernier pour briguer le fauteuil de maire, ce n’est pas une surprise du tout ! Et ce, pour deux raisons. La première, c’est que Gérard Trémège savait que je me présenterais aux prochaines échéances municipales depuis le début du mandat en 2020. Je ne lui ai jamais caché. En second lieu, moi, je n’ai jamais rien attendu de personne ! On ne m’a jamais fait de cadeau dans la vie. Et surtout, il s’est creusé un écart idéologique entre son équipe rapprochée, pour la plupart des Républicains, et quelques-uns des élus qui vont me suivre. Ils se sont radicalisés au fur et à mesure, ce que j’ai pu constater amèrement pendant les élections législatives. Ainsi, il était impossible de repartir ensemble.
Ainsi, ce n’est ni une surprise que nous ne soyons plus sur une même liste, ni qu’il ait désigné son chef de cabinet, qui travaille avec lui depuis 25 ans.
« C’était clair depuis le début ! »
Vous comme Gérard Trémège savaient donc, dès les élections municipales précédentes, que vous vous présenteriez en tant que tête de liste en 2026… Quel était votre plan ? Vous deviez acquérir de l’expérience durant un premier mandat, pour ensuite en briguer un sous votre propre bannière ?
Tout à fait ! Mais c’était clair depuis le début. Je suis chef d’entreprise, j’ai construit un petit groupe industriel du nom d’Altela (spécialisé dans la production de filets de protection pour le bâtiment, le sport, l’environnement et les filets de pêche, NDLR), j’ai donc amené mon expérience professionnelle au service du projet politique de Gérard Trémège, en prenant notamment la présidence de la commission développement économique à l’agglomération. Ce mandat communautaire et la fonction de Premier adjoint m’ont, en contre partie, permis d’acquérir une expérience de la gestion publique, de découvrir le fonctionnement d’une collectivité, pendant cinq ans. On ne peut pas se présenter pour diriger une collectivité de 43 000 habitants avec un budget de 100 millions d’euros sans en connaître les rouages. Ensuite, il était dit que je me présenterai.
Et si Gérard Trémège affirme que ma candidature l’a surprise, ce n’est qu’une posture, car il était au courant depuis le début.
En juin dernier, à l’annonce de votre candidature, le maire de Tarbes vous a pourtant retiré vos délégations, quelle a été votre première réaction ?
C’est normal qu’il m’ait retiré mes délégations. Ce n’est pas une punition, c’est une clarification. C’est politiquement logique ! De mon côté, cela me permet d’avoir les mains libres. Parce que dès lors qu’il a pris la décision de se maintenir sur la liste de Michel Garnier, il ne m’a pas faciliter la tâche. J’ai été largement entravé, avec des moyens limités dans ma délégation : 130 000 euros pour animer la ville, c’est une pièce jaune ! Enfin, je vais avoir les coudées franches pour pouvoir agir.
Gérard Trémège a fait un travail d’embellissement, de rénovation de la ville. Les façades ont été colorées, des palmiers ont été plantés… Très bien, personne ne peut le nier, et je respecte le travail qui a été fait. Mais dans le même temps, Tarbes a été transformée, elle s’est appauvrie, parce nous avons un problème économique et social. En 25 ans, et encore plus ces 10 dernières années, les activités économiques ont été aspirées par les métropoles. Nous avons enregistré des pertes importantes d’emplois industriels, notamment en 2006, quand l’Arsenal a fermé. Les populations fragiles sont alors arrivées, entraînant un problème de mixité sociale. Résultat, la ville est sur une pente glissante.
Ainsi, “agir”, c’est préparer un projet qui consiste à redynamiser cette ville, à recréer des emplois industriels pour qu’il y ait des emplois mieux rémunérés et une réelle mixité sociale.
Tout en étant conseiller municipal, vous commencez donc à préparer votre futur programme ?
Oui ! Pendant cinq ans, j’ai rencontré beaucoup de Tarbais. Je les ai écoutés, sur le terrain et au cours de consultations. Avec d’autres élus, notamment ceux qui me suivront en 2026, nous avons été à Montauban, à Albi, à Béziers, à Perpignan, à Agen, à Bordeaux, afin de nous inspirer de solutions efficaces, mises en place par d’autres collectivités. Et, sur cette base, nous avons construit un projet, que nous allons présenter aux Tarbais, pour que leur vie s’améliore.
Comprendriez-vous que l’on puisse vous reprocher de vous être servi de votre mandat précédent pour préparer une dissidence ?
Dès lors que Gérard Trémège avait affirmé qu’il ne se représentait pas, je ne lui faisais pas concurrence. Je me préparais, c’est tout à fait naturel. Par ailleurs, pendant cinq ans, j’ai développé l’activité au sein de la collectivité. Quand je suis arrivé à la Mairie de Tarbes, j’ai fait des études approfondies sur le commerce, sur l’habitat… Il y avait alors 26% de magasins fermés. Sur 425 cellules commerciales, 110 boutiques étaient fermées. Je suis alors allé à Paris, à Pau et ailleurs pour trouver et attirer de nouvelles enseignes dans notre ville. Et aujourd’hui, la vacance commerciale n’est plus que de 15,2%. C’est-à-dire que plus de 10% des magasins vides ont trouvé de nouveaux commerçants. Donc, je ne suis pas venu juste pour me préparer en vue de l’élection municipale de 2026. J’ai mené une activité intense de redynamisation, qui a trouvé ses limites parce que je n’avais pas les mains libres…
« Le mode de fonctionnement de la majorité actuelle date d’il y a 25 ans »
Qu’entendez-vous par « je n’avais pas les mains libres » ?
J’ai fait de nombreuses notes, notamment en terme de sécurité et d’habitat, mais elles n’ont pas été suivies de faits. J’ai fait des propositions disruptives, mais on les a laissées de côté. Je ne fais pas de récriminations. Simplement, le mode de fonctionnement de la majorité actuelle date d’il y a 25 ans.
Et puis, je crois que, peut-être, pendant la première partie du mandat, on a été content que je prenne des initiatives comme, par exemple, la mise en place des samedis piétons et puis, ensuite, les calculs ont commencé et ensuite on n’a plus souhaité que j’ai un succès éblouissant.
Alors aujourd’hui, qu’est-ce qui vous différencie de Gérard Trémège et de la future liste de Michel Garnier ?
Je vais vous dire quelque chose : ma mère est arrivée en France à l’âge de 8 ans, réfugiée de la guerre d’Espagne. Elle a été détenue dans un camp à Noé. Et moi vivant, jamais je ne me radicaliserai au point de regarder les thèses du Rassemblement National. C’est une première différence.
Ensuite, je ne veux pas enfermer les gens dans des cases, dans une mouvance politique ou une autre. Alors, j’ai créé un rassemblement avec des élus socialistes, communistes, Modem et même certains conseillers de la majorité municipale. Par exemple, Élisabeth Brunet et Marc Andrès sont derrière moi et me soutiennent. Autrement dit, j’ai créé un rassemblement avec des gens qui ressemblent aux Tarbais, au-delà des sensibilités politiques. Ma liste sera sans étiquette.
« Je n’aurai aucune difficulté à faire une liste »
Certains élus vous suivront donc, mais cela ne suffira pas à constituer une liste. Vers qui d’autre pensez-vous vous tourner ?
Pendant cinq ans, j’ai rencontré beaucoup de gens qui avaient des profils idéals pour s’occuper de domaines divers. Un afflux important de gens sont venus vers moi pour participer. Je n’aurai aucune difficulté à faire une liste. En revanche, chacun devra avoir les compétences requises dans la délégation qui sera la sienne.
Justement, en parlant de répartition des délégations, quels vont être vos dossiers prioritaires ?
Le premier dossier sera celui de la dynamisation de la ville. Recréer, attirer des emplois industriels. Un emploi industriel génère sur le territoire deux emplois de services. Cela permettrait d’augmenter le revenu par foyer fiscal, qui est de 19 401 euros à Tarbes, contre 31 077 euros à l’échelle nationale. Ensuite, vient la préoccupation sécuritaire. Comme je vous le disais, les populations fragiles sont de plus en plus nombreuses dans notre ville, et font diminuer le niveau de vie, ce qui a un impact sur la notion de “faire société” et sur la sécurité. Enfin, l’habitat et le développement durable seront également des dossiers prioritaires.
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