Les aéroports de Pau et Tarbes-Lourdes avancent vers une liaison aérienne Paris-Orly commune. Soutenu par l’État et les collectivités, ce projet vise à mutualiser les moyens pour renforcer la connectivité du piémont pyrénéen, tout en rationalisant les coûts et les dessertes.
Sur recommandation de la Cour des comptes, l’État tente d’harmoniser le maillage aéroportuaire de France, et d’Occitanie en particulier. Et dans les Hautes-Pyrénées, le rapprochement entre les aéroports de Pau-Pyrénées et de Tarbes-Lourdes-Pyrénées vient de franchir un cap symbolique. Réunis la semaine dernière, sous la houlette du Premier ministre François Bayrou, les préfets Étienne Guyot (Nouvelle-Aquitaine) et Pierre-André Durand (Occitanie) ont confronté, avec les élus locaux, les conclusions du bureau d’études Mensia sur la future liaison commune vers Paris-Orly. Cette séance a « marqué un point d’étape important » après des mois d’aller-retour entre services de l’État et collectivités.
L’analyse de Mensia rappelle que les deux plateformes, séparées de moins de 40 kilomètres, ne drainent pas la même clientèle : Tarbes-Lourdes profite de la dimension touristique de la cité mariale et du piémont haut-pyrénéen, tandis que Pau reste l’aéroport de référence pour la clientèle d’affaires béarnaise. Cette complémentarité, estime l’étude, ouvre la voie à une offre plus lisible pour les usagers et à des économies d’échelle significatives
Depuis 2022, la ligne Tarbes-Orly est exploitée sous le régime de l’obligation de service public (OSP), financée à hauteur d’environ 5 millions d’euros par an (État, Région Occitanie, Département et agglomération). Avec 144 000 passagers transportés en 2024 et un taux de remplissage de 82%, l’axe constitue l’épine dorsale du trafic à Tarbes-Lourdes, au point que la compagnie Volotea y a ouvert une base et déployé cinq autres destinations saisonnières.
À Pau, la situation est moins favorable. Faute de demande suffisante, Transavia a suspendu sa liaison quotidienne vers Orly à l’automne 2024. Les statistiques de l’Union des aéroports français montrent que le segment “low-cost” ne totalisait plus que 52 723 passagers l’an passé, soit une baisse de 56,8% par rapport à 2023. Depuis février 2025, la compagnie régionale Amelia assure un service de substitution, mais avec des capacités bien plus modestes.
Pour les pouvoirs publics, l’enjeu est désormais de concevoir un modèle partagé : mutualisation de l’obligation de service public ? Répartition des rotations entre les deux plateformes ? Sélection d’un transporteur unique ? Les discussions sont ouvertes. Mais, le directeur général de l’Aviation civile a rappelé que toute solution devra respecter le droit européen de la concurrence et les règles françaises des OSP.
Malgré les divergences passées, les acteurs affichent leur volonté de converger. Comme le souligne la préfecture d’Occitanie, « tous les participants ont salué le chemin accompli ces derniers mois et sont convenus de poursuivre […] les discussions pour approfondir et préciser les conditions nécessaires à la mise en place d’une offre aérienne commune à destination d’Orly » Préfectures et Régions.
Les prochaines semaines doivent servir à définir la gouvernance, le financement et le calendrier. Si le pari réussit, les deux aéroports pourront transformer une rivalité de longue date en atout partagé au service du territoire.
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