La loi “Duplomb”, votée au Sénat le 27 janvier dernier, et actuellement examinée en commission des Affaires économiques, vise à ré-autoriser la vente et l’utilisation de certains pesticides, notamment les “néonicotinoïdes”, particulièrement nocifs pour certains pollinisateurs. Des acteurs du monde agricole, scientifique et politique s’opposent à ce projet de loi. Parmi eux, la députée des Hautes-Pyrénées, Sylvie Ferrer, qui se montre indignée face à cette potentielle future mesure.
C’est un sujet qui risque de revenir régulièrement dans les conversations ces prochaines semaines. À peine votée au Sénat le 27 janvier dernier, la loi proposée par le sénateur Laurent Duplomb (LR) crée une vive polémique sur la scène politique et agricole. Cette mesure, qui vise à « lever les contraintes contre les agriculteurs », ré-autoriserait l’utilisation de pesticides au sein des exploitations agricoles, notamment les “néonicotinoïdes”, extrêmement nocifs pour certains insectes pollinisateurs. Ce produit est d’ailleurs considéré comme un véritable “tueur d’abeilles”.
À quelques semaines du débat à l’Assemblée nationale, prévu le 26 mai prochain, autour de ce texte de loi, des voix s’élèvent contre ce projet : « Ce texte est un ramassis de régressions contre le vivant », dénonce Sylvie Ferrer, députée France Insoumise de la 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées, qui rappelle que « les néonicotinoïdes ont été interdits en 2018 et sont prohibés dans toute l’Europe ».
Ces pesticides néonicotinoïdes seront principalement utilisés par les producteurs de betteraves sucrières. Ces plantes sont frappées par une jaunisse, transportée par un insecte qui assèche les feuilles. Le pesticide protège donc les betteraves de cette maladie ravageuse, mais extermine les petites bêtes qui volent dans les champs. « Le taux de mortalité des abeilles dépasse ainsi 30% dans certains espaces à cause de la présence de néonicotinoïdes », observe Sylvie Ferrer. Les pesticides sont également très nocifs pour l’Homme. La plupart sont classés par l’OMS comme cancérigènes, mutagènes et provoquent, dans les cas les plus extrêmes, des pathologies graves comme la maladie de Parkinson.
Car, les betteraves sucrières ne sont pas cultivées que pour le sucre. Elles sont également fortement utilisées pour créer des agrocarburants (carburants créés à base de produits naturels). « Comme ces biocarburants sont exportés et ne sont pas destinés à l’alimentation, on ne se soucie pas des conséquences et on utilise des pesticides à foison”, signale la députée. « Ce produit a déjà été utilisé dans les années 1970. Dans la région du Perche, les paysans observaient des oiseaux mourir sous leurs yeux à cause de son utilisation », se souvient Sylvie Ferrer.
L’élue insoumise propose alors des solutions alternatives : « Pour inciter les agriculteurs à ne pas utiliser de pesticides, l’État devrait prendre en charge le manque à gagner dû à la non-utilisation de ces produits chimiques. Mais aujourd’hui, le gouvernement n’avance aucun accompagnement pour limiter la pollution des sols », accuse-t-elle. « Il est important que le grand public soit au courant de ces pratiques, mais la grosse bataille aura lieu à l’Assemblée nationale », prévoit la Haut-Pyrénéenne. Depuis ce mercredi 14 mai, la commission des affaires économiques étudie le projet de loi sur le fond. Ensuite, cette loi sera débattue en séance à l’Assemblée nationale à partir du 26 mai.
« Le gouvernement ne traite pas le vrai problème qui touche les agriculteurs : leurs faibles revenus. C’est la deuxième loi qui arrive récemment à l’Assemblée et qui ne traite pas des prix minimum garantis pour les agriculteurs », analyse Sylvie Ferrer.
Adrien Danos
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