Ce jeudi 16 février, avait lieu le premier conseil métropolitain de l’année 2023. Et, comme cela avait été le cas lors de la dernière assemblée de 2022, la mobilité concentre encore les débats, notamment lors des propos liminaires. Les élus de Toulouse Métropole sont ainsi revenus sur la mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE) et sur la note, toujours plus salée, de la ligne C du métro.
A l’heure où un nouveau Plan de déplacements urbains (PDU) est en cours d’élaboration, suite à l’annulation du précédent par la Cour administrative d’appel de Toulouse. A l’heure où les modalités de la Zone à faibles émissions (ZFE) font encore débats. A l’heure, où le Conseil de Toulouse Métropole vient de voter, à l’unanimité, ce jeudi 16 février, une contribution supplémentaire de la collectivité à Tisséo Collectivités. A l’heure où les études multimodales de l’aire d’attraction de Toulouse ont enfin été rendues publiques. Les transports de l’agglomération continuent de concentrer l’attention des élus.
En premier lieu, elle se porte sur la ZFE. Toulouse, comme plus de 40 agglomérations françaises, est soumise à l’obligation de mettre en place ce dispositif visant à réduire la pollution émise par les véhicules individuels. Et si tous les élus s’accordent sur la nécessité du dispositif, les modalités sur lesquelles elles s’appuient dans la Ville rose sont vivement critiquées par l’opposition. « Car, si la loi impose la ZFE, la manière dont elle a été élaborée vous incombe », rappelle Odile Maurin, élue du groupe Alternative pour une métropole citoyenne (AMC), à Jean-Luc Moudenc. Selon elle, le manque d’anticipation de la majorité serait responsable des critères drastiques de la ZFE. « Il ne fallait pas laisser croire que la ville pouvait grossir sans conséquences. Il aurait fallu un vrai PDU dès 2014. Il aurait fallu agir avant. Maintenant, même vos solutions ne parviendront pas à redresser la situation d’un réseau routier qui, selon les études multimodales, continuera à se dégrader d’ici 2030 », poursuit-elle, en demandant un plan massif pour le transport.
Des accusations que Sacha Briand, vice-président de la Métropole, en charge de la modernisation de la collectivité et des finances, ne peut laisser lettre morte. « Il y a quelques mois, vous nous expliquiez que nous n’étions pas assez ambitieux pour lutter contre le pollution et assurer la transition écologique, et maintenant vous nous demandez de ralentir, de freiner concernant la ZFE en étant moins stricts sur les critères… », résume-t-il. Des contradictions sur lesquelles l’élu invite l’opposition à s’accorder.
D’ailleurs, Jean-Luc Moudenc revient sur la complexité de la mise en place de la ZFE. Les conditions ont changé depuis l’entrée en vigueur de la loi imposant la création des ZFE en 2019. A l’époque, cette obligation ne concernait qu’une dizaine de villes. Mais la loi Climat et résilience a depuis étendu le dispositif à toutes les communes de plus de 100 000 habitants, ce qui a porté à une quarantaine le nombre de ZFE. Et toutes n’ont pas les mêmes caractéristiques ni les mêmes fonctionnements. Le maire de Toulouse le concède, « il faut améliorer les modalités de mise en place des ZFE. Mais cela doit être fait à l’échelle nationale ». Ainsi, « je suis monté au créneau », explique-t-il, et annonce que le gouvernement vient de créer un groupe de travail, qu’il coordonne en collaboration avec Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg (EELV). « L’objectif n’est pas de revenir sur le principe même des ZFE, mais d’en revoir les modalités. J’y demanderai notamment l’harmonisation des restrictions dans toutes les zones et l’intensification des aides financières de l’Etat pour les plus modestes », précise-t-il. Le groupe de travail rendra son rapport au gouvernement à la fin du semestre.
Un compte-rendu auquel ne manquera pas de s’intéresser Pierre Lacaze, qui salue la prise en compte de la dimension sociale de cette ZFE. Toutefois, l’élu d’opposition, membre du groupe Toulouse métropole solidaire de la gauche démocrate et républicaine, regrette que cette réflexion n’ait pas été menée avant, en concertation avec la population et ce, à l’échelle métropolitaine.
Mais la ZFE n’est qu’une des multiples dimensions de la politique de transport de Toulouse Métropole, la future ligne C du métro en est une autre. Troisième ligne dont Joseph Carles, du groupe des Indépendants, et maire de Blagnac, repose la priorité : « Maintenant que les travaux sont lancés, il est d’une nécessité absolue de ne pas perdre du temps, de s’en tenir au calendrier et de ne pas dégrader le projet initial ». Une précision qui a son importance au vu du contexte économique actuel, qui va contraindre la Métropole à ajourner ou réorienter certains projets structurants, comme le rappelle Karine Traval-Michelet, présidente du groupe Métropole Solidaire, Écologique et Démocratique (MSED), qui demande expressément, lors de la clause de revoyure, que soient priorisés « les projets d’habitat, de mobilité et de transition écologique ».
L’occasion pour Jean-Luc Moudenc de préciser aux élus qu’Elisabeth Borne, que l’édile a rencontré la semaine dernière, lui a semblé « ouverte quant à d’éventuelles ressources supplémentaires permettant de limiter l’augmentation des coûts subie par la ligne C du métro eu égard à la conjoncture actuelle ». Pour l’opposition, « de l’argent public dépensé pour un projet dont les études multimodales viennent de démontrer le manque d’effet sur la réduction des gaz à effet de serre ».
« Manque d’effet ? » s’insurge Sacha Briand, qui relève une nouvelle contradiction de l’opposition. « Vous militez pour que la voiture prenne moins de place dans la ville et quand on arrive avec un projet qui en retire 90 000 par jour – la ligne C – vous ne l’approuvez pas ! » fustige-t-il. Essayant de prendre à contre-pied les élus qui avancent le gonflement incessant de la facture de la troisième ligne de métro comme principal argument, et y opposent le RER toulousain, le grand argentier de Toulouse Métropole leur demande : « Vous pensez réellement que le projet de RER que vous défendez ne va pas également être touché par ces hausses de coûts ? Les avez-vous calculées ? Parce que tous les projets subiront le même sort... »
Pour absorber justement cette hausse des coûts, Toulouse Métropole vote ce jeudi 16 février, une contribution complémentaire à Tisséo Collectivités, à hauteur de 53 millions d’euros. « Il faut palier ce surcoût que nous ne pouvions pas prévoir (inflation, augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, NDLR) » lance Sacha Briand, qui prévoit d’ores et déjà qu’il y en aura d’autres puisqu’il fait état de « 25 à 30 millions d’euros supplémentaires nécessaire pour couvrir l’explosion des coûts énergétiques sur les transports en commun ». « Et Toulouse Métropole sera au rendez-vous du sauvetage du réseau de transports en commun », termine-t-il.
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