Le street art, considéré autrefois comme illégal, se fait aujourd’hui une véritable place dans la Ville rose ; en témoignent les nombreuses fresques visibles dans les rues de Toulouse.
« Une galerie à ciel ouvert. » Voilà la volonté de la Mairie de Toulouse qui, depuis plusieurs années, commande régulièrement à des artistes graffeurs des fresques urbaines pour couvrir les murs fades et sans vie de la Ville rose. Que ce soit sur des avenues ou sur des façades d’immeubles, Toulouse devient ainsi multicolore.
Le street art, qui a émergé dans les années 1970, a souvent été confondu – à tort – avec les tags, considérés par la loi comme étant du « vandalisme, consistant à détruire, dégrader ou détériorer volontairement le bien d’autrui ». Depuis, les mœurs ont changé et les grandes villes, à l’image de Toulouse, ont décidé de laisser les artistes de street-art investir l’espace public « afin de faire découvrir au plus grand nombre l’art urbain et la diversité de la création liée au graffiti. » Les pionniers du genre, dans la Ville rose, étant Mademoiselle Kat, le collectif Rose Béton et Miss Van.
La vocation originelle du street art était de « contester un système établi » de manière artistique nous explique Frédéric Durand, professeur de géographie à l’Université Jean Jaurès de Toulouse, diplômé des Beaux Arts de Versailles et ancien membre du collectif d’artistes plasticiens Banlieue-Banlieue dans les années 1980.
Désormais, l’art urbain est devenu un véritable outil de communication, certains artistes l’utilisant pour faire passer des messages, pour dénoncer une situation, interpeller le passant ou pour rendre un hommage, à l’image de l’œuvre du Toulousain Snake qui a reconstitué la Bataille de Toulouse de 1814 sur l’avenue Raymond Naves. Notamment auprès de la jeunesse.
Une dimension sociale dont les Municipalités ont pris le mesure. À Toulouse, le collectif Mister Freeze s’est ainsi vu commander par la Mairie une fresque murale sur le thème de l’intergénérationnalité. Sur les murs de l’Ehpad “Les Petites sœurs des pauvres”, situé dans le quartier Côte Pavée, les artistes ont ainsi réalisé un graffiti représentant la jeunesse et la sagesse des habitants.
Des œuvres toujours plus réalistes, toujours plus grandes, toujours plus reconnues. Par le soutien municipal à l’art urbain, Toulouse s’est ainsi imposée comme un support d’expression grandeur nature privilégié par les street artistes. Une réputation qui attire désormais des graffeurs nationaux et internationaux. Pour preuve, l’artiste Christian Guémy (alias C215), originaire de la région parisienne et mondialement connu, qui s’est rendu à Toulouse pour recouvrir la façade d’un immeuble du quartier du Mirail d’un portrait d’une jeune fille ukrainienne. Ou bien l’Afro-Colombienne Angela Atuesta (alias La Negra) qui, à l’occasion du festival Latino Graff en 2022, a réalisé la fresque d’une femme africaine sur les murs de la salle de spectacle Le Chorus.
L’aura dont dispose la Ville rose dans le milieu du street art permet également à des artistes locaux d’œuvrer à l’international. C’est le cas notamment de Fouad Ceet. Si le Toulousain a officié longtemps dans sa ville natale, en témoigne la grande fresque réalisée sur un immeuble à Empalot, représentant des volatiles aux couleurs gaies, c’est aujourd’hui dans le Sud de la Chine, non loin de la mégalopole de Hong-Kong, qu’il diffuse son art.
Pour se faire une idée de l’essor du street art à Toulouse, l’office du tourisme propose des visites guidées trimestrielles, baptisées le Graff Tour. Une balade culturelle qui débute dans les rues du quartier Arnaud Bernard, considéré comme « le berceau du graff toulousain ».
Alex Jehanno (Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse – ISJT)
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