Toulouse : la piste cyclable controversée des Ponts-Jumeaux abandonnée

Une des voies de circulation au niveau du port de l’Embouchure aux Ponts-Jumeaux à Toulouse avait été transformée en piste cyclable cet été pour une expérimentation. Mais celle-ci va être rouverte aux voitures. Une décision qui ne fait pas l’unanimité.

C’est une décision qui ne passe pas. La Métropole de Toulouse a décidé de rouvrir aux voitures la troisième voie de circulation au niveau du port de l’Embouchure dans le quartier des Ponts-Jumeaux. Celle-ci était, depuis le mois d’août, réaménagée en piste cyclable à titre expérimental. Expérimentation qui est désormais « arrivée à son terme », précise la collectivité. Tout au long de celle-ci, des comptages ont été réalisés, puis « analysés » avant d’être présentés lors d’une réunion bilan avec les associations de quartiers et les services de l’État concernés, la Direction des routes du Sud-Ouest. 

Et ils ne sont pas satisfaisants, selon Toulouse Métropole. « Cet aménagement réversible révèle ne pas apporter de plus-value pour les cyclistes, peu nombreux à l’emprunter et provoquer une congestion au niveau de la circulation automobile. Le site retrouvera donc sa configuration initiale », annonce-t-elle avant d’indiquer qu’après des travaux, qui débuteront dès ce mercredi 11 décembre, « les trois voies de circulation routière seront rétablies le vendredi 20 décembre au matin ». 

L’argument des bouchons causés par la piste cyclable réfuté

Mais la dernière raison évoquée ne convainc pas 2 pieds 2 roues, association œuvrant pour le développement du vélo et de la marche à Toulouse et dans son agglomération, qui regrette le « retour de la troisième voie dédiée aux “voitures” ». « On entend souvent que “les bouchons sont causés par la piste cyclable” », déplore l’association qui, pour prouver le contraire, prend en exemple une carte sur l’évolution de la congestion sur le réseau routier entre 2017 et 2030 issue d’un rapport d’études prospectives multimodales sur l’aire métropolitaine toulousaine de l’État, de la Région Occitanie, du Département de la Haute-Garonne, de Toulouse Métropole et de Tisséo. 

Comme le relève 2 pieds 2 roues, celle-ci montre « des bouchons partout sur la rocade et aux abords de la ville, mais pas dans Toulouse même, où des alternatives à la voiture sont disponibles ». « Le problème des embouteillages vient d’un usage excessif de la voiture, pas des infrastructures cyclables. La solution ? Développer et promouvoir des alternatives viables et attractives », souhaite 2 pieds 2 roues. L’association demande donc « la prolongation de cette expérimentation, quitte à la perfectionner ». 

Un groupe de travail pour développer les modes doux aux Ponts-Jumeaux

« Pourquoi ne pas prolonger l’expérimentation jusqu’à fin mars ? Cela nous donnerait l’occasion d’organiser une véritable concertation : une table ronde avec les acteurs concernés pour discuter des améliorations possibles, dans un esprit constructif », estime l’association qui déplore le fait de « n’avoir été ni consultée en amont ni impliquée pendant l’expérimentation ».  La Métropole de Toulouse prévoit plutôt « en accord avec les comités de quartier, un groupe de travail inter-quartiers (Ponts-Jumeaux, 7 Deniers, Amidonniers) pour réfléchir et proposer de façon coordonnée des pistes de développement des modes doux de déplacement (piétons et cyclistes) sur le site, à court et moyen terme ». 

En attendant, la collectivité tient à spécifier que « d’autres réalisations sont à l’œuvre dans les quartiers environnants afin de sécuriser les cyclistes et de continuer à améliorer le partage de l’espace public pour tous les usagers ». Elle cite notamment la création d’une chaussée à voie centrale banalisée route de Blagnac, l’aménagement cyclable expérimental rue des Troènes et la création d’une voie cyclable à double sens rue Montmorency.