La carrière de la demie de mêlée de Toulouse Laure Sansus a pris fin quelques semaines plus tôt que prévu, au mois d’octobre dernier, suite à sa blessure au Mondial de rugby en Nouvelle-Zélande. Sans une once d’amertume, elle assume aujourd’hui vouloir « passer à autre chose », loin du terrain, même si elle conservera toujours un lien indéfectible avec le Stade Toulousain.
Laure Sansus souhaite désormais prendre le temps. De profiter de ses proches, d’abord. Puis de découvrir de nouvelles choses, ensuite. La joueuse emblématique du Stade Toulousain vient de prendre sa retraite sportive. Celle-ci est intervenue quelques semaines plus tôt que prévu, suite à une blessure lors du second match de poule des Bleues au Mondial organisé au mois d’octobre dernier en Nouvelle-Zélande. La demie de mêlée avait d’ores et déjà annoncé qu’elle raccrochait les crampons à l’issue de la compétition. Elle aurait bien évidemment aimé que sa carrière se termine autrement. Mais comme elle tient à le dire : « On ne choisit jamais sa sortie ».
Touchée après seulement dix minutes de jeu face à l’Angleterre, Laure Sansus ressent une forte douleur au genou droit. « Je savais déjà que c’était grave », confie-t-elle. La demie de mêlée quitte le terrain escortée par l’équipe médicale. Puis le verdict tombe : elle souffre d’une rupture du ligament croisé antérieur.
Dans les vestiaires, la numéro 9 fait mine de rien. Alors que ses coéquipières se précipitent pour lui demander des nouvelles à la mi-temps, ses larmes sont déjà sèches. Laure Sansus s’autorise même à mentir. « L’équipe était en train de disputer un match important. Je savais que si je leur annonçais que tout était fini pour moi, je risquais de les déstabiliser. Alors, je leur ai dit que tout allait bien », déclare-t-elle avec bienveillance.
“Loulou”, de son surnom au Stade Toulousain, occupait une place importante dans l’équipe. « J’ai toujours fais partie des leaders, que ce soit de par mon poste, mon caractère ou ma façon d’être », poursuit-elle. C’était le cas sur le terrain, mais aussi en dehors. « Ma personnalité fait que j’ai toujours été protectrice avec mes coéquipières, les plus anciennes comme les nouvelles ».
Après toutes ces années passées dans les effectifs du club toulousain et du XV de France, Laure Sansus a tissé de véritables amitiés. « Il y a des filles avec qui je joue depuis dix ans, avec qui je sors, je pars en voyage, je mange au restaurant… Bref, avec qui je partage des moments essentiels ». Si bien que l’une d’entre elles sera la témoin de son mariage.
« Notre rencontre avec Pauline (Bourbon, ndlr) n’est pas très originale. Nous nous sommes connues dans les tournois régionaux quand nous étions plus jeunes, puis nous avons commencé à nous fréquenter il y a quatre ans, lorsqu’on s’est retrouvées en équipe de France », raconte Laure Sansus.
Après plusieurs saisons à Bayonne, Pauline Bourbon a rejoint sa compagne au Stade Toulousain il y a à peine deux ans. Les deux joueuses occupaient le même poste avec le XV, comme à Toulouse. Mais cela n’a jamais posé problème. Au contraire, le couple, complice, en a fait une force. Si l’une jouait et pas l’autre, la joie était quand même présente. Les émotions étaient multipliées par deux. Et elles se multiplieront encore l’été prochain, puisque Laure Sansus et Pauline Bourbon se marient à Toulouse.
Lorsque l’internationale de rugby a annoncé son départ, toutes les équipes l’ont remercié pour son parcours. Elle va leur manquer. « Certains ont essayé de me faire rester… Mais ils me connaissent assez pour savoir que lorsque je prends une décision, je ne change pas d’avis », assure celle qui y réfléchissait depuis deux ans déjà. L’envie n’y était plus. « J’aspirais à autre chose », confie-t-elle.
« J’ai maintenant envie de prendre du temps pour moi. De profiter de ma famille, de mes proches. Pendant beaucoup d’années, j’ai loupé des mariages, des anniversaires… Lorsque mon petit-neveu était tout content de fêter ses trois ans et que je n’ai pas pu y assister, ça a été dur, par exemple. Mais bon, ça faisait partie du jeu… Et maintenant, que je n’ai plus de matchs le week-end, je compte bien profiter de ma retraite », se réjouit-elle.
Il faut dire que Laure Sansus, née dans le Lauraguais, a commencé à jouer au rugby très jeune, à l’âge de cinq ans. Après quelques tentatives dans le judo, puis le volley, la passion familiale pour le ballon ovale la pousse à poursuivre sa route dans la discipline. « J’ai toujours baigné dedans. Dans ma famille, soit on joue, soit on entraîne, soit on supporte », plaisante-t-elle.
Ses premiers pas à Labastide-Beauvoir mènent l’enfant du pays jusqu’à l’Avenir Fonsorbais, rattaché ensuite au Stade Toulousain, dans lequel elle a depuis pris ses quartiers. « Je ne pensais pas devenir pro’. Mais les portes se sont ouvertes, alors j’ai foncé », affirme-t-elle humblement. Une carrière qui, malgré sa blessure, se termine en beauté, puisque Laure Sansus a cette saison remporté le titre de meilleure joueuse du Tournoi des Six Nations. Le trophée restera bien installé sur une étagère de sa bibliothèque.
« J’ai toujours veillé à ne pas tout miser sur le rugby », insiste-t-elle. En parallèle de ses entraînements au Stade Toulousain, Laure Sansus décroche un BTS dans le secteur du commerce à Toulouse. Elle intègre ensuite le monde du travail, au sein d’une grande enseigne d’articles de sport. « Je travaillais la semaine, puis je m’entrainais le soir et j’enchaînais les matchs le week-end. C’était mon quotidien depuis le lycée, j’en avais pris l’habitude », décrit-elle.
À cela s’ajoute, dès 2016, sa sélection en équipe de France, avec laquelle elle remporte d’ailleurs le Tournoi des Six Nations. « Les compétitions me prenaient trop de temps, je n’avais plus de vacances, plus de week-end. J’ai dû choisir entre le rugby et le travail », résume-t-elle. Après un an d’absence, elle rechausse finalement les crampons. « L’équipe me manquait », commente la joueuse, qui se met alors à travailler dans la boutique du stade.
Désormais – sportivement – à la retraite, Laure Sansus ne rêve pas spécialement de voyages. Même s’ils font partie de ses projets sur le long terme. Elle aspire plutôt à un rythme de “métro, boulot, dodo”. Une vie classique, finalement. « J’ai envie de retrouver mon chez moi. Puis, nous allons faire construire notre maison », annonce-t-elle.
Côté professionnel, la joueuse garde un pied au Stade Toulousain. En effet, elle est promue responsable logistique de la boutique. « Ma place n’est plus sur la pelouse, mais bien dans les bureaux », rit-elle. Du terrain, elle gardera quand même de sacrés souvenirs. À l’image de la première victoire contre les Blacks avec l’équipe de France, ou, plus récemment, du titre en championnat aux côtés des Toulousaines. Sûre de vouloir « passer à autre chose », Laure Sansus assure toutefois qu’elle ne touchera plus jamais un ballon. Même si, bien sûr, elle continuera de venir soutenir ses anciennes coéquipières, et sa compagne, dans les tribunes du Stade Toulousain.
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