Alors que le Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) de l’aéroport Toulouse-Blagnac a été approuvé par la préfecture le 4 octobre 2022, le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine dénonce une augmentation significative des vols de nuit programmés cet été. Les membres de l’association demandent aux élus de s’emparer du problème.
« Il apparait évident que la direction de l’aviation civile (DGAC) joue un double jeu », estime le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT). Une accusation qui résulte de la découverte faite par les membres de l’association concernant le nombre de vols programmés durant l’été prochain sur l’aéroport Toulouse-Blagnac. Alors même que le Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) a été approuvé par la préfecture de Haute-Garonne le 4 octobre dernier, et que la DGAC a pour mission « de garantir la sécurité et la sûreté du transport aérien en plaçant la logique du développement durable au cœur de son action », les habitants concernés par la pollution aérienne s’attendaient à voir diminuer les vols, au moins la nuit.
Pour s’en assurer, le CCNAAT avait demandé, en février dernier, à l’aéroport Toulouse-Blagnac de communiquer la programmation des vols pour la saison estivale. « Nous ne l’avons finalement obtenue, non sans difficulté, que suite à l’intervention du préfet », témoigne Jérôme Favrel, membre du collectif, qui « comprend maintenant pourquoi ». Car si l’aéroport Toulouse-Blagnac a réduit les vols en cœur de nuit, de minuit à 5h du matin, comme il s’y est engagé dans le PPBE, les riverains déplorent qu’il se rattrape de 22h à minuit. « Après analyse de la programmation estivale, nous constatons qu’il y a 33 vols en moins entre minuit et 6h, mais 619 vols en plus entre 22h et minuit. Qui peut y voir un progrès ? » s’interroge l’association.
Sans compter que nous constatons « une programmation de vols de nuit d’avions commerciaux (environ 3 900) supérieure à toutes les valeurs historiques dont nous disposons (+22% par rapport à 2022, +10% par rapport à 2018) », poursuit le CCNAAT après l’étude minutieuse du document fourni par l’aéroport Toulouse-Blagnac. Au total, « pas moins de 25 vols sont planifiés par nuit », regrette le collectif, qui en déduit que le site aéroportuaire « balaie l’engagement, sur la période 22h-06h, de réduction de 40% des populations impactées par le bruit aérien nocturne pris dans le PPBE ».
Cet objectif devait être atteint en négociant avec chaque compagnie de transport de passagers. Mais il semblerait que certaines discussions n’aient pas été fructueuses, car le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine s’est aperçu que celles qui maintiennent, voire augmentent, leur trafic nocturne sont toujours les mêmes : Ryan Air, Easy Jet et Volotea. « Ryan Air affiche une croissance de plus de 40% de ses vols de nuit pour les mois de juin et juillet, avec une augmentation de 55% pour les seuls décollages », dénonce l’association, pour qui « l’aéroport Toulouse-Blagnac se transforme en place low cost pour la nuit ».
Alors, pour limiter l’impact sanitaire, le CCNAAT interpelle les élus locaux et leur demande d’intervenir, ou de faire pression, afin qu’une période sans avions (avec dérogations limitées au strict minimum) soit instaurée. Celle-ci contraindrait les compagnies à « revenir à des programmations en début de nuit raisonnables », sous peine de sanctions économiques. C’est en tous cas l’un des amendements qu’a déposé le collectif au texte final de la consultation organisée par la préfecture auprès des différents acteurs de l’aéroport Toulouse-Blagnac, concernant le devenir de la plateforme. Les conclusions devraient être communiquées dans quelques jours, mais pour l’heure, l’association n’a que très peu d’espoir que sa proposition soit prise en compte.
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