À Toulouse, Isabelle Hardy (Génération.s) appelle à une union de la gauche pour battre Jean-Luc Moudenc en 2026. Déjà candidate à la tête d’une liste commune, elle prône un programme partagé, une gouvernance équitable et des propositions écologiques et sociales ambitieuses.
« Soit on veut témoigner, soit on veut gagner ! » Isabelle Hardy, conseillère municipale d’opposition à Toulouse, pose l’équation face « à 10 ans de politique libérale menée par Jean-Luc Moudenc ». Elle, veut gagner. Et sait que la victoire ne se dessinera que si toute la gauche s’unit lors des prochaines Municipales. Une initiative qu’elle appelle de ses vœux, et qu’elle se dit prête à représenter. « Régulièrement, des électeurs m’interpellent en me disant : “Débrouillez-vous pour faire une seule liste à gauche !” Alors, j’ai décidé de prendre mes responsabilités », précise celle qui a annoncé sa candidature pour devenir tête de liste d’un mouvement de rassemblement déjà en février 2024.
Mais si elle se dit capable de porter une candidature de l’union des gauches, « parce que le parti Generation.s que je représente fait le lien entre le socialisme et l’écologie, parce que j’ai de l’expérience (tant dans la majorité que dans l’opposition), parce que j’ai le travail en collectif chevillé au corps, et parce que je suis une femme », elle n’en fait pas une condition au rapprochement de son mouvement à une liste de rassemblement. « Je pense avoir tous les atouts, et je suis prête, mais je me soumettrai au mode de désignation de la tête de liste qui aura été décidé par tous les participants à une candidature d’union.
Sur le papier, tout semble clair. Seulement, la réalité est tout autre. Même si toutes les formations de gauche appellent au rassemblement, « on s’oriente vers au moins deux listes à gauche », analyse Isabelle Hardy. Elle évoque ainsi celle de La France Insoumise, « puisque François Piquemal semble vouloir partir seul, dans une démarche personnelle ». Car si l’actuel député de la 4e circonscription de Haute-Garonne avait dragué EELV en leur promettant la présidence de la Métropole, c’est finalement avec Archipel Citoyen que les Verts feront alliance. Une deuxième pourrait émerger si « le Parti socialiste perdure dans sa proposition d’union, mais derrière eux ». Et une troisième qui agrègerait les autres forces de gauche, si elles parviennent à se mettre d’accord.
Mais attention prévient Isabelle Hardy, « il n’existe plus de partis hégémoniques ni d’homme ou de femme providentiels ! Si nous n’arrivons pas à nous entendre, c’est la défaite assurée, et chacun en portera la responsabilité ! » Elle, prend la sienne et affirme discuter avec tout le monde. « Nous ne devons pas reproduire à Toulouse, la guerre à l’échelle nationale qui oppose les Insoumis au PS. Nous devons faire des compromis. Nous, nous accepterions la proposition de LFI d’une gouvernance partagée entre la Mairie et la Métropole », tout en confiant que seul un socialiste pourrait présider l’intercommunalité : « Je vois mal comment les maires des autres municipalités accepteraient une autre option ! »
Ce que prône Isabelle Hardy, ressemble à un Nouveau Front Populaire à la toulousaine. « Nous devons construire un programme commun, et ensuite désigner une tête de liste. La proposition d’Archipel Citoyen sur le mode de désignation par les membres de la liste est d’ailleurs intéressante », reconnaît-elle. Cela aurait le mérite, selon la représentante de Génération.s, de ne pas faire de place aux égos en amont, et d’obliger tout le monde à travailler ensemble. « Mais cela n’est possible que si toutes les forces sont réparties proportionnellement dans la liste… », précise-t-elle.
Dans cette potentielle union des gauches, Isabelle Hardy portera ses propositions, qui seront ensuite soumises à la coconstruction. « Elles répondent à l’urgence écologique, économique, sociale et démocratique », affirme-t-elle. Dans cette optique, elle avance l’idée d’un parlement citoyen de l’urgence climatique, une instance indépendante représentative qui évaluera toutes les politiques publiques sous le prisme écologique.
À commencer par les programmes d’urbanisme. À ce titre, elle souhaite repenser les quartiers comme l’a été le centre-ville, époque Joan Busquets, autrement dit époque Pierre Cohen. Ce qui signifie la reprise du projet d’octogone (ceinture des boulevards) : végétalisation, transports en commun, modes doux, cheminements piétons… Mais aussi, maîtrise du foncier : « Nous créerons une conférence de la ville par secteur, au sein de laquelle la Ville travaillera et échangera avec les professionnels de l’immobilier, les architectes, les urbanistes… afin que la puissance publique joue son rôle d’aménageur et cesse de céder son patrimoine aux promoteurs ! »
Elle évoque également le volet social et inclusif en proposant « une ville à hauteur d’enfants », en multipliant les espaces verts, les aires de jeux, les parcs, les jardins partagés, mais aussi en plaçant les écoles au centre des quartiers. Les rues dans lesquelles se trouvent des établissements scolaires seraient entièrement piétonnes (ou limitées à 10km/h), végétalisées et dépourvues de publicités. « C’est à tester ! » lance Isabelle Hardy, qui, par grosses chaleurs, expose même l’idée de faire l’école en plein air. Et pour les enfants, comme pour tous les Toulousains, elle veut maîtriser les biens communs en repassant la gestion de l’eau en régie publique et en municipalisant celle de parkings.
Dans cette liste non exhaustive dans laquelle figure encore l’insertion du RER métropolitain dans le réseau du service express régional métropolitain (SERM), la mise en place d’une tarification sociale sur l’ensemble du réseau Tisséo… la candidate à la candidature de gauche veut faire de l’alimentation une cause publique. « Les enjeux sont multiples : santé publique, pouvoir d’achat, souveraineté alimentaire, agriculture urbaine, développement économique, gastronomie, lien social… » Génération.s propose alors d’organiser de grandes Assises de l’alimentation et de lancer une expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation. Pour finir, le parti d’Isabelle Hardy suggère de programmer une Fête de l’alimentation, à l’image de celle de la musique…
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