En pleine campagne pour les élections législatives, se tient, ce jeudi 20 juin, un conseil de Toulouse Métropole ; l’occasion pour les élus locaux de clarifier leur position sur l’échiquier politique, mais aussi de se renvoyer les responsabilités de la montée du Rassemblement national (RN).
L’annonce, par Emmanuel Macron, de la dissolution de l’Assemblée nationale, au lendemain des Européennes a engendré un vent de panique dans le landerneau politique, tant à l’échelle nationale que locale. Alliances, repositionnements, dissidences… Les lignes se brouillent, s’amenuisent, ou se distendent. Alors, les élus métropolitains ont sauté sur la tenue du conseil de Toulouse Métropole ce jeudi 20 juin, pour clarifier leur position, notamment vis-à-vis du Rassemblement National (RN), en vue des prochaines élections Législatives.
Après la directive du président de leur parti, Eric Ciotti, de s’allier avec le Rassemblement National, les élus locaux Les Républicains sont particulièrement visés. « Où est passé la droite gaulliste ? » s’interroge Thomas Karmann, du groupe Métropole, Écologiste, Solidaire et Citoyenne (MESC). Selon lui, LR n’existe déjà plus dans le paysage de ces Législatives ; tout au plus « ce sont des candidats de droite, soutenus par le RN. Une coalition pour laquelle ils ne méritent plus, de toute façon, de s’appeler “Les Républicains” ! »
Et Maxime Le Texier, élu d’opposition du groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC), de demander à ses collègues de droite de se positionner : « Votre jeu est nauséabond ! Il n’y a certes pas d’élus du Rassemblement National dans cette assemblée, et nous ne vous qualifierons pas d’extrême droite… Mais vous devez faire un choix ! Quel LR a démissionné à l’annonce de l’alliance avec le RN ? » Une question à laquelle personne ne répond.
Clairement ciblé par l’invective, le Républicain Sacha Briand, vice-président de Toulouse Métropole, en charge des finances, avait déjà précisé qu’il s’opposait au nouveau positionnement de son parti (accord avec le RN) en signant une déclaration commune aux élus LR de Toulouse :
Le grand argentier métropolitain avoue appartenir à un mouvement « qui traverse une crise historique ». Cependant, il ne le quittera pas, « pour ne pas le laisser à ceux qui ont pris des décisions suicidaires et honteuses ». Sans jamais prononcer les mots “extrême droite” ou “Rassemblement National”, Sacha Briand se désolidarise donc du rapprochement voulu par Eric Ciotti et demande à ses détracteurs de ne pas considérer « tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions, comme un bloc unique et homogène, ennemi de la République ».
Ceci étant dit, les élus cherchent alors des responsables à la montée constatée des extrêmes. Pour Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, la faute est partagée : « Les forces qui ont été au pouvoir ces dernières années doivent s’interroger. Les Français se trouvent aujourd’hui dans le désarroi, et c’est un désaveu du gouvernement, mais les problèmes qui constituent le carburant des extrêmes sont plus anciens que le seul mandat d’Emmanuel Macron. »
Une analyse que l’opposition ne partage pas. Selon les élus de gauche, « la percée de l’extrême droite est de la responsabilité personnelle du président de la République », lance le communiste Pierre Lacaze. « C’est lui seul qui a décidé de la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est lui qui a mis en avant le RN aux Européennes en acceptant un débat avec Jordan Bardella. C’est encore à lui que l’on doit la casse des services publics, ou la crise du logement… », précise-t-il.
Dans le groupe Métropole Solidaire, Écologique et Démocratique, on est du même avis : « Je crois qu’Emmanuel Macron est responsable, tout particulièrement », estime Karine Traval-Michelet. Elle reproche également au président de la République d’avoir propulsé le RN sous les projecteurs lors des Européennes, mais aussi d’avoir « fait campagne en promettant le “En même temps” et d’avoir finalement pratiqué une politique de droite exclusivement ». Sans compter l’instabilité politique, économique et sociale dans laquelle les élections législatives anticipées plongent le pays.
Instabilité qui devrait durer selon Joseph Carles, président du groupe des Indépendants, et qui arrive au plus mauvais moment. A quelques jours des Jeux Olympiques, durant lesquels « le monde entier va nous regarder ». « La digue que nous avions dressée contre le Rassemblement National a cédé lors des Européennes. A nous de la reconstruire. Mais si elle craque définitivement aux Législatives, c’est au niveau local qu’il nous faudra nous mobiliser », exhorte le maire de Blagnac. Il pressent ainsi que la Métropole aura à s’investir sur des sujets nationaux, comme le logement, pour maintenir le développement de la collectivité territoriale.
Une observation qui fait consensus, et une responsabilité que les élus territoriaux semblent vouloir saisir. D’autant que « ici, à Toulouse Métropole, nous arrivons à bien travailler ensemble », souligne Joseph Carles. « Cela fait 10 ans que je travaille avec des familles de pensées différentes. Dans le respect des idées de chacun mais avec l’objectif commun de l’intérêt de nos concitoyens. C’est comme ça que l’on construit de grands projets », confirme Jean-Luc Moudenc.
Commentaires