Curieuse, audacieuse et persévérante, Suzanne Faure-Dupuy, jeune chercheuse toulousaine de 32 ans, incarne la réussite au féminin. Cette post-doctorante en biologie, qui étudie les effets du virus du rhume sur certaines cellules immunitaires, démontre au quotidien la légitimité des femmes dans l’univers scientifique. Suzanne Faure-Dupuy vient d’ailleurs d’obtenir le prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco “Pour les femmes et la science” ce mercredi 11 octobre. Voici son portrait.
« Certaines de mes collègues ont choisi de ne pas avoir d’enfants durant leurs premières années de travail, pour obtenir un poste », raconte Suzanne Faure-Dupuy, chercheuse en biologie à l’Institut Cochin de Paris. Autant dire que le terme “choisi” n’est pas vraiment adéquat. « Une situation inadmissible » pour la jeune femme de 32 ans, qui regrette que même si aucune allusion n’ait été mentionnée par un employeur lors d’une embauche, le spectre d’une potentielle grossesse plane constamment sur les post-doctorantes. « Nous sommes jeunes et cette éventualité pèse automatiquement lors d’un entretien », explique-t-elle. De son côté, elle n’a pas été confrontée à ce type de considérations, mais elle n’est pas dupe : « C’est parce que j’ai eu la chance d’avoir des direcTRICES de thèse et de recherche ! » Et si certaines acceptent leur sort, ce n’est pas son cas : « Je suis plutôt du style à répondre », avoue-t-elle, exhortant les femmes à ne pas se complaire dans cette situation et le système à changer.
Suzanne Faure-Dupuy, qui a reçu le prix Jeune Talent France 2023 L’Oréal-UNESCO “Pour les Femmes et la Science” ce mercredi 11 octobre, prendra part à ce combat : celui de l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment dans le milieu du travail. La recherche, dans lequel elle évolue ne déroge pas à la tendance discriminante. Et Suzanne Faure-Dupuy le sait, elle aura un jour sa propre équipe de recherche et en fera une bulle sécurisée pour les femmes. Car toutes n’ont pas la chance de pouvoir être épaulée par leur entourage : « Ma famille m’a toujours soutenu dans mes choix. Chez moi, il est important que chacun puisse se réaliser. » D’ailleurs, ils n’en sont pas peu fiers : « Ma grand-mère trouve que c’est magique d’avoir un docteur dans la famille, et mon père a pleuré quand j’ai eu ma thèse », précise la jeune femme.
Parce que oui, Suzanne Faure-Dupuy est docteur en biologie. Plus précisément, en virologie. Elle travaille actuellement sur les effets des rhinovirus (à l’origine des rhumes) sur l’organisme, et étudie de quelle manière ils modifient les fonctions de certaines cellules immunitaires (les macrophages). Des recherches qui la passionnent : « Comment une chose aussi petite qu’un virus parvient à générer des dégâts si importants sur le corps humain ? Cela me fascine ! » Pour le découvrir, elle mène une véritable enquête scientifique. C’est d’ailleurs ce qui lui plaît tant dans la recherche. A la sortie du lycée international de Colomiers où elle a obtenu le Bac, elle se prédestinait même à une carrière dans la police scientifique : « Comme tous les jeunes qui regardaient la série “Les Experts”, je voulais résoudre des crimes », se souvient-elle en souriant. Elle a alors entamé une licence de “biologie cellulaire et physiologie”.
Mais elle découvre alors le milieu de la recherche : la réponse parfaite à son désir de comprendre le monde et son intérêt pour les énigmes. Elle réoriente ses études vers la biologie santé et décroche un master 2 en virologie. Et c’est à Lyon qu’elle passera sa thèse pour vivre ensuite ses premières années post-doctorantes en Allemagne. De retour en France en 2022, elle décroche un poste de chercheuse à l’Institut Cochin de Paris, où elle officie encore et où sa curiosité, son audace, sa persévérance et son sens de la communication sont un atout. « Des qualités indispensables à un chercheur », selon la jeune femme.
Un travail passionnant mais chronophage, qui demande toujours plus d’investissements : « Aujourd’hui, un chercheur doit également savoir trouver des financements, communiquer sur les réseaux sociaux, manager une équipe, faire de la médiation scientifique… Et c’est parfois difficile de tout gérer », confie Suzanne Faure-Dupuy. D’où l’importance de se ménager, de s’accorder des moments de répit, « c’est une question d’équilibre », avance-t-elle. Elle s’aménage alors des moments privilégiés, durant lesquels elle ne pense plus qu’à elle : « Je fais de la gym et de la course », précise celle qui s’apprête à courir le “10 km Paris centre” ce dimanche 15 octobre. Mais sa passion première n’est jamais bien loin, même dans les moments de détente : « Je fais de la médiation scientifique sur une chaîne YouTube (Du Neuf Docteur ?) pour expliquer la science au plus grand nombre. »
Mais ce dont elle a absolument besoin pour décompresser… « c’est de redescendre en pays toulousain, là d’où je viens ! » Lorsqu’elle s’échappe de la Capitale, c’est pour se ressourcer à Colomiers et en Ariège où vit sa famille et où elle a grandi. Elle n’entend manquer aucune fête de famille et, assurément, « je serai là pour Noël », affirme-t-elle. D’autant que « les bonnes choses du Sud-Ouest me manquent : A Paris, par exemple, il est impossible de manger un magret rosé », s’indigne-t-elle en riant. Un sacrilège pour cette bonne vivante qui parvient aisément à allier vie privée et professionnelle, comme beaucoup de femmes dans le milieu de la recherche, et de manière générale…
Commentaires