Le Toulousain Aurélien Sanchez est le premier Français à remporter la Barkley Marathons. Cette course de 160 kilomètres à parcourir en 60 heures maximum se déroule chaque année dans le Tennessee aux Etats-Unis. L’ingénieur rêvait depuis six ans d’y participer. Il compte à présent s’attaquer à la Chartreuse Terminorum, la course la plus dure de France.
58 heures 23 minutes et 12 secondes. C’est le temps qu’il a fallu à Aurélien Sanchez, natif de Belvèze-du-Razès et actuellement Toulousain, pour finir la course des Marathons de Barkley, ou Barkley Marathons en anglais. Cette course, qui a lieu chaque année dans le Tennessee aux Etats-Unis, est considérée comme l’une des plus difficiles du monde de l’ultra-trail. En effet, la Barkley s’étend sur 160 kilomètres, comprend 20 000 mètres de dénivelé positif et cinq tours à parcourir en une durée maximale de 60 heures. « Il y a énormément de variables à gérer comme le dénivelé, la gestion du sommeil, de l’alimentation et de l’orientation », détaille l’ingénieur en électronique de 32 ans. Il est le premier Français à la remporter. Si ce résultat « fait plaisir » à Aurélien Sanchez, ce n’était toutefois pas son objectif.
« Le but était de finir la Barkley avec mon binôme Guillaume Calmettes et que nous soyons les deux premiers Français à la gagner », avoue-t-il. Mais son coéquipier a dû abandonner dans le troisième tour à cause d’une douleur au tendon d’Achille. C’était la troisième fois que Guillaume Calmettes prenait part à cette course. « Il méritait bien plus d’être le premier français à la remporter », estime Aurélien Sanchez qui, de son côté, rêvait de participer à la Barkley depuis 2017, après avoir passé quatre ans à arpenter le Grand Canyon. « Lorsque j’habitais à Phoenix en Arizona, je faisais beaucoup de randonnées et des parcours de plus en plus longs. J’ai alors voulu me donner un objectif plus important pour en apprendre plus sur moi-même. C’est à ce moment-là que j’ai découvert la Barkley sur Internet et ai décidé d’y participer », explique-t-il.
Mais le créateur de cette course, Gary Cantrell alias “Lazarus Lake”, n’avait pas accepté sa candidature jusqu’à présent. C’est effectivement lui qui sélectionne les coureurs. En attendant de pouvoir se frotter à la Barkley, le Toulousain s’y préparait physiquement et mentalement. « J’ai fait des courses similaires. J’ai notamment fini la Baldy Marathon en 2019 et j’ai fait la Chartreuse Terminorum en 2022 qui sont respectivement des versions californienne et française de la Barkley. Cela m’a permis d’acquérir de l’expérience », indique Aurélien Sanchez qui a aussi réalisé une traversée des Pyrénées en autosuffisance. Son CV de coureur bien étoffé et à force de montrer sa motivation à “Lazarus Lake”, le trentenaire a enfin été sélectionné pour participer à l’édition 2023 de la Barkley aux côtés d’hommes qu’il admire.
« Je ne me suis pas senti à ma place quand j’ai vu les autres coureurs alignés sur la ligne de départ. Il y avait énormément de personnes qui m’inspirent comme Guillaume Calmettes, Jared Campbell, Nick Hollon, John Kelly et Karel Sabbe », cite l’ingénieur. Il est justement arrivée juste devant ces deux derniers qui ont respectivement bouclé la course en 58 heures 42 minutes et 23 secondes et 59 heures 53 minutes 33 secondes. « Cela s’est très bien passé tout le long de la course. La première partie, je vivais mon rêve éveillé. La seconde s’est aussi bien déroulée, même si la cinquième boucle a été un peu compliquée comme je commençais à ressentir des douleurs. Mais je voyais la fin arriver et je me suis dit que je pouvais être finisher. C’était incroyable », se souvient Aurélien Sanchez.
Dans cette bataille de 58 heures avec lui-même, le coureur en a beaucoup appris quant à ses capacités de résistance et d’acceptation de soi. « Quand on sort de sa zone de confort, on découvre ses limites et faiblesses et cela permet de trouver quoi améliorer sur soi-même », relève le trentenaire. Il poursuit : « Cette course m’a permis de prendre du recul sur moi-même et de m’accepter comme je suis, avec mes défauts et qualités. » Cela devrait lui permettre de mieux appréhender son prochain défi sportif. Aurélien Sanchez compte effectivement s’attaquer une seconde fois à la Chartreuse Terminorum au mois de juin. Cette course nature de type ultrafond et de 300 kilomètres est considérée comme la course la plus dure de France. Organisée depuis 2017 dans la Forêt domaniale de Grande Chartreuse en Isère, elle n’a jamais été gagnée.
« Je cherche à la finir, pas forcément à la remporter », précise l’ingénieur qui n’avait pas réussi à la terminer l’année dernière par, notamment, « manque d’expérience, de connaissance du parcours et de sommeil. » Après la Chartreuse Terminorum, le Toulousain ne fera pas d’autres courses cette année. « Avec la préparation que cela implique, deux objectifs par an me suffisent amplement », juge-t-il. Se préparer pour de telles courses demande en effet beaucoup de sacrifices, même pour quelqu’un comme Aurélien Sanchez dont l’ultra-trail est « la passion principale. » « J’ai aussi envie de passer mon temps libre à faire autre chose que m’entraîner. Je veux pouvoir profiter de ma famille, de mes amis et de ma chérie, Lucille », confie Aurélien Sanchez.
Depuis peu, il partage toutefois son goût pour l’ultra-trail avec sa compagne. « Nous avions déjà pour passion commune l’amour de la montagne, les randonnées et sorties, puis ma chérie a commencé l’ultra-trail l’année dernière. C’est la cerise sur le gâteau », sourit Aurélien Sanchez qui a ainsi pu faire le Grand Raid des Pyrénées aux côtés de sa compagne. Le coureur, qui a également quelques amis adeptes de l’ultra-trail, conseille à ceux qui voudraient se lancer dans cette discipline : « Faites ce que vous voulez, sans trop vous poser de questions. » C’est d’ailleurs exactement ce que le Toulousain a appliqué à lui-même. « Je n’ai pas réfléchi 50 fois avant de me lancer. J’ai fait des ultra-trails tout de suite, sans passer par le marathon ou le 100 kilomètres », raconte le trentenaire.
En effet, la première course d’Aurélien Sanchez était la John Muir Trail en 2017, une course de 359 kilomètres dont il ne parvient pas à venir à bout. « J’aime bien sauter des étapes et si ça se passe mal, j’apprends de mes erreurs », déclare le Toulousain qui tente cette course une deuxième fois l’année suivante. Mais il est de nouveau contraint d’abandonner. « La première fois, j’étais complètement inexpérimenté et la deuxième, j’avais un trop plein de confiance », considère-t-il. L’ingénieur ne se laisse pas abattre. Huit jours après sa seconde tentative, il s’attaque de nouveau à cette course et la termine en trois jours 55 minutes et 10 secondes, devenant alors le nouveau détenteur du record de la traversée du John Muir Trail. À n’en pas douter, Aurélien Sanchez en aura fait du chemin en seulement quelques années…
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