À peine le permis de construire validé, le président de la Compagnie de Phalsbourg et promoteur du projet de la tour Occitanie à Toulouse, Philippe Journo, a lancé des menaces de poursuites judiciaires envers les associations opposées au projet. Celles-ci dénoncent des tentatives d’intimidation et réaffirment leur engagement pour la défense de l’intérêt général.
Le débat autour de la construction de la tour Occitanie à Toulouse continue de susciter de vives tensions entre les acteurs engagés, en particulier entre le promoteur, Philippe Journo, président de la Compagnie de Phalsbourg, et les associations locales opposées au projet. Alors que le Conseil d’État a récemment validé le permis de construire, mettant un terme aux six années de procédures judiciaires lancées par les opposants, la controverse s’est intensifiée avec les propos de Philippe Journo dans une interview accordée à nos confrères de La Dépêche du Midi.
Dans ses déclarations, Philippe Journo exprime une satisfaction envers la décision du Conseil d’État, mais aussi une colère ouverte contre les associations, qu’il qualifie de « traîtres au territoire ». Il menace en outre de poursuivre ces opposants en justice s’ils cherchent à contester d’éventuels permis modificatifs, avançant une somme de 40 à 50 millions d’euros en guise de réparation financière pour les possibles retards supplémentaires.
Ces propos n’ont pas tardé à faire réagir les associations, qui, dans un communiqué transmis au Journal Toulousain, dénoncent des « tentatives d’intimidation » et des « injures publiques » de la part du promoteur. Les opposants rejettent vigoureusement l’accusation de « trahison ». Ils déclarent : « Le terme de “traîtres” est infamant pour les opposants, qui appartiennent à des associations agissant dans le domaine du logement social, de l’urbanisme et de l’environnement face aux menaces déjà bien réelles du réchauffement climatique, de la pénurie d’eau et de la pollution de l’air. Nous ne sommes en rien des traîtres mais des citoyens, qui agissons pacifiquement dans le cadre des pratiques républicaines. »
Les associations ajoutent : « Nos recours juridiques ont toujours été et seront toujours déposés dans le cadre d’un intérêt à agir et étayés par des arguments légitimes tenant à l’intérêt général. Les recours qu’exercent nos associations et qu’exerceront le cas échéant, sont commandés par les carences des porteurs de projets dans la prise en compte des enjeux, climatiques, environnementaux ou sociaux. Nous les mettons en évidence dans nos actions, quand celles-ci sont nécessaires, parce qu’en absence de concertation suffisante pour justement vérifier les attentes et besoins des citoyens, les enjeux de santé publique liée aux pollutions, la nécessité de tirer les leçons de l’aggravation des événements climatiques auxquels nous sommes confrontés sont ignorés par les porteurs de projets. »
De plus, le communiqué des associations pointe certaines contradictions dans les arguments avancés par le promoteur de la tour Occitanie : « Le promoteur nous menace si nous décidions d’exercer un recours au futur permis modificatif de nous “ruiner” en nous réclamant une somme de 30 millions d’euros. Cette somme représentant, selon Philippe Journo, le préjudice dû au retard des travaux. Mais celui-ci se contredit quand il cite également dans cet entretien comme explication du retard : 2 fois le mot “Covid”, “la situation internationale” et “la crise économique”. En effet, ce ne sont pas les opposants au gratte-ciel qui ont inventé le Covid, la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêts et l’inflation, ni même la récession rampante actuelle. »
En réponse, les associations réaffirment leur droit à contester tout futur permis modificatif : « Comme la loi autorise toute personne physique et morale et comme la loi nous y autorise pendant 2 mois après sa publication, nous nous réservons la possibilité de déposer un recours amiable puis éventuellement un recours contentieux contre un éventuel permis modificatif s’il y avait des fondements légitimes à le faire. »
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