La chaleur qui s’est installée depuis le début du mois se poursuit cette semaine. Les maximales prévus seront comprises entre 30 et 34 °C. Cette sécheresse en Occitanie est exceptionnelle par sa précocité, sa durabilité. Le manque d’eau inquiète les agriculteurs de la région.
“La dernière précipitation remonte au 23 avril. S’il ne pleut pas dans les jours à venir, les pertes seront conséquentes”. C’est le constat de Christel Carpentier, productrice de colza et référente en irrigation pour la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne. Elle prévoit une perte de 50 % de son rendement. Selon l’agroclimatologue Serge Zaka, “les pertes de productivité vont être chiffrées au maximum pour les sols superficiels à environ -15 %. Ce pourcentage est conséquent économiquement parlant. Il faut noter que cela peut descendre jusqu’à -40 % si jamais il n’y pas d’eau qui revient avant l’été.”
Inquiets devant la situation, les agriculteurs espèrent la venue de la pluie dans les prochains jours. “Si nous avions 60 millimètres qui tombent chaque semaine, cela serait très bien”, espère Christel Carpentier. Elle ajoute : “Pendant deux ans, nous n’avons pas pu implanter du colza sur le territoire car les conditions météo ne le permettaient pas. Nous avons eu un mois d’août et de septembre secs. Or, ce sont les périodes importation du colza. On ne peut pas revivre la même situation cette année”.
Les cultures les plus touchées par cette sécheresse en Occitanie sont le blé, le pâturage et celles de printemps. Dans le détail, “pour les céréales, la période de fin avril à juin est le moment le plus sensible pour la sécheresse”, poursuit Serge Zaka. “En effet, les rendements sont fragilisés puisque le nombre d’épis, de grains par épi et la taille des grains se mettent en place”. Concernant les prairies, “s’il y a une sécheresse au cours du printemps, il y aura très peu de production de fourrage pour nourrir les animaux. À cette période du printemps, c’est le plus haut pic de production de l’année. Si ce n’est pas possible de stocker pour cet été, il va être difficile d’alimenter le bétail”, précise l’agroclimatologue.
Si le temps sec et chaud perdure à long terme, les cultures de printemps, comme le tournesol, la betterave, et le maïs, pourraient aussi être affectées. Serge Zaka explique : “Étant donné que les plantes ont des racines très faibles puisqu’elles viennent de germer, elles vont puiser l’humidité sur les premiers centimètres du sol. Or, l’humus est très sec sur les premiers centimètres, donc cela ne permet pas d’avoir une germination optimale des cultures de printemps. Dans le pire des cas, il faut détruire la culture pour ressemer une autre quand il va repleuvoir”. L’année 2022 pourrait bien se trouver dans la lignée des périodes de grandes sécheresses de 1976, 1993, 1997 et 2011. Toutefois, “nous ne sommes pas au niveau des records de 1976, mais on se rapproche fortement. Donc, tout se décide dans les jours à venir”, alerte l’agroclimatologue.
Liliana Brel
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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