Si l’activité économique a ralenti en Occitanie en 2023, la région limite la casse grâce à la reprise de l’aéronautique. Et celle-ci s’en sort mieux que la France métropolitaine, malgré l’inflation.
La hausse des prix et des taux d’intérêt ont mis un frein à la croissance de l’Occitanie en 2023. En effet, le volume de travail rémunéré par les entreprises privées, hors agriculture, n’a augmenté que de 1,4% au quatrième trimestre par rapport à 2022, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui vient de publier le bilan économique de la région pour l’année dernière. En comparaison, il avait progressé de 2,2% à la même période en 2022 par rapport à 2021. Malgré tout, ce ralentissement de l’activité reste assez contenu en Occitanie.
« La croissance se maintient mieux dans la région qu’en France », souligne Caroline Jamet, directrice de l’Insee Occitanie. Pour preuve, l’activité a seulement augmenté de 0,9% au quatrième trimestre 2023 au niveau national. L’Occitanie limite donc la casse grâce, notamment, à l’industrie. « C’est dans ce secteur que l’activité progresse le plus », note Lionel Doisneau, responsable des études économiques à l’Insee Occitanie. Le volume de travail rémunéré a ainsi augmenté de 3% dans l’industrie en Occitanie au quatrième trimestre 2023 « du fait de la reprise dans l’aéronautique », informe-t-il.
Au niveau départemental, ce sont la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées qui s’en sortent le mieux. L’activité y progresse effectivement de 2,6% entre les quatrièmes trimestres 2022 et 2023 grâce également à la reprise de l’aéronautique. « Ces deux départements enregistrent les plus fortes augmentations de France métropolitaine après les Alpes-Maritimes », relève le responsable des études économiques. En Aveyron (+1%) et dans le Tarn-et-Garonne (+1,4%), la croissance résiste grâce à une hausse du volume de travail rémunéré dans la construction.
Elle progresse bien plus faiblement en Ariège (+0,4%) et dans le Lot (+0,8%) et ralentit même dans les quatre départements du littoral, c’est-à-dire l’Aude (+0,3), le Gard (+0,9%), l’Hérault (+1,2%) et les Pyrénées-Orientales (-0,1%), qui sont affectés par la baisse d’activité dans le secteur de la construction. Et une diminution de l’activité est constatée dans le Gers (-0,3%), le Tarn (-0,3%) et la Lozère (0,5%). « Ce recul est dû aux secteurs de la consommation des ménages, en lien avec le contexte de forte inflation », spécifie Lionel Doisneau.
Si le ralentissement de l’activité reste contenu en Occitanie, il impacte l’emploi. En 2023, la région recense effectivement 15 100 salariés supplémentaires. Ce qui représente une hausse de 0,7%, après une de 1,6% en 2022. Avec 9 100 nouveaux salariés, ce sont les services non marchands qui ont été le secteur le plus créateur d’emplois. Viennent ensuite les services marchands hors intérim (+7 300) et l’industrie (+5 000), supportée par la filière aérospatiale au sein de laquelle le nombre de salariés a augmenté de 4,7% en 2023, contre 3,9% l’année précédent.
En revanche, l’intérim a perdu des emplois (-3 600), la construction également (-1 900) à cause de « la chute des mises en chantier de logement neuf », précise Lionel Doisneau. Le secteur est effectivement victime du contexte inflationniste et du resserrement de la politique monétaire. Ainsi, seulement 31 200 logements ont été mis en chantier en 2023, soit une baisse de 23% par rapport à 2022. « Cette forte chute n’est pas propre à l’Occitanie », révèle-t-il. La construction de logements neufs a effectivement fléchi de 24% au niveau national.
De son côté, le chômage repart à la hausse. Il monte de 0,4% pour s’établir à 8,9% en Occitanie, contre 7,5% en France. « Elle est la deuxième région de métropole où le taux de chômage est le plus élevé », souligne le responsable des études économiques. Celui-ci a augmenté dans tous les départements d’Occitanie en 2023, mais les quatre du littoral enregistrent les hausses les plus fortes. « Ils font partie des six départements où le taux de chômage est le plus élevé en France. Les Pyrénées-Orientales en tête », indique-t-il.
Dans le même temps, la demande d’emploi augmente. Au quatrième trimestre 2023, 549 030 personnes sont inscrites à France Travail en catégories A, B ou C dans la région. Ce qui représente une hausse de 0,6% en 2023, après une baisse de 3,8% en 2022. Avec la contraction du secteur de l’intérim, le nombre d’inscrits augmente nettement chez les moins de 25 ans qui sont davantage recrutés sous cette forme de contrat. La demande d’emploi est stable chez les personnes plus âgées inscrites à France Travail.
Autre indicateur de la croissance : les créations d’entreprises. Celles-ci sont aussi nombreuses qu’en 2022. En tout, 96 400 entreprises ont été créées en 2023. Dans le détail, les créations sous le régime du micro-entrepreneur augmentent (+5 %), alors que celles d’entreprises individuelles classiques diminuent (-4%), tout comme celles de sociétés (-11 %). Mais leur nombre est tout de même supérieur à celui de l’avant-Covid.
Les défaillances sont elles en forte hausse par rapport à 2022 (+41%). « C’est un mouvement de rattrapage », déclare Lionel Doisneau avant de rappeler que les défaillances étaient beaucoup moins nombreuses grâce aux mesures de soutien mises en place comme les prêts garantis par l’État. Cette forte hausse est effectivement moindre si on la compare aux chiffres de la période avant-Covid. Ainsi, les défaillances sont en baisse de 6% par rapport à la période 2010-2019.
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