Le tribunal correctionnel de Foix a condamné ce mardi un chasseur de 81 ans à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir tué l’ourse Caramelles, lors d’une battue au sanglier en 2021. Son groupe devra verser plus de 50 000 euros de dommages aux institutions et associations écologistes.
C’est le dernier ours tué par l’homme dans les Pyrénées. Le 20 novembre 2021, dans la réserve naturelle du Mont-Valier, à Seix en Ariège, une battue au sanglier se termine tragiquement : Caramelles, une ourse de 150 kg accompagnée de ses deux oursons, est abattue par un chasseur. Près de trois ans après les faits, le tribunal correctionnel de Foix a rendu son verdict ce mardi 6 mai.
Le chasseur aujourd’hui âgé de 81 ans, qui comparaissait pour la destruction d’une espèce protégée, a été condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, 750 euros d’amende (deux contraventions de 200 euros et une de 350 euros), la confiscation des armes saisies lors de l’instruction, ainsi que le retrait de son permis de chasse, avec interdiction d’en demander la délivrance pendant six mois. L’homme était placé sous contrôle judiciaire depuis février 2023.
Quinze autres chasseurs et chasseuses sont impliqués dans la battue illégale, notamment pour chasse dans une réserve de faune sauvage ou chasse sur le terrain d’autrui. Ils écopent de diverses contraventions de plusieurs centaines d’euros chacun.
Le tribunal ordonne également que le groupe de chasseurs verse plus de 50.000 euros de dommages et intérêts à sept associations de protection de la nature et institutions, parmi lesquelles Pays de l’Ours-Adet (15 000 euros), Férus (10 000 euros), la Ligue pour la protection des oiseaux (10 000 euros), ou encore l’Office national des forêts (6.000 euros). Seule la demande de Sea Shepherd a été rejetée. Les chasseurs disposent de dix jours pour faire appel.
Lors de l’audience du 19 mars dernier, le procureur avait requis une peine plus lourde : quatre mois de prison avec sursis, 1 800 euros d’amende, ainsi que deux ans d’interdiction de port d’arme et de permis de chasse. Le prévenu avait expliqué avoir agi en légitime défense, affirmant que l’ourse l’avait attaqué à deux reprises avant qu’il ne réplique avec son arme : « Elle me bouffait la jambe, j’ai réarmé et j’ai tiré », a-t-il déclaré à la barre, selon les propos rapportés par La Croix.
L’affaire Caramelles rappelle celle de Cannelle, abattue en 2004 dans les Pyrénées-Atlantiques. L’auteur avait finalement été condamné à indemniser les parties civiles. Ces événements sont d’autant plus symboliques que l’ours brun reste une espèce fragile dans les Pyrénées. Malgré les lâchers organisés depuis 1996 dans le cadre d’un programme européen, on recense à peine une centaine de bêtes dans le massif, principalement en Ariège.
Dans un communiqué publié après le jugement, l’association Pays de l’Ours-Adet a salué « un verdict justifié » et espère que cette décision marquera « le début d’une prise de conscience locale ». Elle appelle à une cohabitation apaisée entre faune sauvage et chasseurs.
Chloé Decoursier
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