Le tourisme va-t-il résister aux fortes chaleurs en Occitanie ? D’ici 2050, la moitié de la région y sera exposée. Et les lieux touristiques, comme le littoral, seront particulièrement impactés par ces épisodes de fortes chaleurs.
Avec 17,5 millions de touristes accueillis en 2023, l’Occitanie est la 4e région la plus touristique de France. Mais cela pourrait bien changer dans les années à venir. En cause : les fortes chaleurs. Déjà, « les touristes semblent modifier leurs choix de destinations pour les éviter », comme le constate l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une récente étude réalisée en partenariat avec le Comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie. Pour preuve, la fréquentation touristique en été augmente plus vite dans les campings des départements comme la Bretagne ou la Normandie que dans ceux du littoral méditerranéen. Il faut dire que l’Occitanie a vécu des étés particulièrement chauds et même caniculaires ces dernières années. Les températures ont ainsi souvent dépassé les 35°C, et même les 40°C, dans plusieurs départements en 2022 et 2023.
« Des niveaux rarement atteints autrefois », souligne l’institut. Mais cela va devenir de plus en plus fréquent. « Les simulations climatiques les plus récentes confirment que ces phénomènes s’accentueront au cours des 25 prochaines années », annonce l’Insee. Et « l’Occitanie est une des régions de France métropolitaine qui sera la plus exposée à des épisodes fréquents de fortes chaleurs, à la fois diurnes et nocturnes ». Ainsi, la moitié de la région sera impactée par des fortes chaleurs à répétition en 2050, contre 12% du territoire en 2030 et seulement 2% en 2005. Les lieux touristiques ne seront pas épargnés. Loin de là.
« 72% des lits des hébergements collectifs touristiques de la région sont situés dans des zones où les températures élevées seront les plus fréquentes à l’horizon 2050, avec plus de 35 journées où les températures dépasseront 30°C, ou plus de 50 nuits tropicales par an », détaille l’Insee dans son étude. Le premier impacté : le tourisme balnéaire. Les fortes chaleurs seront effectivement prédominantes sur le littoral, principalement le Gard et l’Hérault « départements les plus chauds de la région ». « L’impact sera fort sur l’offre touristique régionale, 39% du parc d’hébergements touristiques marchands étant situés sur le littoral. À l’horizon 2050, ces territoires seront soumis à plus de 35 journées de fortes chaleurs et à plus de 50 nuits tropicales par an », prévoit l’institut.
Mais ils ne seront pas les seuls à subir les fortes chaleurs à répétition. Celles-ci toucheront également les territoires de la plaine de la Garonne et le Nord-Ouest de la région à horizon 2050. En clair, le Tarn-et-Garonne, le Lot, le Nord de la Haute-Garonne et du Gers, ainsi que l’Ouest du Tarn seront impactés avec « plus de 35 journées très chaudes et plus de 10 nuits tropicales par an ». La Lozère et les Hautes-Pyrénées seront les départements les moins soumis aux fortes chaleurs. « Le nombre de journées à plus de 30°C étant nettement en dessous du seuil de 35 par an. Dans le massif pyrénéen, les 30°C en journée seront atteints essentiellement dans le piémont », peut-on lire dans l’étude. Toutefois, les Pyrénées subiront une autre conséquence du changement climatique : une baisse de l’enneigement naturel qui mettra à mal le tourisme hivernal.
Si l’on regarde maintenant par type d’hébergements, ce sont, évidemment, les campings qui seront les plus exposés aux épisodes de fortes chaleurs. « 76 % des lits se situent dans des zones où ils seront fréquents, majoritairement sur le littoral », indique l’institut. Problème, l’Occitanie est la première région en nombre de campings. « L’hôtellerie de plein air assure les deux tiers de la capacité d’accueil en hébergements collectifs marchands avec environ 474 000 lits touristiques ». Toutefois, ceux-ci, qui se trouvent principalement dans des campings classés 4 ou 5 étoiles, sont « souvent climatisés, installés sur des terrains équipés de piscine, sont plus adaptés aux périodes caniculaires que les emplacements de camping non équipés, plus présents dans les zones rurales et en montagne », estime l’Insee. D’ailleurs, leur fréquentation continue d’augmenter au fil des ans.
Les fortes chaleurs impacteront également les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) comme les résidences de tourisme ou les villages vacances, surtout implantés sur le littoral et dans les stations de sport d’hiver. « Deux lits touristiques sur trois des AHCT de la région sont situés dans des zones qui seront soumises fréquemment à de fortes chaleurs à l’horizon 2050 », révèle l’étude. Quant aux hôtels, « plus de la moitié de leurs lits se situent dans un territoire où les fortes chaleurs seront fréquentes ». Ceux dans les zones urbaines seraient les plus touchés. L’offre d’hébergements locatifs serait aussi concernée puisque « les trois quarts de sa capacité touristique se situent dans des lieux qui seront exposés fréquemment à des épisodes de chaleur » : le littoral et l’arrière-pays méditerranéen. Enfin, si « seulement 2% des lits touristiques des résidences secondaires sont situés dans des zones fréquemment soumises à de fortes chaleurs » actuellement, « cette part s’élèvera à 61% des lits selon les prévisions climatiques » à horizon 2050.
Autant d’hébergements qui devront donc s’adapter aux fortes chaleurs pour continuer à attirer les touristes. Un enjeu conséquent lorsque l’on sait que le tourisme génère 7% de l’emploi marchand de la région Occitanie. Ce qui représente 125 000 emplois en moyenne sur l’année et jusqu’à 180 000 en été. « Le tourisme joue un rôle majeur dans l’économie régionale », appuie l’Institut national de la statistique et des études économiques.
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