Une cagnotte en ligne a été lancée par l’association “Le Choix” afin d’aider Bernard Senet, médecin à la retraite. Le docteur, qui a exercé dans le Vaucluse, est mis en examen depuis 2021 pour « incitation au suicide », « propagande en faveur de produits permettant de donner la mort » et « contrebande de marchandises dangereuses pour la santé publique ». Il comparaîtra à l’automne prochain devant le tribunal judiciaire de Paris.
L’association “Le Choix” a récemment lancé une cagnotte en ligne. L’objectif : aider Bernard Senet, médecin à la retraite. Ce dernier est accusé d’avoir aidé à mourir une vingtaine de ses patients, mais aussi de « propagande en faveur de produits permettant de donner la mort » et de « contrebande de marchandises dangereuses pour la santé publique ». Il sera jugé en septembre prochain devant le tribunal judiciaire de Paris.
Bernard Senet a exercé la médecine générale à Velleron, dans le Vaucluse, avant de prendre sa retraite en 2016. Tout au long de sa carrière, il s’est engagé activement pour le droit des personnes en fin de vie à choisir leur départ. « Pour moi, l’accompagnement va jusqu’au bout », déclare-t-il. Il a ainsi accompagné une vingtaine de ses patients dans cette démarche, en les aidant à se procurer du pentobarbital, un barbiturique interdit en France, utilisé notamment pour l’aide au suicide.
C’est en 1994 qu’il aide pour la première fois un patient à mourir. Après cela, il n’a cessé de témoigner dans les médias pour « défendre le droit à mourir dans la dignité ». Il se souvient encore d’un de ses premiers patients qu’il a aidé : « C’était une fille de 12 ans, qui s’est battue pendant 2 ans contre un cancer très dur. Elle a tout fait ; chimio, opération… Elle avait des métastases partout et était paralysée. Le jour de ses 14 ans elle m’a dit : “Je veux que tu m’aides à partir maintenant”. ».
En 2021, une enquête a été ouverte suite à un trafic présumé de pentobarbital entre le Mexique, les États-Unis et la France. C’est à ce moment que Bernard Senet a été mis en examen. « Avant ça je n’avais jamais été inquiété », affirme le médecin qui nie avoir commandé ou distribué le produit. Bernard Senet assure que ses patients se le procuraient eux-mêmes à l’étranger, notamment au Mexique ou aux États-Unis, grâce à ses recommandations. Il explique : « Je ne faisais que transmettre les coordonnées à mes patients qui souhaitaient mourir ».
Bernard Senet, qui tient à préciser qu’il n’accompagnait que des patients qu’il suivait depuis plusieurs années, déclare ne pas être inquiet face à ces accusations : « Je me sens relativement bien. Ces accusations permettent de donner plus de visibilité à l’acceptation de l’euthanasie et l’aide médicamenteuse. » Il estime d’ailleurs que le recours à cette dernière reste marginal : « En France, il y a entre 8000 et 12 000 personnes qui meurent par l’aide médicamenteuse par an. »
Face aux coûts liés à la défense du médecin, l’association “Le Choix”, qui milite pour le droit à une fin de vie choisie et digne, a relancé une cagnotte en ligne au mois de mars dernier. Cette initiative fait suite à « une première collecte en 2021, qui avait permis de financer les premiers honoraires de son avocate », comme l’explique une membre de l’association. D’après cette dernière, Bernard Senet « voulait faire avancer les choses ».
Et justement, quand on l’interroge au sujet du projet de loi sur la fin de vie proposé par le gouvernement, le médecin se montre prudent. Il critique la division entre soins palliatifs et aide à mourir, séparés dans deux textes différents : « Je crains que ce ne soit une tactique de la part du gouvernement. C’est-à-dire, de proposer de financer plus et d’embaucher plus de personnels pour les soins palliatifs, et une fois que cela est adopté, de laisser tomber l’aide à mourir. »
Jade Verbeke
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