Les finances de la Ville de Castres étudiées par la chambre régionale des comptes d’Occitanie. Dans son rapport d’observations définitives, publié ce lundi 20 octobre 2025, elle dresse un constat préoccupant des comptes et de la gestion de la commune.
« Une situation financière dégradée et une gestion budgétaire et comptable à améliorer », c’est le constat de la chambre régionale des comptes (CRC) d’Occitanie. Elle a procédé au contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Castres, dans le Tarn, pour les exercices 2019 et suivants, et a rendu public son rapport d’observations ce lundi 20 octobre 2025.
La CRC estime que la situation financière de la ville est « critique du fait d’une contraction de son épargne, les charges de gestion évoluant à un rythme plus rapide (+12,9 % entre 2019 et 2024) que les produits (+9 %) ». Une épargne utilisée, d’après la chambre régionale des comptes, à plus de 82% pour rembourser le capital de la dette, soit l’argent emprunté. Celle-ci précise : « L’encours de dette consolidé s’est maintenu à un niveau élevé (88 millions d’euros soit plus de 135 % des produits de gestion) et la capacité de désendettement consolidée de la commune est de 10,7 années en 2024 ». Ce qui signifie qu’il lui faudrait plus de 10 ans pour rembourser sa dette si elle y consacrait toute son épargne annuelle. Une façon de faire « difficilement soutenable dans la durée » pour la CRC. « Compte tenu de ces contraintes, la commune devrait engager une réflexion sur son programme pluriannuel d’investissement afin de s’assurer de sa soutenabilité financière et, dans cette perspective, examiner les mesures à mettre en œuvre pour maîtriser ses charges afin de reconstituer sa capacité d’autofinancement », suggère-t-elle.
La chambre régionale des comptes pointe également « une importante sous-évaluation par la commune du plafond de dépenses nécessaires pour mener ses opérations de travaux. À cela s’ajoute un retard significatif dans la comptabilisation des immobilisations qui retarde d’autant l’amortissement des biens concernés (22 millions d’euros à ce jour) et, le cas échéant, la perception des recettes liées à la compensation de la TVA ». Elle estime également que « le caractère récurrent et forfaitaire des subventions versées aux services publics industriels et commerciaux les assimile à des subventions de fonctionnement proscrites par le code général des collectivités territoriales. Elles font peser sur le contribuable des charges qui devraient être supportées par les usagers de ces services ».
Avec 102 acquisitions foncières réalisées ces dernières années, la Ville de Castres et l’établissement public foncier local, désireux d’agir sur le territoire, affiche une activité immobilière soutenue. Toutefois, dans son rapport, la CRC regrette « l’absence de stratégie patrimoniale formalisée pour encadrer ces opérations, qui permettrait de mettre en cohérence la politique immobilière menée avec les objectifs que la commune indique poursuivre, à savoir la requalification urbaine du centre ancien ou du quartier Laden Petit Train, la production de logements sociaux ainsi que le maintien de la diversité des commerces ».
La chambre régionale des comptes pointe une gouvernance « accordant une large délégation au maire ». « Même si les comptes-rendus des décisions sont systématiquement réalisés, le conseil municipal n’est informé qu’a posteriori des décisions prises. Cette organisation concentre la responsabilité des actes pris sur la seule personne du maire », avance-t-elle. Pour la CRC, le maire « a pris la responsabilité de décisions juridiquement fragiles ». Dans son rapport d’observations, la Cour des comptes relève également plusieurs situations qui, selon elle, soulèvent un risque de conflit d’intérêts. Elle estime que certaines décisions du maire n’ont pas été « motivées par l’intérêt général », comme l’utilisation du droit de préemption pour acquérir une parcelle, revendue ensuite à un conseiller municipal pour un prix trois fois inférieur à celui du marché.
« Dans le domaine de la commande publique, certains des marchés publics ont été attribués à des entreprises qui entretenaient une relation privilégiée avec la commune car apportant leur soutien financier au titre du mécénat », explique la CRC. Elle donne aussi l’exemple d’une « rémunération sans fondement légal de plus de 330 000 euros pour les années 2020 à 2023 » à un proche collaborateur du maire, ce dernier étant également président de la société publique locale Eaux de Castres Burlats.
« Ces situations relevées par la chambre se sont produites alors même que la commune s’est dotée de certains dispositifs, dont la charte de l’élu local, visant à prévenir le risque de conflit d’intérêts. En l’occurrence, ils se sont avérés inopérants », constate la juridiction financière. Ainsi, elle appelle la commune à renforcer sa stratégie de prévention des conflits d’intérêts et à appliquer plus strictement les règles en la matière.
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