Le chantier de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres peut reprendre. En effet, la cour administrative d’appel de Toulouse a tranché, ce mercredi 28 mai, en faveur d’un sursis à exécution, autorisant la relance des travaux suspendus depuis fin février. Cette décision, interprétée comme une victoire judiciaire pour les pro-A69, provoque une onde de choc chez les opposants.
Le Tarn est en ébullition. Ce mercredi 28 mai, la cour administrative d’appel de Toulouse a tranché et autorisé la reprise du chantier de l’A69 entre Verfeil et Castres. En effet, elle a suspendu les jugements du 27 février dernier qui avaient alors entraîné l’arrêt des travaux. Elle a justifié cette décision de la manière suivante : « La cour administrative d’appel de Toulouse prononce le sursis à l’exécution des jugements rendus le 27 février 2025 […] annulant les autorisations environnementales délivrées par l’État. »
Ainsi, la reprise du chantier de l’A69 relance le clivage existant entre les partisans du projet et les opposants déterminés à faire reconnaître son illégalité.
Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir sur les réseaux sociaux ou par voie de communiqués de presse. D’abord, le collectif La Voie Est Libre, engagé contre l’A69, dénonce une décision expéditive et politiquement biaisée : « Sursis à exécution : une décision lapidaire pour un dossier hautement politique ». Le collectif fustige l’absence de justification sérieuse de la décision : « Les juges du sursis à exécution ont évacué en une seule phrase les arguments avancés par les associations (…) C’est consternant et c’est un manque de respect criant envers le justiciable ! ».
Il s’inquiète aussi des conséquences environnementales : « C’est en reprenant les travaux que les conséquences seront irréversibles ». Confiant sur la suite de la procédure au fond, le collectif anticipe « un nouveau fiasco lorsque la cour d’appel confirmera l’annulation des autorisations environnementales fin 2025/début 2026 ». Par ailleurs, deux rassemblements ont d’ores et déjà été annoncés en fin de journée de ce mercredi 28 mai. Les opposants donnent rendez-vous dès 18h30, sur le parvis de la gare Matabiau à Toulouse et devant les préfectures du Tarn et de la Haute-Garonne.
Des propos que la députée LFI de Haute-Garonne, Anne Stambach-Terrenoir, rejoints : « Le sursis à exécution est accepté. Les travaux de l’absurde et destructrice A69 vont reprendre ». Elle dénonce une décision aux lourdes implications : « Cette décision mettra les magistrats de la cour d’appel devant le fait accompli, et entérine donc le droit de détruire l’environnement en piétinant la loi ». Selon elle, cette reprise incarne « une nouvelle forme de pouvoir autoritaire » que son camp politique s’engage à combattre « de toutes nos forces ».
En revanche, du côté des partisans de l’A69, les cris de victoire sont nombreux. À l’instar d’Atosca, le concessionnaire du chantier : « Le sursis à exécution (…) met Atosca en situation de relancer les travaux sur les 53 kilomètres ». La société rappelle que cet « arrêt brutal » a « provoqué le désengagement de 1 000 personnes et l’arrêt de 350 machines ».
Malgré tout, elle promet une reprise « progressive » dans le respect du cadre réglementaire dès la mi-juin : « Atosca va (…) relancer les procédures administratives permettant d’inscrire le déroulement du chantier dans le cadre réglementaire ». Le groupe entend également « réactiver les marchés auprès des entreprises locales dans un contexte de pleine activité estivale ».
Une reprise du chantier qui ravit le maire de Castres, Pascal Bugis. Ce dernier a également tenu à exprimer son soulagement : « Cette décision acte l’intérêt public de l’autoroute Castres-Toulouse ». Il regrette tout de même les « mois d’immobilisation » et en appelle à un bilan financier : « Il faut établir un bilan des dépenses déjà générées (…) y compris le coût pour les finances publiques des interventions policières face aux zadistes ». Pour lui, il est temps de « finir l’A69 et mettre en service cet équipement indispensable ».
Un avis que partage Christophe Ramond, président du Conseil départemental du Tarn. C’est « une bouffée d’oxygène pour le Tarn ». Il voit dans cette reprise une avancée majeure : « Plus de 300 millions d’euros ont déjà été investis, les travaux sont achevés à 70 %, il est urgent de finir l’A69 ».
D’autres acteurs du Tarn ont également réagi, à l’exemple de la CCI du département. « Cette décision reconnaît l’impact socio-économique délétère qu’aurait eu un arrêt prolongé du chantier », indique Michel Bossi, président de la CCI tarnaise. Il poursuit en assurant que 64 % des Tarnais soutiennent aujourd’hui la reprise du chantier, et le monde économique reste « pleinement mobilisé pour faciliter l’achèvement des travaux dans un climat apaisé ».
Fervent défenseur de l’A69, Jean Terlier, député Renaissance du Tarn, n’a pas non plus caché sa joie face à cette nouvelle décision de justice en faveur du chantier. C’était pour lui, une victoire attendue : « Les travaux peuvent reprendre, c’est une excellente nouvelle ».
Par ailleurs, Marie-Lise Housseau, sénatrice du Tarn ayant porté un projet de loi pour autoriser la reprise du chantier, a aussi salué « une décision des magistrats » qu’elle qualifie de positive : « Je me réjouis de voir les travaux reprendre, “à partir de mi-juin”, selon le Ministre des Transports ». Prochaine étape, pour elle et ses collègues parlementaires : l’Assemblée nationale dès lundi prochain.
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