La ville de Bagnères-de-Bigorre a rendu un vibrant hommage à Roland Bertranne, légende du rugby français et figure du Stade Bagnérais, décédé le 2 octobre dernier. L’ancien international du XV de France, surnommé le “Petit taureau furieux”, laisse derrière lui un héritage durable et l’image d’un homme fidèle, humble et passionné.
Ce mercredi 8 octobre, la ville de Bagnères-de-Bigorre a suspendu le temps pour saluer la mémoire d’un de ses plus grands ambassadeurs : Roland Bertranne. L’église Saint-Vincent n’a pas suffi à contenir la foule dense venue dire adieu à l’ancien international tricolore, décédé à l’âge de 75 ans. Le recueillement a laissé place à une émotion profonde, partagée par tout un territoire et par le monde du rugby.
Sous les voûtes de l’église, anciens coéquipiers, figures emblématiques du ballon ovale comme Serge Blanco, Philippe Sella, Guy Novès, Jean Gachassin, Jean-Michel Aguirre, mais aussi de nombreux anonymes ont pris place pour un dernier au revoir. Quand le cercueil du champion a quitté le sanctuaire, la foule s’est levée d’un même mouvement, les applaudissements ont éclaté, rythmés par l’émotion collective. Sur le parvis, les jeunes joueurs du Stade Bagnérais formaient une haie d’honneur, symbolisant la continuité entre les générations et la transmission d’un esprit de jeu fondé sur la fidélité et l’humilité.
Originaire d’Ibos, petit village des Hautes-Pyrénées, Roland Bertranne découvre le rugby dès l’adolescence. Repéré par Jean Gachassin, il rejoint à la fin des années 1960 le Stade Bagnérais, où il fera l’essentiel de sa carrière. À l’exception d’une parenthèse d’un an à Toulon, il restera fidèle à son club formateur, menant les siens jusqu’à deux finales du championnat de France, en 1979 et 1981.
Avec le XV de France, il connaît une décennie d’exception. Entre 1971 et 1981, il enfile le maillot bleu à 69 reprises, dont 46 matchs consécutifs, un record toujours à battre. Puissant, endurant et lucide, celui qu’on surnommait le “Petit taureau furieux” a marqué 17 essais en match international et contribue à deux Grands Chelems historiques, en 1977 et 1981. Sa constance, son engagement et son sens collectif font de lui une référence au poste de centre, admirée aussi bien par ses coéquipiers que par ses adversaires.
Au-delà des exploits sportifs, Roland Bertranne a su incarner la simplicité et la fidélité. Après avoir raccroché les crampons, il s’est pleinement investi dans la vie du Stade Bagnérais, jusqu’à en devenir coprésident puis président d’honneur. Toujours proche de ses racines, il reste une figure tutélaire dans les Hautes-Pyrénées, où son nom orne désormais le stade d’Ibos, inauguré à son honneur en 2022.
Sa disparition, le 2 octobre 2025, a provoqué une vive émotion bien au-delà de sa région natale. Pour beaucoup, il demeure le symbole d’un rugby sincère, fait de respect, de courage et de passion. Dans la mémoire collective, Roland Bertranne restera ce joueur complet et cet homme juste, qui aura su incarner l’esprit du Sud-Ouest et l’âme du rugby français.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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