La dernière campagne d’affichage de Tisséo contre les violences sexistes et sexuelles suscite la controverse. Un collectif critique l’approche responsabilisant les victimes. L’entreprise regrette de ne pas avoir été associée à la démarche et souligne son engagement et ses actions menées depuis 2017.
La dernière campagne de prévention contre les violences sexistes et sexuelles lancée par Tisséo suscite des réactions partagées. L’affichage présent dans le réseau de transports en commun de l’agglomération de Toulouse est tirée du “Guide pour agir contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles”.
Il préconise des « bons réflexes » que les victimes devraient adopter. Parmi eux : « signifiez votre refus de manière claire et forte », « éloignez-vous de l’agresseur », « interpellez les autres voyageurs témoins de la scène ».
Un collectif a été formé en réaction à cette campagne d’affichage de Tisséo : “Cassons les injonctions”. Ce dernier a produit un documentaire, titré “Une bonne campagne”. Disponible sur Youtube depuis le 8 novembre, il cumule déjà plus de 1 200 visualisations. Il présente des entretiens au sujet de la campagne avec des passants, une thérapeute et une membre du collectif #NousToutes.
Le collectif déplore que « la partie (de la campagne) interpellant les victimes n’est pas adéquate et favorise la culture du viol ». « Le titre déjà, “bons réflexes” met la charge de la responsabilité sur la victime. Cela renforce le stéréotype de la “bonne” et de la “mauvaise” victime. (…) Si nous n’avons pas les bons réflexes, nous ne sommes donc pas des “bonnes” victimes ? »
Le collectif souligne également que l’affiche omet de traiter la responsabilité des agresseurs, contribuant ainsi à leur invisibilisation : « Ce visuel, faisant partie du guide pour agir destiné aux victimes et aux témoins, ne prend pas en compte les agresseurs. Cependant, comme c’est seulement cette partie qui est affichée dans les bus, cela entraîne une invisibilisation totale de l’agresseur, ce qui implique sa déresponsabilisation aux yeux du grand public. »
De son côté, Tisséo regrette de ne pas avoir été associé à la démarche. L’entreprise n’a été mise au courant qu’en octobre, lorsque l’association Nous Toutes 31 a sollicité auprès de la municipalité le prêt d’une salle pour organiser une soirée-projection.
« Les élus ont proposé au collectif de participer au groupe de travail créé en 2017 par Tisséo Voyageurs sur les actions à mener dans cette lutte », indique le transporteur. « Partager ces arguments dans les espaces de discussions dédiés et compétents aurait été plus constructif pour œuvrer ensemble à un message clair et efficace destiné à la fois aux agresseurs et aux victimes potentielles. »
« Cette invitation ne nous est jamais parvenue », fait savoir le collectif au Journal Toulousain. Il précise : « Nous ne cherchons pas à faire enlever la campagne. Nous voulons avant tout sensibiliser le grand public, en partant de cet affichage. »
Tisséo rappelle avoir déjà mis en place plusieurs campagnes d’affichage s’adressant aux agresseurs. L’entreprise travaille également sur la formation et la sensibilisation du personnel et met en place des dispositifs comme la descente à la demande durant la nuit.
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Formé à l’ISJT, il est passé par le France-Guyane, 20 minutes, La Tribune et Freshr.
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