En Occitanie, France Bleu est perturbé par un mouvement de grève de ses salariés ces jeudi 23 et vendredi 24 mai. Ces derniers craignent les conséquences d’un rapprochement et d’une fusion avec France Télévisions, prévus dans une réforme de l’audiovisuel public.
Les syndicats de l’audiovisuel public français sont mobilisés ces jeudi 23 et vendredi 24 mai contre un projet de réforme du secteur. Celui-ci prévoit la création d’une holding commune aux entités médiatiques publiques dès janviers 2025, suivie d’une fusion complète un an plus tard. Cette initiative, qui pourrait impacter environ 16 000 salariés, suscite une vague d’inquiétude parmi le personnel de Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et l’INA.
L’antenne de France Bleu Occitanie est impactée par la mobilisation. La matinale de ce jeudi a ainsi été dégradée. 75% des journalistes étaient en grève, mais quelques bulletins d’informations ont été diffusés. Plus aucun journal n’est proposé depuis. Le prochain est prévu pour samedi matin. La matinale de vendredi est d’ailleurs annulée.
À Toulouse, une vingtaine de collaborateurs de France Bleu Occitanie s’est rassemblée sur les allées Jean Jaurès, à deux pas des locaux de la station, à la mi-journée, pour manifester son opposition au projet de réforme. Cela représente la moitié de l’effectif, qui compte des journalistes, des animateurs, des techniciens et du personnel administratif.
Le Journal Toulousain a interrogé Mathieu Ferri, représentant du personnel à France Bleu Occitanie, sur les raisons de cette mobilisation.
Pourquoi se mobiliser à Toulouse contre ce projet de réforme de l’audiovisuel public ?
Parce que s’il y a une fusion, nous serons forcément impactés à Toulouse. Nous avons déjà des rapprochements avec France 3. Nous avons une matinale commune ; la matinale de France Bleu est filmée pour être diffusée sur France 3. Mais là, nous avons un cadre précis. Or, à terme, nous sentons qu’il y a une volonté de nous faire nous rapprocher encore plus, et rien n’encadre cela. S’il y a un rapprochement entre Radio France et France Télévisions, nous craignons que la radio se fasse avaler par la télévision. Dans les autres rapprochements en Europe, notamment la BBC en Grande-Bretagne, et la RTBF en Belgique, c’est à chaque fois la radio qui en a souffert parce que nous sommes dans une société de l’image.
Comment se passe le rapprochement initié avec France 3 ?
C’est compliqué. En terme éditorial, c’est France Bleu qui décide, et France 3 met en images au moyen d’une société privée. Donc il n’y a pas de travail en commun très poussé. Pour vous donner un exemple de collaboration, prenons le passage de la flamme olympique en Haute-Garonne vendredi dernier. Nous avons fait notre matinale, et nous avons une journaliste qui a fait des directs pour France 2, repris par France 3. Après la matinale, elle a travaillé pour France 3, sans rémunération complémentaire, sans contrat de travail, sans encadrement de cette collaboration. Et pendant ce temps, elle n’a pas pu travailler pour nous.
Est-ce qu’il y a, malgré tout, des avantages dans ce rapprochement ?
Pour la matinale, ça nous a apporté de la visibilité. Nous ne pouvons pas dire le contraire. Mais, ce que nous demandons tous, c’est qu’il y ait un cadre précis, s’il doit y avoir fusion. Et s’il n’y a pas fusion, ce qui serait mieux pour nous, cela nous permettrait de protéger les spécificités de la radio. À Radio France, nous faisons des podcasts, nous avons France Inter qui est numéro un en audience, et France Bleu marche bien en région. Pourquoi casser un outil qui fonctionne ?
Commentaires