Romain Cujives, conseiller municipal d’opposition, a présenté ses 25 premières mesures pour Toulouse à l’approche des élections municipales. Parmi elles : les transports gratuits le week-end.
« La majorité municipale de Jean-Luc Moudenc n’a pas pris en compte les deux urgences qui habitent la France, l’Europe, le monde et Toulouse, qui sont l’urgence climatique et l’urgence sociale », affirme Romain Cujives, conseiller municipal d’opposition, avant d’ajouter : « Ne pas agir, rester dans l’immobilisme et endormi, c’est faire prendre des risques à Toulouse ». C’est pourquoi il a décidé de présenter « ses 25 premières propositions pour une alternative » dans la Ville rose, à l’heure où la liste des candidats à gauche pour les élections municipales de 2026 ne cesse de s’allonger. « Il est temps que nous nous emparions des questions de fond, que nous sortions des questionnements de personnes et que nous expliquions concrètement aux Toulousains comment leur vie peut changer », avance-t-il. Toutefois, Romain Cujives, qui se déclare de « la gauche de la social-écologie », ne veut pas faire campagne seul.
« Je souhaite que ces propositions soient portées dans un spectre et dans un périmètre le plus large possible ; du Parti radical de gauche à Place publique, de Tous pour Toulouse à Génération.s, du Parti communiste au Parti socialiste jusqu’à Europe écologie les Verts. C’est dans ce rassemblement de partis, qui devra être complété par les initiatives citoyennes qui fourmillent à Toulouse, que je veux m’inscrire. C’est en conjuguant le meilleur de ces deux mondes-là que nous arriverons à bâtir une alternative pour Toulouse », affirme l’élu. Mais ce n’est pas encore gagné. « Ce qui me semble aujourd’hui relativement admis par l’ensemble de la gauche toulousaine, c’est qu’il n’y aura pas de liste unique avec la France insoumise. Pour le reste, nous ne sommes pas, à ce stade, dans des négociations. Nous sommes dans une discussion. Les échanges sont nourris, nombreux et réguliers. Nous continuons de cheminer », révèle l’élu avant de spécifier : « Un peu mieux sur le fond que sur le plan humain ». Pas évident, en effet, de trouver « une tête de liste qui soit en capacité d’incarner un collectif uni, soudé et solidaire ». « Mais je suis quelqu’un de résolument optimiste et j’ai la conviction que nous allons y arriver », sourit celui qui ne veut « pas faire de sa candidature un préalable ».
En attendant que cette union « la plus large possible » se fasse, lui et son équipe n’ont pas chômé. Ils sont ainsi « allés à la rencontre des associations, des chefs d’entreprise, des universitaires et des syndicalistes, pour dresser un portrait de Toulouse et essayer d’apporter des réponses précises et concrètes », indique-t-il. D’où ces 25 propositions qui sont « toutes financées et finançables » et ne conduiront à « aucune augmentation d’impôts ». « Ce travail de six mois est une première étape », souligne Romain Cujives qui poursuit : « En septembre, nous allons le renforcer par une nouvelle concertation ».
Déjà, il porte des mesures fortes, notamment en matière d’écologie. Romain Cujives qui veut également créer « le premier réseau de froid à Toulouse » grâce à la géothermie pour rafraichir les bâtiments publics, les copropriétés et les écoles « en priorité ». « Il n’est pas acceptable qu’on soit obligé, dans la troisième ville de France, de fermer les écoles parce que les enfants et les enseignants ne sont pas en sécurité pour apprendre à cause de la chaleur », considère le conseiller municipal. Il souhaite par ailleurs « mettre fin aux injonctions contradictoires ». « Je veux réviser les critères qui bloquent aujourd’hui les Toulousains qui veulent installer des panneaux solaires dans certains secteurs », indique-t-il.
Par ailleurs, l’élu « souhaite lancer un Haut Conseil pour le Climat à Toulouse ». « Cette instance indépendante, qui rassemblera des citoyens tirés au sort des scientifiques, des associations et des acteurs économiques, sera chargé d’évaluer les politiques municipales à l’aune de l’objectif climatique et de formuler des recommandations, mais aussi d’exercer un droit d’alerte en cas de manquement de la part de la future majorité municipale », explique-t-il. Il projette aussi de lancer un « observatoire indépendant des engagements ». « Il sera dépourvu de toute relation hiérarchique avec les élus. Il aura le droit d’aller interpeller n’importe qui au sein de l’administration municipale. Et chaque année, il rendra compte aux Toulousains de l’avancée ou de la non-avancée des propositions qui auront été formulée », fait savoir le conseiller municipal.
Côté mobilités, Romain Cujives, qui ne veut « pas parler de ce qui rapproche » les différentes mouvances de gauche comme le RER toulousain, annonce son souhait de proposer la gratuité des transports en commun le week-end « dès la fin de la première année du mandat ». « C’est une étape forte pour revaloriser les transports en commun qui représente moins de 2% du budget de Tisséo », juge-t-il avant d’évoquer, également, la gratuité des collections permanentes des musées tous les premiers week-ends du mois et plus uniquement le dimanche. L’élu s’engage aussi « à désenclaver sous dix ans » les quartiers Malepère, Paléficat, Lalande Nord et Saint-Simon. « Je n’accepte pas qu’ils continuent d’être les parents pauvres en matière de transports en commun à Toulouse. Il en va de l’égalité et on travaillera sur ces endroits en étudiant l’aérotram, le tramway, le métro ou le train. Toutes les options devront être regardées sans tabou afin de déterminer ce qui est le plus utile et le plus efficace », précise Romain Cujives.
Il compte par ailleurs proposer des contrôles techniques et des cours de sécurité gratuits pour ceux qui font du vélo et mettre en œuvre un grand plan “Toulouse à pied”. « On ne parle pas suffisamment de la question des piétons. Pourtant, il s’agit du seul mode de déplacement qui concerne 100% des Toulousains. Pour cela, nous travaillerons à l’accessibilité, à la largeur des trottoirs, à la résorption des conflits d’usages et nous généraliserons ce que j’appelle des “chemins ombragés” qui permettront dans chaque quartier de connecter à pied les principaux équipements par des continuités protégées du soleil », détaille le conseiller municipal.
De même, il veut déployer des rues-jardins « partout dans la ville, sur le modèle des rues aux écoles ». En clair, des rues « entièrement végétalisées, ombragées, apaisées et libérées du trafic de transit », révèle Romain Cujives. Toujours en matière d’urbanisme et d’aménagement, il veut préserver les linéaires commerciaux de proximité dans chacun des quartiers. « Je n’accepte pas que ces commerces disparaissent », livre l’élu qui décrètera « un moratoire sur l’extension des zones commerciales de périphéries à l’échelle de la métropole » dès le premier conseil métropolitain. Il souhaite par ailleurs « conduire une politique urbanistique adaptée aux femmes ».
« Pour que l’espace public soit sécurisant, il faut qu’elles puissent voir partout et qu’elles puissent être vues partout. Et donc, pour cela, il conviendra d’intégrer davantage les femmes dans le processus de conception de son aménagement », avance le conseiller municipal qui veut faire de la sécurité des femmes dans l’espace public « l’une des grandes causes du mandat ». « Les femmes doivent pouvoir, et ce n’est plus le cas aujourd’hui, se déplacer, flâner et s’arrêter quand elles le souhaitent, comme elles le souhaitent, à n’importe quelle heure du jour et de l’année », appuie-t-il. En ce sens, il a également pour volonté de créer une unité de la police municipale dédiée à la sécurité des femmes dans l’espace public.
En ce qui concerne les logements, il projette « d’activer une véritable boîte à outils contre la dégradation accélérée du bâti dans le centre-ville qui mixera des outils incitatifs et coercitifs ». Et ce, alors que plusieurs effondrements ont eu lieu à Toulouse. « Nous accompagnerons techniquement et administrativement les copropriétés dégradées, nous aiderons financièrement aux travaux de confortement, nous imposerons des travaux et en dernier ressort, nous irons jusqu’à l’expropriation des propriétaires indélicats », liste le conseiller municipal qui souhaite, par ailleurs, « un choc de l’offre de logements » à Toulouse. Ce qui passera notamment par un encadrement des loyers ou encore la limitation à 90 nuits des locations de courte durée, contre 120 actuellement.
Romain Cujives, qui est « d’une gauche amie de l’entreprise et de l’industrie », veut justement « profiter des locomotives que sont l’aéronautique et le spatial ». « Il faut les renforcer plus encore, les aider et les accompagner, pour se servir d’eux comme éléments facilitateurs pour opérer une diversification de l’économie toulousaine », estime-t-il. Alors que de nombreux Toulousains sont sans médecin traitant, l’élu mise sur des pépinières d’installation pour les professions médicales, c’est-à-dire des locaux « immédiatement mobilisables, équipés et mis à disposition gratuitement pendant trois ans pour les médecins souhaitant s’installer ». Il compte même « aller jusqu’au salariat des médecins si besoin afin de résoudre la question du désert médical à Toulouse ». Pour le monde de la culture, qui se retrouve « fragilisé » face aux baisses de subventions, l’élu veut « sanctuariser le budget qui lui est dédié pendant six ans ».
Autre mesure forte : la gratuité des fournitures scolaires du CP au CM2. Et ce, « sans condition de ressources » pour une mise en place « dès la seconde rentrée du mandat », prévoit Romain Cujives qui veut aussi permettre « l’accès à une classe découverte pour chaque enfant du primaire ». Quant aux familles monoparentales, qui représentent « près d’un quart des familles » il a prévu tout un plan d’accompagnement global ; créer un guichet unique municipal dédié, réserver des places en crèche pour les parents isolés ou encore déployer une tarification sociale spécifique dans les cantines, les activités périscolaires et dans les activités sportives.
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