La fondation Copernic 31 vient de publier son troisième Observatoire des pratiques policières à Toulouse, dévoilant ainsi une hausse des violences lors des manifestations en 2023. Pour les rédacteurs du rapport, le maintien de l’ordre devient « une dérive liberticide et violente ».
Le sujet fait débat depuis plusieurs mois. Assauts, recours aux armes à feu, insultes… Depuis 2017, la fondation Copernic 31 alimente un observatoire sur les pratiques des forces de l’ordre lors des rassemblements en France. Après six ans et demi sur le terrain, celle-ci constate une hausse des violences policières lors des manifestations à Toulouse, augmentant ainsi le niveau d’inquiétude des observateurs au fur et à mesure des années. Le phénomène a d’ailleurs pris de l’ampleur avec les mobilisations contre la loi dite « El Khomri », celles faisant suite à la mort de Rémi Fraisse à Sivens mais également avec celles des Gilets Jaunes.
En 2019, l’Observatoire des pratiques policières (OPP) avait notamment constaté une forte hausse de répression des manifestations des Gilets Jaunes avec son lot de blessés et d’utilisation massive de matériels tels que des grenades explosives, des grenades dites de « désencerclement » et des lanceurs de balles de défense, LBD. Ils rappellent : « Nous avions tous vu les charges policières sans retenue, la présence de blindés dans les rues, les nuages de gaz lacrymogènes, quelques fois sur des surfaces allant jusqu’à celles de terrain de football ou bien dans des petites rues de la ville de Toulouse, voire même jusqu’à l’intérieur du métro. »
Seulement, en 2023, les manifestations contre la réforme des retraites à Toulouse ont fait face à de nouveaux protocoles des forces de l’ordre créant des violences policières différentes. L’observatoire explique : « En effet, si le mouvement des Gilets Jaunes ou bien celui contre le pass sanitaire présentaient des caractéristiques particulières (présence de beaucoup de néo-manifestants, des parcours aléatoires, des organisateurs non identifiés…), avec le mouvement contre la réforme des retraites du premier semestre 2023, nous nous situions plutôt en terrain connu avec des manifestations massives, des cortèges structurés et des parcours “balisés”. »
Si les premiers mois se sont passés sans incident, la répression s’est ensuite intensifiée. Les observateurs notent que la hausse des effectifs des forces de l’ordre coïncidait avec les différents recours à l’article 49.3 du gouvernement. Ils évoquent ainsi une “stratégie de la tension” visant à décrédibiliser le mouvement social. Cette répression, ils l’ont également observée plus récemment sur les mobilisations contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. L’OPP appelle à questionner la légitimité de ces actions de plus en plus répressives.
Gala Jacquin
Journaliste multimédia formée à l'ISJT, elle est notamment passée par La Voix du Midi Lauragais, 100 % Radio et L'Opinion Indépendante avant de rejoindre le Journal Toulousain en 2023.
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