Ce 23 avril à Toulouse, la Fondation Abbé Pierre a dressé un bilan inquiétant sur le mal-logement en Occitanie, et surtout à Toulouse. L’organisme a également alerté sur le problème de l’habitat indigne.
Depuis quelques mois, et plus particulièrement depuis l’effondrement de l’immeuble rue Saint-Rome à Toulouse, la problématique du mal-logement revient régulièrement sur le tapis. Ce 23 avril, la Fondation Abbé Pierre a tiré la sonnette d’alarme à travers son éclairage sur le contexte local. « La situation du logement social est alarmante en Occitanie », s’inquiète la directrice régionale de l’organisme, Sylvie Chamvoux-Maitre. Les chiffres de la Direction régionale de l’environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) vont en ce sens. En 2023, rien qu’à Toulouse, 27 007 demandes de logements sociaux ont été réalisées quand seulement 4 516 ont été attribués, un faible ratio d’une requête concluante sur six.
Tandis que le nombre de demandes explose, celui des logements sociaux mis en service se réduit comme peau de chagrin. Sur l’ensemble de la région, seulement 8 456 logements ont été agréés l’an dernier, le plus faible taux depuis 2008. « Nous creusons l’écart », s’indigne Sylvie Chamvoux-Maitre avant que Jean-Michel Fabre, vice-président du Conseil départemental de Haute-Garonne, en charge du logement et de l’habitat, ne renchérisse : « Je suis désespéré car nous voyions ces problèmes venir, mais rien n’a été fait. L’Etat nous enlève chaque année des moyens consacrés aux logements sociaux.”
Plus grave encore, cette pénurie a entraîné la multiplication des habitats indignes, un terme qui désigne des locaux impropres à l’habitation ou bien nocif pour la santé et la sécurité des résidents. La directrice explique : « Les ménages précaires ou modestes n’ont pas d’autres choix que de se loger dans des logements indécents ou dégradés, mettant en péril leur santé. » Toulouse est loin d’être hermétique à ce phénomène. L’immeuble rue Saint-Rome serait loin d’être le seul en situation de dégradation. De nombreux logements de l’hypercentre toulousain sont impactés. En 2019, la DREAL Occitanie a estimé « le “stock” de logements privés potentiellement indignes à 7 771 au sein de la Ville rose ».
Mais loin d’être un cas particulier, Toulouse est le reflet d’un problème national. Le mal-logement gagne du terrain en France. Manuel Domergue, le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, se montre assez pessimiste : « Aucun indicateur n’est encourageant et nous avons le sentiment que le sujet n’est pas jugé à sa juste valeur. Jamais la part du PIB attribuée au logement n’a été aussi basse. » Pour la fondation, l’augmentation du coût de l’énergie et la baisse du nombre de logements sociaux sont les facteurs principaux de cette situation. Les conséquences deviennent palpables sur le terrain. Car, derrière chaque demande de logement non satisfaite se trouve une personne, voire une famille. Celles-ci se tournent alors vers les hébergements d’urgence, eux-mêmes saturés. Le nombre de demandes non pourvues au 115 a explosé, avec un pic de 8 000 appels en un seul jour, à l’automne 2023.
Elie Gaubert
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