Le groupe toulousain la Tribù de Bergame s’apprête à sortir son premier album “Bepì” aux sonorités swing et aux paroles engagées. Celui-ci raconte effectivement l’histoire des grands-parents du fondateur du groupe qui ont quitté l’Italie après la Seconde Guerre mondiale pour rejoindre la France.
Impossible de ne pas taper du pied en écoutant le premier album de la Tribù de Bergame, “Bepì”, qui sortira courant novembre. Les chansons du groupe toulousain, interprétées en français et en italien et faisant la part belle à la guitare manouche, invitent à danser et à chanter. Et pourtant, ce premier album aborde un pan de l’Histoire peu réjouissant : l’exil des Italiens en France. Et plus particulièrement celui de Martha et Bepì, les grands-parents de Raff Agosti, à l’initiative du groupe, qui ont émigré après la Seconde Guerre mondiale.
« J’ai voulu mettre en musique une partie de leur histoire », indique Raff Agosti. Le musicien et chanteur a eu cette envie lors du premier confinement. « L’artiste italien Enrico Greppi (alias Erriquez, NDLR) m’a appelé pour échanger sur la situation. Je venais de perdre ma grand-mère et nous en sommes venus à parler de mes origines. Nous avons alors eu l’idée de créer un projet autour de ce qu’ont vécu mes grands-parents », raconte-t-il. Depuis, Enrico Greppi est décédé, mais Raff Agosti n’a pas abandonné le projet.
Il s’est alors entouré de quatre autres musiciens, dont certains d’origine italienne, pour créer la Tribù de Bergame, appelé ainsi en référence à la ville d’où sont partis ses grands-parents. « Ils ont quitté l’Italie par souci de liberté, mais n’ont pas été forcément bien accueillis en France. Mes grands-parents ont dû se fondre dans la masse pour être intégrés. Ils ont alors francisé leur prénom et interdit à leurs enfants de parler italien. Il fallait être plus Français que les Français. La culture “ritale” a alors été cachée », déplore le chanteur.
Le premier album de la Tribù de Bergame vient donc la mettre en lumière à travers ses chansons inspirées de celles des chanteurs français, Jacques Brel et Georges Brassens, et italiens, Erriquez et Fabrizio De André, dont les textes racontent souvent les histoires d’exclus. Une revanche sur l’Histoire, mais aussi une manière de sensibiliser tout un chacun. « L’actualité montre que l’histoire se répète. Il y a encore des vagues migratoires aujourd’hui en France. L’accueil des migrants est un problème depuis des siècles et le reste encore », souligne Raff Agosti.
Mais si les textes du groupe dénoncent, ils le font sur des rythmes swing et festifs. « Nous voulons faire passer un message positif et non faire pleurer dans les chaumières. Nous parlons de sujets sensibles, mais le faisons dans un esprit de convivialité comme lors des fêtes de famille d’antan », estime Raff Agosti. Et le concept a trouvé son public qui est pour le moins varié. « Nous avons de tout, des plus âgés et des jeunes, dont des descendants d’Italiens qui veulent montrer à leurs enfants d’où vient leur famille. C’est très touchant », confie le chanteur.
En attendant la sortie du premier album, nommé “Bepì” en hommage au grand-père de Raff Agosti décédé il y a deux ans, la Tribù de Bergame continue sa tournée de concerts. Un est d’ailleurs prévu le dimanche 19 novembre prochain à L’espace Palumbo à Saint-Jean. Et de nombreux autres devraient suivre. « J’ai envie que ce soit mon dernier projet et qu’il dure le plus longtemps possible », sourit Raff Agosti qui aurait « pu interpréter les chansons de ce premier album à 25 ans et se voit bien le faire à 60 ans et plus ».
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