L’Occitanie regorge de sites méconnus qui témoignent pourtant de la richesse patrimoniale locale. Le Journal Toulousain vous emmène hors des sentiers battus, à la découverte d’endroits caractéristiques de la région, qui figurent rarement dans les guides touristiques. Aujourd’hui, rendez-vous dans l’Aveyron pour une visite insolite dans le village médiéval de Castelnau-Pégayrols.
Dominant la vallée de la Muse, près de Millau, le village médiéval de Castelnau-Pégayrols fait partie du patrimoine méconnu de l’Aveyron. À la fois pittoresques et chargées d’Histoire, ses ruelles pavées mènent les touristes à la découverte des multiples trésors de la cité, dont les remparts, les deux églises romanes, le prieuré et un système d’adduction d’eau exceptionnel, tous classés au titre des monuments historiques.
En divaguant dans les rues de cette cité médiévale, le promeneur est certain de tomber sur de nombreuses surprises, certaines charmantes, d’autres curieuses. Passages voûtés, pierres sculptées, portes anciennes, fenêtres à meneaux, vieux moulins, fontaines, etc. Autant d’ouvrages façonnés au temps des Seigneurs, il y a près de 1 000 ans, qui cherchent à livrer leurs secrets et témoignent d’une histoire riche. Car c’est autour du château des Seigneurs de Lévézou, bâti au XIe siècle, que s’organise la bourgade. Celle-ci s’est ensuite fortifiée. Sous le règne de la famille Arpajon (1289 à 1758), à la fin de la guerre de Cent Ans, des remparts, encore bien visibles, ont ainsi été érigés. Les visiteurs peuvent s’en rendre compte en observant les tours rondes, les meurtrières ou encore le chemin de ronde qui les composent.
Autre singularité du village : il dispose de deux églises. Celle de Saint-Michel, qui est aujourd’hui l’église paroissiale, et celle de Notre-Dame de Castelnau-Pégayrols, toutes deux de style roman. La première a été fondée en 1070 pour installer un monastère bénédictin. L’église Saint-Michel reste d’une grande sobriété : pas d’ornements superflus, mais des murs blanchis qui, ajoutés à la hauteur du bâtiment, semblent donner une idée de la rigueur monastique de l’époque. Jusque dans la crypte, située sous le chœur de l’édifice, et dans laquelle coule une source. Accolé à l’église paroissiale de Saint-Michel, le prieuré est également classé au titre des monuments historiques.
Non loin de là se trouve l’église Notre-Dame. Aujourd’hui désaffectée, elle accueille en son sein des manifestations culturelles. Mais de 1082, date de sa construction, à 1507, c’est dans sa nef que les paroissiens assistaient à l’office. Les Bénédictins occupant alors la première église du village, celle de Saint-Michel. Bâtie sur les mêmes bases que sa voisine, leur façade se ressemble étrangement, les deux étant divisées en trois arcs. Quant à l’intérieur de l’église Notre-Dame, il est tout aussi sobre que celui de Saint-Michel, mais arbore toutefois quelques peintures murales dans le chœur.
La dernière curiosité à ne pas manquer à Castelnau-Pégayrols : les vestiges d’un système hydraulique relevant presque d’un service public. Certainement construit avant le XVe siècle par les riches Seigneurs locaux, ce réseau permettait à tout le village d’être alimenté en eau, moyennant impôt. Un privilège rare pour l’époque. En effet, grâce à un aqueduc traversant le bourg, et reliant un étang supérieur à une citerne du château, le système d’adduction médiéval amenait donc l’eau aux châtelains, mais aussi aux habitants, servait à l’irrigation agricole des terres proches du village et assurait le fonctionnement des trois moulins hydrauliques de Castelnau-Pégayrols. Ces derniers approvisionnaient les Castellévéziens en farine alimentaire, en farine destinée au bétail et en huile.
Un site atypique donc qui témoigne de l’histoire médiévale caractéristique de l’Aveyron. Échappant aux flots incessants des visiteurs, Castelnau-Pégayrols, encore discret dans les guides touristiques, permet de profiter de la visite en toute tranquillité.
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