Après l’enlèvement précipité de la stèle en mémoire des victimes de l’esclavage colonial, la Mairie de Saint-Denis a présenté publiquement ses excuses « à celles et ceux qui ont pu croire à un retrait pur et simple » du monument.
Sa disparition avait provoqué l’ire de plusieurs associations. La stèle en mémoire des victimes de l’esclavage colonial, créée par l’artiste Nicolas Cesbron en 2013 et sur laquelle sont inscrits 213 noms d’esclaves pour symboliser les 213 années d’esclavage colonial, avait été retirée de son emplacement, situé dans le jardin de l’ancien Hôtel-Dieu à Saint-Denis, le 30 mars dernier. Un enlèvement dont les associations n’avaient pas été informées en amont, notamment le Comité marche 23 mai 1998 (CM98) qui avait commandé ce monument. Ce dernier demandait donc des excuses publiques de la part de la Ville de Saint-Denis. Ce qu’elle a fait dans un communiqué. « La municipalité tient à nouveau à présenter publiquement ses excuses à celles et ceux qui ont pu croire à un retrait pur et simple de la stèle », souligne-t-elle.
Le monument a effectivement été enlevé, mais pour être déplacé sur la place Robert de Cotte à proximité du jardin de l’ancien Hôtel-Dieu. L’objectif : améliorer son emplacement. « Premièrement, elle était située sur un site non vidéoprotégé et régulièrement utilisé pour des besoins événementiels et de festivités. Cela a pu poser problème à plusieurs reprises, suite à des tentatives de dégradation, la dernière en date avec le vol de la flèche de la stèle. Deuxièmement, la stèle, en dehors des commémorations, était peu visible et avec peu de passage. Enfin, lors des commémorations, le site n’était pas adapté à l’accueil d’un grand nombre de participants », estime la Ville qui précise que le nouvel emplacement de la stèle « a bien été discuté et acté » lors d’une réunion entre ses services, les associations et l’artiste.
Problème, le retrait de la stèle en mémoire des victimes de l’esclavage colonial a eu lieu plus tôt que prévu. « Il avait été convenu avec les associations et l’artiste que ces derniers seraient prévenus du moment du déplacement de la stèle, et de la repose. Malheureusement et évidemment indépendamment de la volonté de la municipalité, le prestataire chargé de la dépose de la stèle a profité d’une disponibilité dans son plan de travail le 30 mars pour réaliser la commande sans prévenir et donc sans que le processus convenu, s’agissant d’une œuvre mémorielle, soit respecté », détaille la Ville qui comprend que « cette erreur, bien que technique, ait suscité une vive et compréhensible émotion » avant d’indiquer que « le maire de Saint-Denis s’en est excusé à plusieurs reprises auprès des associations et de l’artiste ».
« Toutefois, cette erreur ne peut venir annuler les deux années de réflexion autour du déplacement de cette stèle, ni remettre en cause la mobilisation historique de la Ville dans le devoir de mémoire pour les victimes d’esclavage colonial. La municipalité renouvelle son souhait de pouvoir avancer collectivement et positivement dans le travail commémoratif nécessaire », estime la Municipalité. Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, a ainsi reçu le président de CM98 pour « discuter du retour de la confiance et des perspectives » et une réunion est prévue ce jeudi 11 avril afin de « finaliser le nouveau lieu de dépose ». La Ville propose d’ailleurs que l’inauguration du nouvel emplacement de la stèle se tienne lors de la cérémonie du 23 mai, journée d’hommage national aux victimes de l’esclavage.
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