Le préfet du Tarn, Laurent Buchaillat, a porté plainte pour diffamation contre Bernard d’Ingrando, propriétaire du château de Maurens-Scopont, situé près du chantier de l’A69, après des propos rapportés dans Le Canard enchaîné au sujet d’une saisie d’objets lors du rassemblement “Turbo Teuf”, interdit par la préfecture. De son côté, le collectif La Voie est Libre dénonce une manœuvre d’intimidation contre un opposant à l’autoroute A69.
La tension ne faiblit pas autour du projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Après un début d’été marqué par des manifestations, des interdictions préfectorales et des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, une nouvelle action en justice vient d’être faite. Le préfet du Tarn accuse le propriétaire du château de Maurens-Scopont de diffamation, après des propos publiés dans la presse à la suite du rassemblement « Turbo Teuf ».
Dans un communiqué publié ce lundi 21 juillet, le préfet du Tarn, Laurent Buchaillat, annonce avoir déposé plainte pour diffamation contre Bernard d’Ingrando, le propriétaire du château de Maurens-Scopont, situé tout près du tracé de l’autoroute A69. L’affaire remonte à la manifestation « Turbo Teuf » qui s’est tenue du 4 au 6 juillet sur le terrain du château, malgré un arrêté préfectoral d’interdiction.
Le préfet précise que le rassemblement avait été formellement interdit, tout comme le transport d’armes et d’objets pouvant servir d’armes. Or, selon Le Canard enchaîné dans son édition du 16 juillet, Bernard d’Ingrando aurait reconnu certains objets saisis et affirmé qu’ils lui appartenaient, accusant les forces de l’ordre de les avoir pris sur sa propriété.
Dans sa réponse, le préfet se veut catégorique : « Chaque saisie fait l’objet d’une fiche qui précise le lieu, l’heure et la personne en possession de l’objet saisi. Il peut donc être établi, sans aucun doute, qu’aucun objet n’a été saisi au sein de la propriété de monsieur d’Ingrando. »
Il ajoute que les déclarations du propriétaire sont « mensongères » et qu’elles « portent atteinte à l’honneur des unités de gendarmerie mobilisées lors de cette opération ». D’où la plainte, déposée auprès du tribunal judiciaire de Castres, « pour diffamation envers une administration publique ».
En réaction, le collectif La Voie est Libre, opposé au chantier de l’A69 et proche des organisateurs du rassemblement, a à nouveau pris la parole. Il accuse le préfet d’agir par ressentiment à l’encontre de Bernard d’Ingrando et d’instrumentaliser la justice à des fins politiques.
Le collectif déclare : « Il avait publié des photos d’arceaux de poubelles en prétendant que c’était des catapultes. Il avait envoyé des forces de l’ordre prendre des photos de bacs de pierres destinées à la rénovation du château… La supercherie révélée, le Préfet garde visiblement un goût amer. Alors, il intimide ! »
Il estime ainsi que cette plainte a pour but de détourner l’attention de « l’outrance des moyens répressifs » utilisés lors du rassemblement et des « infractions environnementales » qu’il impute à Atosca, la société concessionnaire de l’autoroute.
Le collectif reproche également au représentant de l’État de faire un usage politique et médiatique de cette affaire : « Une tentative d’intimidation relayée massivement sur les réseaux sociaux par un Préfet qui s’abaisse à une posture d’influenceur. On est en droit d’attendre un peu plus de sérieux et de responsabilité. »
Il apporte son soutien à Bernard d’Ingrando, saluant son engagement pour « défendre le patrimoine local face au rouleau compresseur A69 ». Et conclut en accusant le préfet de préférer « s’acharner sur un opposant » plutôt que de « protéger les habitants du territoire face aux désastres de ce chantier ».
Commentaires
Alain Hébrard le 23/07/2025 à 22:50
Cette plainte est, de toute façon, irrecevable :
"si les propos [diffamatoires] ont été diffusés sur un média (journal, site internet, radio...), c'est le directeur de la publication qui est considéré comme auteur principal, parce qu'il est le responsable du média. L'auteur des propos incriminés, s'il est différent du directeur de publication, sera poursuivi comme complice."