Après une situation jugée saine en 2022, la chambre régionale des comptes d’Occitanie constate une nette dégradation financière du Département du Tarn-et-Garonne depuis 2023. Les dépenses sociales et les investissements pèsent lourdement sur le budget.
La chambre régionale des comptes (CRC) d’Occitanie a publié ce lundi 6 octobre son rapport sur la gestion du conseil départemental du Tarn-et-Garonne. Si les finances étaient encore « satisfaisantes en 2022 », elles se sont nettement dégradées à partir de 2023. En cause : un effet de ciseaux marqué, c’est-à-dire une hausse rapide des dépenses alors que les recettes stagnent. Ce phénomène, également observé dans le Lot, est aggravé par le maintien d’un niveau élevé d’investissement.
Entre 2022 et 2024, les recettes sont restées quasi stables, autour de 345 et 347 millions d’euros. Mais leur composition a évolué : les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), c’est-à-dire les taxes perçues sur les ventes immobilières, ont reculé de 17,4 millions d’euros. Ces recettes dites contracycliques varient en fonction de la conjoncture économique et du marché immobilier. Elles ont été compensées par une hausse de la taxe sur les assurances (+4 millions) et des participations de la Caisse nationale de solidarité (+5,3 millions).
Parallèlement, les dépenses ont augmenté de 10%, tirées par les politiques sociales (+14%), les charges de personnel (+13,5%) et les frais de gestion (+9%). En conséquence, l’épargne du Département s’est effondrée, tombant à 2% des produits de gestion à la fin de l’année 2024.
Cela signifie que, sur 100 euros de recettes, le Département ne conserve que deux euros une fois ses dépenses courantes payées. Ce niveau d’épargne très bas limite sa capacité à financer ses investissements sans recourir à l’emprunt.
Pour maintenir un haut niveau d’investissement, la collectivité s’est appuyée sur ses réserves et une trésorerie confortable. Elle n’a donc pas mis en réserve une partie des produits des DMTO exceptionnellement élevés en 2021 et 2022.
Résultat : à partir de 2024, le Tarn-et-Garonne a dû emprunter. Sa capacité de désendettement atteint désormais sept ans, ce qui reste en dessous du plafond réglementaire de dix ans.
Pour redresser la situation, la collectivité a adopté un budget 2025 visant à « limiter les dépenses de fonctionnement et à réduire les investissements ». Les mesures portent sur la maîtrise de la masse salariale, la rationalisation des achats et l’amélioration du recouvrement des recettes sociales. Malgré ces efforts, la CRC juge la situation « financièrement fragile ».
L’institution conclut : « La recherche d’une trajectoire soutenable dépendra de la capacité du Département à respecter ses prévisions ambitieuses pour 2025. »
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Il traite notamment l'actualité dans l'Aude, l'Aveyron, le Gard, le Gers, la Haute-Garonne, l'Hérault et le Lot. Formé à l’ISJT, il a collaboré avec France-Guyane, La Tribune Toulouse et Freshr.
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