Ce vendredi 16 mai à 19h, un “Die In” symbolique aura lieu sur la place du Capitole, une nouvelle action dans le cadre de la mobilisation contre les choix budgétaires de la Mairie de Toulouse et du Département de la Haute-Garonne. En effet, de nombreux syndicats, jusque-là engagés dans des luttes dispersées, unissent aujourd’hui leurs voix pour dénoncer l’impact de ces décisions sur les services publics : culture, éducation, petite enfance, bibliothèques, structures associatives. Voici un tour d’horizon de cette « austérité budgétaire » qui pèse sur la Ville de Toulouse.
Le ras-le-bol est palpable. À Toulouse et dans le département de la Haute-Garonne, la mobilisation s’intensifie face aux choix budgétaires jugés austères des collectivités locales. Syndicats, agents municipaux, acteurs culturels, enseignants artistiques, ATSEM ou personnels de crèche… Tous montent au créneau. Ce vendredi 16 mai, un “Die In” est prévu place du Capitole, une nouvelle action commune aux différents syndicats après des mois de lutte dispersée. L’objectif est clair : faire reculer « l’austérité budgétaire de la Municipalité de Toulouse et du Département de la Haute-Garonne ».
Alors que le gouvernement a annoncé d’importantes coupes budgétaires en fin d’année 2024 pour l’ensemble des collectivités françaises, la Mairie de Toulouse et le Conseil départemental de la Haute-Garonne ont tous deux décidé de prendre des mesures drastiques lors des votes du budget pour 2025. De nombreux secteurs ont ainsi été touchés par des baisses de dotations ou des gels de subventions. Cela a donc eu un impact direct sur les conditions de travail de l’ensemble des secteurs du service public.
Mais les syndicats n’ont pas tardé à pointer du doigt les difficultés rencontrées sur le terrain. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois qu’ils se mobilisent à tour de rôle pour faire entendre leurs voix. Mais la conférence de presse organisée ce mercredi 14 mai a marqué un tournant, puisque l’ensemble des organisations de défense des salariés ont décidé de s’unir face à cette situation.
Jérôme Dupérat, représentant CGT Beaux-Arts, a fait état d’une situation « grave » : « Ce sont des licenciements déguisés, des suppressions de postes, une forte diminution des budgets et des équipements aux associations, des hausses de tarifs, des dégradations concrètes des services rendus. »
Les coupes annoncées par la Mairie suscitent de vives inquiétudes, comme en témoigne le représentant syndical : « 64% de baisse pour les centres culturels, 40% de gel des subventions dans les secteurs culturel, associatif et sportif. Et dans les bibliothèques, une vague de non-renouvellement des personnels. » Il ajoute : « Le maire de Toulouse a surestimé la baisse des dotations de l’État pour justifier des coupes. Pourtant, ce n’est pas une obligation, c’est un choix politique. »
Des propos appuyés également par Léo Stella, agent des bibliothèques et militant CGT, qui nuance avec prudence : « Il y a eu un desserrement de 30% sur les centres culturels, donc la baisse passe de 65% à environ 30 à 35%. C’est le fruit de la mobilisation. Mais ce pourcentage reste malgré tout trop élevé pour le secteur. »
Du côté des établissements culturels, les écoles d’art et les conservatoires sont aussi impactés par cette situation. Quentin Ehret, intermittent, comédien et membre du collectif Culture en Lutte, témoigne de ce qu’il se passe actuellement au Conservatoire de Toulouse : « Les profs ne sont quasiment jamais remplacés. Certains élèves n’ont pas eu de danse pendant deux mois. »
Il dénonce également un effondrement progressif du théâtre public : « On réduit les stages et les temps de création. Avec moins de subventions, moins de spectacles sont achetés. » Conséquence : « Une hausse des prix de billetterie dans les théâtres publics, une destruction du savoir-faire artistique. »
Au-delà de la culture et des bibliothèques, d’autres services municipaux dépeignent un décor très rude de la situation. Jérôme, responsable qualité de vie syndicale à la CGT mairie de Toulouse, fustige : « Depuis 2014, l’austérité est en place. Gel des recrutements, non-remplacement des départs… On prépare la dégradation du service public. »
De plus, il pointe à nouveau du doigt le programme Proxima : « Je n’ose même pas en parler, c’est une catastrophe. Les agents sont placés au hasard, sans formation, dans des maisons Toulouse Services qui ne fonctionnent pas. »
De son côté, Yannick Teboul, syndicaliste Sud et ATSEM, alerte sur les conditions dans les écoles et crèches : « Nous sommes face à des enfants en très grande difficulté. Nous les changeons par terre, entre deux portes. Cela nous est arrivé de les essuyer avec des torchons de cuisine. On nous parle de respect de l’enfant, mais il est où ? »
Elle évoque également des réorganisations qui dégradent les conditions de travail : « Les ATSEM vont devoir faire 41 heures sur 4,5 jours, sans pause réelle, toujours avec plus d’enfants et moins de moyens. »
Un autre secteur touché par les coupes budgétaires des collectivités se joint à la lutte commune : les acteurs culturels du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Stéphane Borras, représentant Sud au CD31, tire la sonnette d’alarme : « 500 suppressions de postes ont été annoncées, sans précision. La baisse du budget culturel est estimée à 34%, mais rien n’a été dit aux élus. »
Et pourtant, des fonds sont disponibles selon lui : « Les trois premiers mois de 2025 sont 25% supérieurs à ceux de 2024. Si ça continue, on aura 50 millions d’euros de plus que prévu. » Ce déséquilibre budgétaire a des conséquences directes : « Des suppressions d’emplois, des pertes de savoir-faire, une dégradation des cantines, du nettoyage, du bâti dans les collèges. Ces derniers sont les services publics les plus proches des gens, et on est en train de les sabrer. »
Cette « austérité budgétaire » en inquiète donc plus d’un. Tous craignent une disparition progressive des services publics. Mais en attendant, tous les regards se tournent vers la prochaine échéance politique : le conseil municipal du vendredi 20 juin où de nouvelles décisions pourraient encore changer les perspectives de l’ensemble de ces secteurs.
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