Un agneau, une croix, des fleurs de lys… Le blason de Toulouse, que l’on peut voir sur la façade du Capitole, arbore plusieurs éléments, tous plus symboliques les uns que les autres. On vous explique ce qu’ils représentent.
« Pourquoi il y a un mouton ? » « On voit un château, mais je ne saurais pas dire lequel. » « Je reconnais, c’est la fleur des rois »… Le blason de Toulouse, disséminé un peu partout dans la Ville rose, notamment sur la façade du Capitole, intrigue les habitants. Mais peu d’entre eux savent ce qu’il représente. Difficile, en effet, de comprendre ce qu’il signifie de nos jours, des centaines d’années après sa création au XIIIe siècle. Et ne parlons pas de sa description héraldique, tout aussi obscure : « De gueules à la croix cléchée, vidée, pommetée d’or de douze pièces, sur une vergette du même, accompagnée en pointe d’un agneau passant d’argent, la tête nimbée, contournée, brochant sur la vergette, la croix accostée à dextre d’un château d’argent, et à sénestre d’une basilique du même, au chef d’azur semé de fleurs de lys d’or ». Une petite traduction s’impose pour ceux qui ne sont pas familiers de l’étude des armoiries.
« De gueules » est un terme de blason qui indique le rouge, couleur principale du blason de Toulouse. « La croix cléchée, vidée, pommetée d’or de douze pièces » est, en fait, la croix de Toulouse, aussi appelée croix occitane, qui repose sur une « vergette », comprendre une petite baguette. L’« agneau passant d’argent, la tête nimbée, contournée » est l’agneau pascal orné d’un nimbe crucifère, une sorte d’auréole, qui tourne la tête pour regarder la croix. Quant au « château d’argent » et à la « basilique », il s’agit respectivement du château narbonnais, l’ancien château des comtes de Toulouse dont les vestiges se trouvent sous le palais de justice de Toulouse, situé à gauche, et de la basilique Saint-Sernin, située à droite. Deux monuments emblématiques de la ville. Enfin, les « fleurs de lys d’or », que l’on retrouve en haut du blason, sont bien les fleurs du royaume de France.
Mais alors, pourquoi ces éléments ont-ils été choisis pour représenter le blason de Toulouse ? Pour répondre à cette question, le Journal Toulousain est allé fouiller dans les archives afin de remonter aux origines de ces armoiries. Il faut savoir, tout d’abord, que la première attestation d’un sceau urbain à Toulouse date de 1211. Il figurait sur une lettre envoyée par les capitouls au roi Pierre II d’Aragon. Et, dessus, se trouvait la croix occitane. Celle-ci est une preuve de l’attachement de la ville à la famille des Raimondins, comtes de Toulouse jusqu’en 1271, qui la portaient sur leurs écus. Toutefois, ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que sera évoqué un sceau représentant la basilique Saint-Sernin et le château des Narbonnais. D’autres éléments importants pour les consuls qui sont donc à l’origine de ce blason. Ainsi, le château Narbonnais, qui est le palais des comtes, est une nouvelle preuve de l’attachement des capitouls à la famille des Raimondins.
En ce qui concerne l’église Saint-Sernin, elle pourrait faire référence au fait que Toulouse est un lieu de pèlerinage, comme l’indique Laurent Macé dans “Un clocher, un donjon et l’agneau pascal. Toulouse au reflet de ses sceaux (XIIIe siècle)”. Il faut dire que Toulouse est une étape majeure de “la voie d’Arles”, une des quatre routes du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. De son côté, l’agneau pascal est là pour rappeler que Toulouse est une ville catholique. L’animal ne se retrouve pas que sur le sceau de Toulouse, il est effectivement une figure importante de l’héraldique médiévale. Pour Laurent Macé, les trois éléments, que sont la basilique, le château et l’agneau, « définissent et personnalisent l’identité municipale », tout en invoquant la protection des seigneurs, du saint tutélaire et du Christ.
En ce qui concerne les fleurs de lys, normalement au nombre de cinq, elles symbolisent le rattachement de la ville et du comté à la couronne de France. Pour la petite histoire, Philippe III, roi de France de 1270 à 1285, a rattaché le Midi Toulousain au domaine royal en 1274. Et ce, à la mort, sans héritiers, de son oncle Alphonse de Poitiers, qui avait été comte consort de Toulouse de 1249 à 1271. Ainsi, la ville a obtenu le droit d’ajouter le chef de France ancien à son sceau, c’est-à-dire les fleurs de lys. Enfin, la couleur rouge du blason est souvent un symbole de courage en héraldique. En somme, le blason de Toulouse est un instantané de ce que la ville était à cette époque, selon ceux qui la dirigeaient. Il est un symbole fort qui demeure des siècles après sa création. D’ailleurs, il n’a pas changé depuis le XIVe siècle.
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