Dans le Vaucluse, la ville d’Orange intrigue autant qu’elle fascine. En effet, derrière son nom évoquant un agrume ou une couleur, se cache une histoire aux contours flous. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi elle s’appelait ainsi ? Le Journal Toulousain est allé creuser aux racines du nom, avec l’aide du musée d’art et d’histoire de la ville.
Son arc-de-triomphe, son théâtre antique… La ville d’Orange est réputée pour ses innombrables vestiges romains, encore debout aujourd’hui. Fondée entre 35 et 30 avant Jésus Christ sous le nom d’Arausio, la cité gallo-romaine était un véritable emplacement de choix pour les Romains, grâce notamment à sa position sur la route menant vers l’Italie et l’Espagne.
Seulement, si de nombreux monuments romains témoignent encore aujourd’hui de ce passé riche de la Cité des Princes, une question subsiste toujours : pourquoi la ville s’appelle Orange ?
Au plus facile, il pourrait s’agir d’un rapprochement, qui semble naturel, entre le nom de la ville et le fruit. Orange, ville du Sud, ensoleillée, au climat propice à la culture des agrumes… L’image est séduisante, mais trompeuse. Car non, aucun lien direct entre le fruit et le nom de la cité provençale n’a jamais été démontré.
Une histoire de couleur alors ? Certains ont évoqué une origine liée à la teinte des façades, aux nuances chaudes des pierres ou des toits. Mais, c’est encore une mauvaise piste. Car la ville ne doit pas son nom à sa palette chromatique.
La piste la plus sérieuse, selon les éléments communiqués par le musée d’art et d’histoire d’Orange, serait celle du nom originel de la ville : “Arausio”. D’origine Celte, le terme serait une déformation d’un mot signifiant “près du fleuve”, ou encore le nom d’une divinité locale liée à une source.
Un représentant du musée nous l’explique : « Pour le nom antique, Arausio, il ferait référence à une source qui a été divinisée. Mais, nous avons trouvé une inscription en bronze qui portait le nom d’ “Arausio” à Rome, mais rien à Orange. Nous ne savons donc pas très bien où se trouvait cette source. »
Mais l’établissement se veut prudent : « Ce sont donc des informations que nous prenons avec des pincettes. Car à Vaison-la-Romaine, par exemple, nous avons trouvé plusieurs inscriptions “Vasio” (“patron” de la Gaule narbonnaise), et des hôtels en son honneur. Alors que pour “Arausio”, nous avons juste une inscription… qui n’est même pas à Orange », ajoute le musée. Les hypothèses varient donc.
L’évolution d’ “Arausio” en “Orange” reste toute aussi floue. La transformation phonétique aurait suivi les mutations naturelles de la langue latine au fil des siècles, mais aucun document ne permet de le confirmer de manière certaine. Ainsi, le nom aurait pu évoluer de la manière suivante : “Arausio”, “Aurasice”, “Aurenje” donnant il y a quelques siècles les noms “Orenge” ou encore “Aurenge“.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le nom a été conservé par les différentes familles princières qui régnèrent sur la cité, dont les Princes des Baux, puis la Maison de Nassau, avec à leur tête Guillaume III d’Orange, futur roi d’Angleterre.
Ainsi, comme l’a résumé avec justesse l’un des intervenants du musée d’Orange, « les historiens tournent un peu autour du pot ! Et quand on tourne autour du pot, on ne sait pas ! » Alors, Orange garde encore tous ses secrets en arborant un nom aussi mystérieux que son histoire est riche.
Commentaires