À seulement 23 ans, Marion Roca jongle entre les entraînements intensifs du Castres Olympique féminin, les missions d’intérim et la création de sa propre entreprise. Capitaine sur le terrain et cheffe de projet dans la vie, elle construit patiemment une trajectoire à son image, avec ambition. Portrait d’une jeune femme qui touche à tout.
Elle n’a que 23 ans, mais semble avoir connu déjà plusieurs vies. À Castres, Marion Roca est connue pour son énergie, sa capacité à fédérer, et son sourire permanent, malgré les journées à rallonge. À la tête de l’équipe féminine senior du Castres Olympique, la jeune sportive porte son équipe depuis quelques années maintenant. Mais sa vie ne s’arrête pas aux entraînements ni aux dimanches sur le terrain. Animée par une volonté farouche de créer et d’impacter, elle construit en parallèle sa vie professionnelle. Enseignante contractuelle en EPS, diplômée d’une licence STAPS Éducation et Motricité, intérimaire par nécessité, entrepreneure par conviction, elle trace son chemin sans renoncer à rien.
Depuis sept saisons maintenant, Marion Roca est l’un des piliers du Castres Olympique féminin. Après deux années passées chez les cadettes, elle intègre les seniors et participe activement à la reconstruction de l’équipe alors que l’effectif s’effondre. « Nous avons eu une passe difficile qui a duré quelques mois sans effectif. Nous avons tout remonté, toute une équipe… J’étais de la partie. Je participais grandement au recrutement », se souvient-elle.
Très vite, son tempérament fédérateur séduit. « Apparemment, c’est un rôle qui me convient plutôt bien en termes de caractère et de personnalité », dit-elle avec modestie. Elle devient rapidement capitaine de l’équipe, un rôle qu’elle honore avec sérieux et assiduité : « Je me dois d’être là à tous les entraînements. Je dois être exemplaire, pour tirer le groupe vers le haut. »
Aujourd’hui, l’équipe évolue en Fédérale 2, après être descendue de l’Élite. Une chute que Marion relativise : « C’était positif de redescendre. Nous avons ainsi pu reconstruire l’équipe avec un effectif hétérogène en termes de niveau. » La passion reste intacte, malgré l’absence de rémunération et les entraînements parfois difficiles à conjuguer avec la vie personnelle. Trois séances de sport par semaine, dont une séance de musculation le lundi, des matchs presque tous les dimanches… Faire partie de l’équipe du Castres Olympique nécessite un rythme soutenu pour un engagement 100% amateur.
Rugby amateur oblige, la rugbywoman doit assurer ses revenus autrement. Titulaire d’une licence STAPS et d’une première année de master commencée, elle aurait pu devenir professeure d’EPS. Mais très vite, le manque de perspectives financières l’amène à reconsidérer son avenir. « Cinq ans d’études pour 1 500 à 2 000 euros en fin de carrière… Je me suis dit que j’allais peut-être tenter autre chose », avoue-t-elle.
Marion Roca abandonne alors ses études après avoir commencé sa première année de Master MEEF et décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. D’abord, elle enchaîne les missions d’intérim, choisies pour leur flexibilité : à l’hôpital, dans les laboratoires de Pierre-Fabre, dans le bio-nettoyage… « Ce n’est pas quelque chose qui me fascine, mais je sais que c’est temporaire. Et bizarrement, cela me booste encore plus pour accélérer mon avancée dans mes projets personnels. »
Ce choix lui permet de dégager des demi-journées pour travailler sur ses projets : développement personnel, création de sites Internet, coaching sportif… « J’ai une très grosse appétence pour aider les autres à évoluer, que ce soit un public jeune ou plus âgé. »
Depuis plusieurs mois, Marion Roca construit patiemment les fondations de son activité indépendante. « Je viens d’ouvrir mon entreprise. L’idée, est de proposer des services en création digitale, sites Internet, flyers, affiches, mais aussi de monter une structure de coaching, en présentiel ou en ligne. » Elle est ainsi déterminée et guidée par la passion : « Depuis que j’ai commencé mes études, j’ai envie de créer sur Internet. Et les réseaux sociaux peuvent, bien utilisés, devenir un levier pour impacter pas mal de monde. »
Elle gère également la communication de la section féminine du CO, avec une de ses coéquipières, preuve de sa capacité à tout mener de front. Perfectionniste, elle travaille tard le soir, se lève tôt et ne compte pas ses heures. « Il faut s’infliger de l’autodiscipline », assure-t-elle.
Sa recette ? Une organisation sans faille. « Cela me permet de jongler entre un travail alimentaire, mes projets professionnels et le rugby. » Ses semaines sont denses. Quand elle travaillait à l’hôpital, ses journées débutaient à 5h et ne se terminaient qu’après 21h. Aujourd’hui, avec plus de souplesse, elle s’accorde enfin du repos. « J’avais l’impression que le repos allait m’éloigner de mes objectifs. Mais c’est nécessaire pour être efficace. » Deux semaines de vacances lui ont permis de souffler… et de repartir plus motivée.
Outre les vacances, elle sait également comment se ressourcer. Avec le sport bien sûr, mais aussi la lecture. « Tout ce qui tourne autour de l’ouverture d’esprit, du développement personnel, j’aime beaucoup. » Elle écoute aussi des podcasts, s’intéresse à l’entrepreneuriat, la réussite, la politique. « Je me dis qu’on peut apprendre dans tous les domaines. »
Pour l’instant, elle se permet de prendre des risque car la capitaine du CO n’a pas d’enfants : « J’ai moins de responsabilités que si j’étais maman. Je peux me permettre actuellement d’être un peu moins stable financièrement. » Et, son entourage, d’abord sceptique face à son abandon des études, soutient tout de même son projet. « Ils n’y croyaient pas au début. Mais maintenant que cela devient plus concret, ils sont rassurés. C’est souvent la peur et la bienveillance qui parlent. »
Même si elle a dû faire un tri dans ses relations : « J’ai eu du mal avec les critiques, les moqueries lorsque j’ai annoncé me lancer à mon compte, ce qui est loin d’être facile. » Son parcours illustre ainsi une autre manière de réussir aujourd’hui : s’engager pleinement, quitte à changer de voie, et surtout, ne jamais cesser d’apprendre.
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